En 40 ans d’existence, un journal unique en son genre s’apprête à sortir son onzième numéro: « La Bougie du Sapeur », une curiosité journalistique qui sort tous les 29 février.
Il fête cette année ses 40 ans d’existence, et pourtant, il n’aura publié que onze numéros. « La bougie du sapeur », journal qui ne paraît que le 29 février, est bien sortie dans les kiosques ce samedi matin.
On pourrait penser qu’il est difficile de fidéliser sa clientèle lorsqu’on sort un journal tous les quatre ans, pourtant pour 2020, « La bougie du sapeur » a tiré son numéro à 200 000 exemplaires et est diffusée en France, en Belgique, au Luxembourg et en Suisse. Mais qu’est-ce qui ravive la flamme de cette bougie chaque année bissextile ?
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Une rédaction de lumières
La Bougie du Sapeur est un journal satirique créé comme une blague en 1980 par deux amis, le polytechnicien Jacques De Buisson et Christian Bailly, un passionné de presse et collectionneur de vieux journaux. L’un n’est plus de ce monde et l’autre ne participe plus à la rédaction. Le flambeau a été repris par le vicomte Jean D’Indy, l’actuel président du prestigieux cercle de Deauville (un club privé lié au monde équestre), qui a contribué au journal pour la première fois en 1992, pour sa quatrième édition.
Le vicomte s’entoure désormais d’une dizaine de bénévoles, dont certains sont journalistes. Nouveauté cette année, de jeunes plumes ont intégré la rédaction : « On a rajeuni la moyenne d’âge car il faut qu’on prépare la suite », explique Jean d’Indy. L’épouse du vicomte, Valérie Vrinat, ancienne propriétaire du groupe Taillevent (cave et restaurant gastronomique) prend aussi la plume cette année pour recommander « 20 vins pour 2020 ».
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Des sujets brillants « qui restent dans la mémoire des gens »
« On commente l’actualité avec des lunettes un peu particulières, nous explique Jean d’Indy. On parle de l’actualité des quatre dernières années, mais on se concentre quand même sur les sujets qui restent dans la mémoire des gens, indique-t-il. Le but, c’est quand même qu’ils achètent le journal et surtout que ça fasse rire » ajoute ensuite le vicomte.
Il prend pour contre-exemple l’affaire DSK : « Il y a quatre ans (le 29 février 2016), lorsque le journal est sorti, on était en pleine affaire Strauss-Kahn. On n’en a pas parlé sur le coup car ça aurait été trop facile, et on n’en parle pas quatre ans plus tard car tout le monde s’en contrefout « . Il ajoute ensuite espérer « qu’il se passe la même chose avec l’affaire Griveaux« , sujet que le journal ne traitera pas car l’équipe s’oblige à ne pas parler de l’actualité chaude. « On parle de Brexit, on parle d’écologie, on parle des sujets qui durent. On est une presse sérieuse ! » lance-t-il ironiquement.
« Les grandes rubriques sont celles d’un quotidien que l’on retrouve de manière systématique : vie politique, vie économique, vie internationale et puis plus vous avancez dans le journal, plus vous avez des sujets plus légers: le spectacle, le sport, et la cerise sur le gâteau pour un journal qui a notre périodicité, nous avons évidemment une page ‘Dernière minute’ « , détaille le truculent vicomte.
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Un humour incandescent
L’essence de ce journal à la périodicité inhabituelle, c’est évidemment l’humour. « La bougie, c’est un conservatoire de l’humour gaulois. Il y a des jeux de mots, des à-peu-près, des contrepèteries, il y a toutes les formes d’humour de la tradition française, il faut qu’on la perpétue et donc il faut que l’on demande à des jeunes de se plonger dans notre univers et de prolonger ce que l’on a construit », souligne Jean d’Indy. Avec ses vingt pages de calembours, jeux de mots, vraies et fausse interviews, billets grivois et commentaires plus ou moins sérieux « La Bougie du Sapeur » entend défendre le « politiquement incorrect ».
Le journal qui, contient traditionnellement autour d’une vingtaine de pages, en contiendra exactement vingt pour l’édition 2020 : « On a décalé des choses pour la prochaine édition : on a par exemple décidé de publier la solution du mot croisé de 2016 dans le journal de 2024 » indique Jean D’Indy, tout rire dehors.
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Un « quadriannuel » chaleureux
« Il y a deux choses positives dans notre journal : le rire, c’est d’abord bon pour la santé et il devrait à ce titre être remboursé par la sécurité sociale. Et on peut par ailleurs aider une association au passage, c’est la seule concession sérieuse que l’on puisse faire à notre démarche » indique Jean d’Indy. Le journal reverse en effet une partie de ses recettes à l’association « A tire d’aile », qui accompagne les personnes autistes et épileptiques. Les ventes permettent aussi à ce journal sans publicité de financer son prochain numéro.
« Il y a deux choses positives dans notre journal : le rire, c’est d’abord bon pour la santé et il devrait à ce titre être remboursé par la sécurité sociale. Et on peut par ailleurs aider une association au passage, c’est la seule concession sérieuse que l’on puisse faire à notre démarche » indique Jean d’Indy. Le journal reverse en effet une partie de ses recettes à l’association « A tire d’aile », qui accompagne les personnes autistes et épileptiques. Les ventes permettent aussi à ce journal sans publicité de financer son prochain numéro.
Jean d’Indy souhaite que la publication de ce journal satirique perdure aussi au nom de la sauvegarde de la presse écrite dans le paysage Français. « À force de délaisser la presse écrite pour le numérique, on met en péril une profession que j’aime qui est le marchand de journaux. Les kiosques font partie de l’ambiance d’une ville et il y a de moins en moins de kiosque. Mécaniquement s’il y a moins de kiosques, il y aura moins de vente de journaux, déclare-t-il. Un journal pour moi c’est du papier de l’encre et quand on a fini de le lire on a les doigts un peu sales. »
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