Logement. Les ménages populaires oubliés de la loi Elan

L e gouvernement contraint les bailleurs sociaux à se regrouper. Laurent Grandguillot/REA

L e gouvernement contraint les bailleurs sociaux à se regrouper. Laurent Grandguillot/REA

Présenté ce matin en Conseil des ministres, le projet de loi logement fragilise le statut du locataire et prône une réorganisation aussi profonde que risquée du secteur des HLM.

De loin, ça ressemble à un catalogue à la Prévert. De près, « c’est une loi d’inspiration très libérale qui fragilise le logement social et précarise le locataire », résume Ian Brossat, adjoint PCF à la Mairie de Paris en charge du logement. Présenté ce matin en Conseil des ministres, le projet de loi ELAN – Evolution du Logement de l’Aménagement et du Numérique parachève la réorganisation du monde HLM que le gouvernement avait entamée, cet automne, en obligeant les bailleurs sociaux à baisser les montants des loyers pour compenser le coup de rabot sur les aides personnalisées au logement (APL). Décryptage des principales mesures de ce texte aussi technique que dangereux.

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Non à la casse du service public ferroviaire ! Pour la défense et le développement de tous les services publics !

« Nous appelons à engager un débat démocratique, pour le développement du ferroviaire, de tous les services publics, pour les enjeux environnementaux et sociaux d’aujourd’hui. » Photo : AFP

« Nous appelons à engager un débat démocratique, pour le développement du ferroviaire, de tous les services publics, pour les enjeux environnementaux et sociaux d’aujourd’hui. » Photo : AFP

Tribune unitaire.

Le mouvement unitaire du 22 mars a constitué un beau premier succès en défense du service public. En réponse, le gouvernement apporte pour seule perspective la casse de la SNCF. Elle s’accompagne d’une attaque frontale contre les cheminot-es, la préparation de la privatisation de l’entreprise publique via la mise en concurrence et la fermeture programmée de milliers de kilomètres de voies ferrées .

Depuis trop longtemps, l’abandon progressif du transport de marchandises par train qui s’est traduit par la fermeture de gares de triage et la prime accordée à la route et au transport routier plombe la SNCF et notre environnement. De plus, l’ouverture par E. Macron de lignes de transports par cars au détriment du rail est un non-sens écologique et un mépris pour les personnes à faibles revenus, alors qu’il faudrait plutôt développer des tarifs sociaux SNCF. Nous ne voulons pas du tout-camion qu’accentue ce projet de loi. Nous voulons au contraire que soit pris le virage de la transition écologique en dynamisant en autre le fret ferroviaire.

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Primaire : Le ministère met au pas la formation continue des enseignants

Coté « écoute du terrain » c’est clairement zéro. Coté « confiance » aussi. La Dgesco vient d’envoyer aux recteurs une note qui organise la formation continue des professeurs des écoles dans le cadre des 18 heures annuelles d’animation pédagogique. Les formations ne chercheront pas à répondre aux questions du terrain. Le ministère impose les thèmes des formations.

Mais il définit aussi très précisément le contenu des formations. Avec la volonté de prescrire « les pratiques quotidiennes » des enseignants. Les professeurs des écoles, les formateurs et les inspecteurs sont maintenant au pied du mur.

« A l’école élémentaire les 18 heures d’animation pédagogique et de formation continue… seront obligatoirement centrées sur des actions dédiées à l’enseignement de la lecture, de l’écriture et des mathématiques », écrit le directeur de la Dgesco, à raison de 9 heures pour lecture écriture et 9 heures pour les maths.

Pour cela « un guide de référence fournira un état de la recherche et formulera des  recommandations pour une pratique quotidienne », annonce la note ministérielle. Ainsi en CP, « les actions de formation se centreront sur l’acquisition des premières compétences… en s’appuyant sur les préconisations formulées dans le guide de référence ».  Même chose en maths où sont annoncés des « supports de formation » à utiliser par les inspecteurs et les formateurs.

Pour l’école maternelle, les inspecteurs sont priés de tirer les enseignements des Assises. Il est probable que des textes sortiront prochainement.

