Alors que l’absence d’un médecin urgentiste, pour cause d’arrêt maladie, devait entraîner des complications pendant plusieurs jours du mois de juillet 2024, une solution in extremis a été trouvée pour remédier aux difficultés du service au centre hospitalier intercommunal Castelsarrasin-Moissac (Tarn-et-Garonne).
L’ouest du département du Tarn-et-Garonne allait-il être dépourvu de médecin urgentiste en cette période estivale ? Il semblerait que la réponse soit « non », après des négociations de dernière minute menée par l’Agence régionale de santé (ARS) d’Occitanie. (1)
Le centre hospitalier intercommunal de Castelsarrasin-Moissac vient d’échapper à une situation peu confortable ; celle de devoir « fermer » le service urgence. Ce qui est déjà le cas pour les horaires de nuit depuis 2021, en déportant notamment les activités vers le CHU de Montauban.
Face à l’arrêt maladie de l’un des quatre médecins urgentistes du service, l’hôpital devait trouver une solution pour les journées du mercredi 25 et jeudi 26 juillet, ainsi que trois autres jours de la semaine prochaine.
C’est ainsi chose faite. Non sans mal pour certains élus de la communauté de communes des Terres des Confluences.
Un bassin de population de 80 000 personnes concernées
Parmi les représentants politiques contactés par la rédaction, Jean-Phillipe Bésiers est le premier à tirer les boulets rouges : « C’est quelque chose de lamentable. Une nouvelle fois, notre territoire est mis à mal avec un manque cruel de médecins urgentistes. »
Déjà en 2022, les municipalités de Castelsarrasin et de Moissac avaient déposé une plainte contre l’ARS, pour « non-assistance à personne en danger », suite à l’annonce de fermeture des urgences de nuit. Confortant l’idée que l’ouest du département fait partie des nombreux déserts médicaux en France.
« Une nouvelle fois, notre territoire est mis à mal »
« Nous avons reçu aucune réponse à nos demandes. C’est de la santé à petit prix. C’est dégradant pour notre territoire », fustige le maire de la sous-préfecture du département.
Membre du conseil de conseil de surveillance de l’hôpital, Jean-Philippe Bésiers lance un message d’alerte : « Heureusement que nos sapeurs-pompiers sont sur le front. Cela n’est pas une solution pérenne à l’avenir. Sinon nous allons nous retrouver en carafe. »
L’accueil des urgences de l’hôpital aurait pu être fermé pendant quelques jours en juillet 2024./ DDM, GSD
Avant d’ajouter, toujours aussi remonté : « Il est désolant que nous soyons dans la précipitation et le manque d’anticipation sur ces situations. Le bassin du centre hospitalier intercommunal représente une population de près de 80 000 habitants. »
Prochain conseil de surveillance à la rentrée
Président du conseil de surveillance, Romain Lopez affirme « que des solutions dans l’urgence » ont été trouvées : « L’ARS va réquisitionner des médecins de la clinique du Pont de Chaume de Montauban. »
D’autres représentants locaux évoquent la proposition d’un médecin chef du Service départemental d’incendie et de secours du Tarn-et-Garonne de prendre une astreinte à domicile, en contact et régulation avec le centre d’appel du Samu. Une infirmière sapeur-pompier vient également renforcer les urgences.
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« Je peux comprendre la réaction des élus. Il s’agit d’un concours de circonstances », témoigne le maire de Moissac, également responsable d’un déport de plainte il y a deux ans.
« Il faut étudier d’autres possibilités »
L’édile de la cité uvale, comme d’autres élus, se préoccupe des conséquences à long terme du manque de main-d’œuvre pour le service urgence du centre hospitalier intercommunal. Il demande même à (re) faire le point avec les autorités locales, lors du prochain conseil de surveillance, à la rentrée : « Il va falloir éventuellement revoir le découpage des territoires. Les problématiques à l’instant présent ont été réglées. Mais il faut étudier d’autres possibilités. »
Les portes de Moissac présentent déjà portes closes la nuit./ DDM, GSD
Se rapprocher avec le Service mobile d’urgence et de réanimation d’Agen (Lot-et-Garonne) ? « Trop de tensions », répond le maire. Faire appel à des médecins intérimaires ? « Je refuse catégoriquement, trop cher », commente l’élu.
« Nous aurions pu nous retrouver dans une situation inquiétante cet été. Les accidents domestiques sont plus nombreux à cette période », conclut Romain Lopez, tout de même soulagé de l’issue. Mais jusqu’à quand ?
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