Ils sont réceptionnistes ou préparatrices de commandes, agents d’entretien, « inventoristes » ou caristes : en grève depuis neuf jours, les salariés tarn-et-garonnais de l’un des leaders au plan mondial de la logistique, XPO Logistics, s’insurgent contre des salaires au plus bas et un management « par la terreur».
Deux brasiers de bois en feu continu pour résister au froid et à l’incessante pluie, une grande tente bleue pour quelques moments de répit et assurer la popote quotidienne, des palettes de bois et des pneus placés devant l’entrée… Là, depuis neuf jours, nuit et jour, les salariés en grève du site XPO Logistics, qui travaille au profit d’Action, géant du hard-discount, occupent sans relâche l’entrée de l’entreprise située sur l’immense zone logistique de Montbartier, une douzaine de kilomètres au sud de Montauban.
Aux conditions de travail déplorables, s’est ajouté un management par la terreur et le chantage, voilà ce qui a déclenché la révolte de 124 salariés sur 160 qui ont voté en assemblée générale la grève reconductible.
Mohammed El Majdoub, cariste et délégué syndical central CGT
Emplois précaires, harcèlement continu, gressions verbales et sanctions abusives
C’est dire la colère depuis longtemps accumulée et le sentiment d’injustice vécu par les 300 salariés dont 160 en CDI, tous les autres en intérim. « Aux salaires les plus bas parmi les 85 sites que totalise en France le groupe XPO avec 80 % des salariés au Smic, aux conditions de travail déplorables, s’est ajouté un management par la terreur et le chantage, voilà ce qui a déclenché la révolte de 124 salariés sur 160 qui ont voté en assemblée générale la grève reconductible », explique Mohammed El Majdoub, cariste et délégué syndical central CGT.
Les trois enquêtes lancées par les élus CGT auprès du personnel confirment toutes un harcèlement continu, des agressions verbales et des sanctions abusives infligées par certains managers. « Nous avons plusieurs fois alerté la direction sur ce management toxique et exigé des mesures rapides pour protéger la santé physique et mentale des personnels, assure Mohammed. Elle a répondu par de vagues promesses sans rien changer du tout. »
Des témoignages de salariés unanimes
Jeudi soir, lors d’une discussion entre salariés en grève, il n’est pas besoin d’insister pour que des femmes témoignent de cette souffrance au travail. Réceptionniste ou préparatrice de commandes, agent d’entretien ou « inventoriste » au contrôle des stocks, toutes s’insurgent contre les plannings de travail modifiés à la dernière minute sans pouvoir dire non, ou ceux encore jamais affichés, contre un chantage aux heures supplémentaires accompagné de menaces. « Alors que s’achève mon travail en équipe de matin, le chef m’impose de poursuivre par trois heures supplémentaires sinon il stoppe dès le lendemain ma mission d’intérim », accuse l’une d’elles. « Parfois, révèle une autre collègue, il nous était même demandé en toute illégalité de fournir un justificatif expliquant notre impossibilité d’accomplir ces heures supplémentaires. » Agent d’entretien, une troisième se plaint de la pénibilité du travail et du manque criant de matériel de nettoyage adéquat et aux normes. « Notre lutte est aussi celle de la dignité des femmes salariées, on aime notre métier, on croit au changement et au progrès, c’est pourquoi on a décidé de se battre », approuvent-elles d’une même voix.
La pression hiérarchique passe un nouveau cap
Lors de négociations sporadiques, la direction ne lâche rien pour l’instant, si ce n’est une augmentation de 1,5 % du salaire de base, une revalorisation temporaire de la prime « qualité-sécurité-productivité » déjà très restrictive et que la CGT revendique pérenne. Une pression hiérarchique qui a passé un nouveau cap lors de cette mobilisation. Alors que les salariés en lutte n’ont jamais empêché un camion de rentrer sur le site, quinze d’entre eux étaient pourtant, ce mercredi matin, assignés pour entrave devant le tribunal judiciaire de Montauban. En millieu d’après-midi, le juge a exigé la levée des barrages sous peine d’astreintes. De leurs côtés les salariés ont décidé de poursuivre leur mouvement de grève en s’engageant sur de nouvelles formes d’action.
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