On peut évidemment s’interroger sur la valeur de consignes qui relèvent davantage du dressage que de formations. Pour la première fois le ministère transforme la formation en simple séance de transmission de la doxa officielle et les formateurs en répétiteurs. Ça marchera mieux ?

La lettre

Sondage exclusif du Snes : Les enseignants du secondaire s’inquiètent de la dégradation de leurs conditions de travail et ne font pas confiance au ministre pour répondre à leurs attentes

lundi 26 mars 2018

À l’occasion de son congrès national de Rennes, le Snes a présenté les résultats d’un sondage réalisé par l’institut Ipsos auprès des enseignants du secondaire. Ce sondage témoigne une nouvelle fois de la dégradation des conditions d’exercice de leur métier, d’une certaine défiance envers le ministre Jean-Michel Blanquer et de perceptions très variables sur les réformes engagées.

“Ce sondage montre un grand décalage entre la réalité quotidienne perçue par les enseignants et le flot de réformes et de communication du Ministre” a déclaré Frédérique Rolet, secrétaire générale du Snes. “Quand on interroge les personnels réellement confrontés aux intentions du gouvernement, les résultats des sondages sont bien différents de l’a-priori positif que le ministre Blanquer a su installer auprès de l’opinion dans son ensemble. La réalité, c’est que les enseignants n’ont pas confiance. Ils voient chaque jour leur métier se dégrader et leur pouvoir d’achat s’éroder depuis plusieurs décennies. Les perspectives posées par le gouvernement les inquiètent chaque jour davantage. Le Snes-FSU sera pleinement mobilisé dans les prochains mois pour défendre une vision exigeante du service public … et les conditions de travail des personnels” a-t-elle ajouté.

  • Les 3 enseignements principaux :

1. La confiance des enseignants dans le système éducatif continue de se dégrader
● 64% de satisfaction pour le métier ( mais -21 points en 20 ans )
● Perception dégradée du fonctionnement de l’école primaire (fonctionne mal : 56%), du
collège (fonctionne mal 64%), et du lycée (fonctionne mal 46%).
● Efforts et compétences pas assez reconnus (83%), trop d’élèves dans les classes (75%),
rémunération insuffisante (75%), formation inadaptée (67%…)

2. Pas de chèque en blanc pour Jean-Michel Blanquer
● 68% ne font pas confiance au Ministre de l’Education nationale pour prendre en compte les
attentes des enseignants (dont 29% “pas du tout confiance”).
● 53% ne font pas confiance au Ministre de l’Education nationale pour mettre en place les
réformes nécessaires (seuls 4% lui font “tout à fait confiance”).
● L’opinion sur les premières mesures mises en place : les enseignants dubitatifs – seuls 34%
des sondés estiment que les premières mesures vont “plutôt dans le bon sens”.

3. Une perception des réformes très variable
● 51% d’opposition à la réforme du baccalauréat (avant les dernières annonces du ministère à
ce sujet)
● 57% d’opposition à la fin des séries au lycée.
● D’autres mesures suscitent moins de difficultés (réformes des classes bilangues, EPI,
mesures pour le collège…)

Sondage : méthode des quotas (source Ministère de l’Education Nationale) : sexe, âge, niveau d’enseignement (collège, lycée), discipline enseignée, grade, région. 603 enseignants du secondaire public (hors professeurs de lycée professionnel et hors professeurs d’EPS) constituant un échantillon représentatif de cette population.

 

Power point résultats sondage

Les communistes à l’offensive : Faisons dérailler Macron !

Déclaration adoptée par le Conseil national des 30 et 31 mars 2018

Dans tout le pays se lève un vent de contestation contre la politique Macron.

Les patient·e·s, les personnels de l’hôpital public, des EHPAD refusent les logiques comptables et veulent des soins de qualité ; les enseignant·e·s et les parents d’élèves sont vent debout contre les fermetures de classes ; les étudiant·e·s manifestent pour une université de l’égalité et de la réussite, les usager·e·s et les cheminot·e·s tiennent à leur train et refusent la privatisation de la SNCF ; les locataires et leurs associations se mobilisent pour préserver le logement social, les usager·e·s et les personnels se lèvent pour des services publics de qualité et de proximité contre la braderie aux grands groupes du CAC 40 de l’eau, de l’énergie, des aéroports, de la Française des jeux… Les femmes revendiquent des moyens financiers et humains pour conquérir l’égalité sans tous les domaines. Les maires et les élu·e·s s’élèvent contre les politiques d’austérité qui frappent les collectivités locales. Les retraité·e·s se sont mobilisé·e·s le 15 mars pour faire valoir leur droit à une vie décente. La mobilisation du 22 mars, par son ampleur, sa diversité, nous a fait rentrer dans une nouvelle mobilisation sociale dans tout le pays.

Les communistes sont avec celles et ceux qui luttent. Elles et ils portent des propositions qui s’attaquent à la finance en proposant notamment une pétition pour que l’argent des banques et de la BCE soit mis à disposition des services publics. Ils travaillent à les rendre publiques, comme ils l’ont fait lors d’une conférence de presse le 20 mars pour la SNCF. Par leurs initiatives, ils cherchent à élargir le mouvement afin d’ouvrir un grand débat national posant l’avenir des services publics comme une réponse moderne aux besoins des habitant·e·s. C’est de notre République qu’il s’agit, de notre capacité collective à permettre l’exercice réel des droits fondamentaux pour toutes et tous les citoyens, quels que soient leur lieu de résidence et leur situation sociale.

Les communistes sont déterminé·e·s à agir avec les habitant·e·s, les organisations syndicales, les salarié·e·s, agents du service public, les forces politiques de gauche et écologistes et tous les élu·e·s attaché·e·s au développement de leur territoire pour s’opposer aux casses programmées, œuvrer au développement des services publics, construire des filières industrielles utiles pour le développement de la France. Notre proximité est une force, nous la mettons au service des luttes.

Les communistes appellent à faire du 19 avril une nouvelle grande journée de lutte et de mobilisation.

SNCF : la bataille du rail ne fait que commencer !

Les communistes soutiennent et seront aux côtés des cheminot·e·s lors des journées programmées, dont la première aura lieu le mardi 3 avril. Ils seront présent·e·s dans les 280 comités locaux de sauvegarde d’une gare, d’une ligne.

La bataille de l’opinion sera décisive. Près de 1 000 gares ont déjà fait l’objet d’au moins une distribution de tracts.

Nous appelons toutes les organisations du Parti à programmer et à poursuivre les distributions de tracts, à organiser des débats autour des propositions qui ont été présentées par notre secrétaire national et les parlementaires communistes, à participer à toutes les initiatives publiques pour la SNCF.

Concernant les collectes de solidarité, nous demandons aux organisations du Parti de se rapprocher systématiquement des responsables syndicaux cheminots de leur secteur pour voir concrètement les modalités à suivre.

Le badge « Mon train, j’y tiens » est devenu un outil à la fois de popularisation de la lutte et de solidarité concrète. Vendons-le massivement.

Appelons les fédérations, en lien avec les conseillères et conseillers régionaux communistes-Front de gauche, les Adecr à interpeller les présidences de Région. Soutenons nos élu·e·s, nos maires pour gagner la bataille de l’opinion publique.

Tour de France des hôpitaux et EHPAD

D’ici juin, les parlementaires communistes auront visité de très nombreux établissements. Le 21 avril, la commission Santé-Protection sociale propose une journée de travail pour élaborer un projet de financement de l’hôpital public. Le 5 juillet, une rencontre se tiendra à l’Assemblée nationale avec les actrices et les acteurs de l’hôpital. Un grand mouvement doit se lever pour marquer, à l’automne, de nouveaux choix budgétaires dans le cadre du PLFFS.

Énergie / Alstom

Le secteur Énergie se met en grève à partir du 3 avril.

Dimanche 8 avril, nous lançons notre campagne contre la privatisation des barrages hydrauliques à Sautet, dans l’Isère et à Éguzon dans l’Indre, et le 28 avril, nous serons dans les Pyrénées. Un cahier d’acteur énergie est en préparation. La tournée des sites d’Alstom par les parlementaires communistes se poursuit.

Les éboueurs / les Ford / les Carrefour / les Air France…

Dans tout le pays, les communistes rencontrent et soutiennent les salarié·e·s et leurs luttes pour défendre l’emploi, donc l’intérêt collectif.

Éducation nationale

►Dans les universités, le mouvement s’amplifie. Les organisations communistes aident l’UEC, le MJCF qui jouent un rôle essentiel dans le mouvement. Les parlementaires communistes sont sollicités dans plusieurs assemblées générales de professeur·e·s, comme d’étudiant·e·s.

Conseils aux victimes, solidarités concrètes, mobilisations, les organisations du Parti ne céderont rien face aux attaques de groupuscules d’extrême droite.

Une pétition est en préparation pour la liberté d’expression, la liberté d’opinion face à l’interdiction de nombreux débats dans les facultés.

►Dans ce moment de lutte dans l’Éducation nationale, le réseau École organise le samedi 26 mai une journée de travail pour enrichir nos propositions et nourrir les débats.

►Face à la ségrégation dans les universités, nous appelons les organisations du Parti, en lien avec l’UEC et le MJCF, les Adecr, à agir pour la préparation des inscriptions post-bac avec des syndicalistes étudiant·es. Nous n’acceptons pas que des milliers de bachelier·e·s se retrouvent sans affectation, ou dans une filière qu’ils n’ont pas choisie.

Culture

L’appel de Montreuil à la tenue de nouveaux États généraux de la culture suscite une adhésion forte. Les communistes sont partie prenante des combats contre la casse du service public de la culture et la précarisation des artistes et acteurs culturels.

Fonction publique

Personnels de maisons d’arrêt, fonctionnaires territoriaux, fonctionnaires de justice… Nous sommes de tous les rassemblements pour porter leurs revendications.

Démocratie – Changement de Constitution

Les organisations du Parti, en lien avec nos groupes parlementaires, l’Anecr, prolongent localement les propositions du colloque du 5 mars organisé au Sénat. Tout changement constitutionnel ne peut se faire sans débat, sans information aux citoyen·nes.

Egalité femmes/hommes

Nous sommes de tous les mouvements et actions en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes. Les mouvements qui se lèvent en France et dans le monde contre toutes les violences faites aux femmes sont au cœur de nos combats quotidiens pour l’émancipation. Notre engagement et nos propositions nourrissent ce mouvement pour débarrasser notre société de la domination sexiste.

Les territoires oubliés : pour l’égalité et la dignité

Nous soutenons les élu·e·s locaux/ales qui s’investissent dans l’appel de Grigny. Le samedi 9 juin, les fédérations des Hauts-de-France, leurs élu·e·s appellent à marcher sur l’Élysée pour qu’aucun territoire ne soit oublié de la République. Toutes les organisations du Parti travaillent à créer les conditions de la participation la plus large possible à cette marche.

Retraite des agriculteurs

La proposition de loi du groupe GDR à l’initiative d’André Chassaigne et d’Huguette Bello pour revaloriser les retraites agricoles, votée à l’Assemblée nationale, a été présentée au Sénat le 7 mars par le groupe CRCE. Le gouvernement a organisé un vote bloqué empêchant le vote au Sénat le 7 mars.

Faisons signer largement la pétition qui circule dans les fédérations rurales, sous format papier et sur le site change.org. Nous devons porter un maximum de signatures à Matignon avant le 16 mai, date à laquelle le groupe CRCE présentera à nouveau la proposition de loi au Sénat.

Logement social : un droit pour tous

Les actions se multiplient contre la loi Élan. Les maires communistes ont pris de nouveaux arrêtés anti expulsions.

Libertés syndicales

Le Syndicat des avocats de France a recensé des centaines de syndicalistes menacés de licenciement pour faits syndicaux. Les communistes sont activement solidaires.

Loi asile – Immigration

De nombreux militant·e·s communistes sont des actrices, acteurs de solidarité envers les migrant·e·s. De nombreuses déclarations montrent la colère vis-à-vis de la loi asile-immigration.

En collaboration avec des associations et des militants solidaires, le Parti communiste a travaillé à l’écriture d’un manifeste pour une France hospitalière et fraternelle. Il sera présenté le 19 avril à Paris et permettra d’ouvrir le débat public sur la loi asile-immigration.

Le 1er mai, bien sûr, nous serons aussi dans la rue et nous appelons les cellules, les sections, les fédérations à organiser le maximum de points de vente du muguet.

Winnie Mandela, figure anti-apartheid

Winnie Mandela, au congrès de l’ANC le 16 décembre 2017. Mujahid Safodien/AFP

Winnie Mandela, au congrès de l’ANC le 16 décembre 2017. Mujahid Safodien/AFP

Personnage controversé de l’ANC, et ex-épouse de Nelson Mandela, la militante intransigeante des droits des Noirs est décédée ce lundi 2 avril.

Nomzamo Winifred Zanyiwe Madikizela alias Winnie Mandela est morte hier à Johannesburg. À 81 ans, cette figure historique de l’ANC (Congrès national africain) laisse derrière elle une image clivante. Mariée à Nelson Mandela en 1958, de dix-huit ans son aîné, cette dirigeante de la lutte anti-apartheid a tout d’abord été une militante engagée avant et pendant les vingt-sept années de prison de son mari. En 1962, après l’arrestation de celui-ci, le régime blanc nationaliste ne lui épargne rien. Pressions sur ses deux filles, irruptions nocturnes dans sa maison de Soweto, menaces répétées, et puis la prison en 1969, pendant 491 jours, avec son lot de tortures et d’humiliations.

Winnie Mandela devient bientôt une figure centrale de l’ANC. Surnommée « la mère de la nation », elle voit pourtant sa réputation écornée au sein même de son propre camp lorsque, le 13 avril 1985, lors d’un discours à Munsieville, elle justifie le supplice du « collier », un pneu enflammé autour du cou des « traîtres » noirs. « Avec nos boîtes d’allumettes et nos pneus enflammés, nous libérerons ce pays ! » avait-elle alors déclamé. Plusieurs centaines de supposés « indics » mourront ainsi dans les années 1980, victimes de rumeurs ou de règlements de comptes.

La perte d’une partie de son aura, après la libération de Nelson Mandela devenu président d’Afrique du Sud, de même que son intransigeance politique auront raison de leur couple. Winnie Mandela est rattrapée par des affaires. Outre ses aventures amoureuses, que le pouvoir blanc avait déjà fortement instrumentalisées pendant la détention de son mari, on lui reproche des faits de corruption. En 1991, elle est reconnue complice dans l’enlèvement de quatre jeunes, dont un est décédé, par sa garde rapprochée du Mandela United football Club (MUFC). L’année suivante, elle est accusée de mauvaise gestion et démise de ses fonctions dirigeantes à l’ANC. En 1998, la Commission de la vérité et de la réconciliation la déclarera même « coupable politiquement et moralement des énormes violations des droits de l’Homme » commises par le MUFC. Il n’empêche, la responsable de l’ANC continue, dans les années 2000, de jouer un rôle majeur dans la politique sud-africaine. Proche du Mouvement de la conscience noire, elle aura, en 2010, des mots très durs pour Nelson Mandela, qu’elle accusera d’avoir bradé le « deal » final. En 2010, elle lui enverra notamment cette flèche : «L’économie est toujours très blanche (…) tant (de Noirs) ont donné leur vie pour la lutte et sont morts sans en avoir été récompensés. »

Stéphane Aubouard

Le 3 avril, le train des ripostes accélère

Photo Julien Jaulin/Hanslucas.com

Photo Julien Jaulin/Hanslucas.com

La mobilisation nationale des cheminots du 22 mars a tourné à la démonstration de force. Et la grève, à l’appel de l’intersyndicale CGT, CFDT, Unsa ferroviaire et SUD rail, s’annonce suivie le 3 avril. Le même jour, un débrayage est annoncé à Air France et dans la collecte des déchets, tandis que le 19 avril, la CGT passe à nouveau à l’action. Le gouvernement craint la contagion…

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Unir les luttes pour faire dérailler les grandes manœuvres de division

Photo Simon Lambert/Haytham-REA.

Photo Simon Lambert/Haytham-REA.

La politique d’Emmanuel Macron est socialement explosive. Jeunes, retraités, salariés du privé comme du public, cheminots, tous sont la cible des réformes libérales du gouvernement. Pour tenter de déminer la colère sociale qui couve, le pouvoir divise donc ces cibles, et tente de les monter les unes contre les autres. Se laisser avoir par cette stratégie serait une erreur. Toutes les catégories sociales qui font les frais de la politique de Macron ont intérêt à unir leurs luttes.

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Cultivons le « tous ensemble »

L’éditorial de Patrick Le Hyaric dans L’huma-dimanche.

Ça craque de partout ! Aucun comptage gouvernemental de manifestants, aucun sondage ne rend réellement compte du haut niveau d’exaspération, de colères souvent rentrées qui parcourt, taraude, bout dans le pays. Des Ehpad aux universités, des hôpitaux aux retraités, des enseignants aux salariés du commerce, des agents des services publics aux cheminots comme à ceux de groupes de la téléphonie, ou des travailleurs « ubérisés » et précarisés, des millions de salariés du public comme du privé ne supportent plus le sort qui leur est fait pendant que les profits et le service aux actionnaires battent des records.

Après les contre-réformes du droit du travail, les attaques contre les chômeurs, la diète imposée aux collectivités locales, voici qu’avec le dépeçage envisagé de la SNCF ou la casse du service public hospitalier, le sentiment croît que c’est tout un monde social qui est en train d’être méthodiquement détruit au détriment de chacune et chacun, dans sa vie professionnelle comme privée. C’est l’intérêt général humain et environnemental qui est en cause.

Pour atteindre ses scélérats objectifs, le pouvoir et surtout ceux qu’il sert comptent sur l’éparpillement, la division de celles et ceux qui s’épuisent au travail, s’acharnant avec de puissants moyens à les détourner des causes et responsables de leurs difficultés. Ils tentent d’accréditer l’idée que les droits sociaux sont des privilèges alors qu’ils sont facteurs d’efficacité sociale et économique. Les vrais privilégiés ont été délivrés de l’ISF et le capital est toujours plus exonéré de ses devoirs envers la collectivité.

Ce sont tous les principes qui présidaient à notre vie sociale, des services publics à l’aménagement du territoire en passant par notre droit d’asile, qui sont bazardés comme de vulgaires entorses au déploiement illimité du profit capitaliste et au maintien de ses structures de domination.

Cela n’a rien à voir avec le statu quo. Vouloir pousser la République sociale plus loin, c’est au contraire répondre aux enjeux proprement révolutionnaires qu’appelle l’ébranlement du capitalisme financier et mondialisé.

Ainsi, les questions en débat autour de la SNCF réclament un saut politique qualitatif pour affronter les défis liés à la sécurité, l’environnement, l’irrigation et la vie des territoires. Est aussi en question la coopération avec les autres pays européens en développant notamment le transport du fret par rail. Le traitement de la dette de la SNCF réclame une autre implication des banques, jusqu’à la Banque centrale européenne qui brûle chaque jour d’énormes masses monétaires qui pourraient servir à créer du mieux-vivre contre la spéculation financière. Le problème de notre entreprise ferroviaire n’est pas le cheminot mais le coût du capital qui étrangle l’entreprise. Le « statut » des cheminots, loin d’être un « privilège », pourrait être un outil de base pour inventer « un statut » garantissant une sécurité dans le travail, la formation, le logement pour toutes et tous.

Il convient tout à la fois de prendre la mesure de l’onde de choc qui se propage au fur et à mesure que s’affaissent la civilisation sociale et le besoin d’aider à développer des actions d’intérêts communs, solidaires, unitaires contre les coups de boutoir du capitalisme agressif qui s’attaque aux besoins humains fondamentaux et aux structures sociales élémentaires : hôpitaux, écoles, réseaux de transports, collectivités locales, sans parler de notre environnement sacrifié et dont on aperçoit désormais chaque semaine le niveau effroyable de dégradation. De ce point de vue, l’unité syndicale est une bonne nouvelle. La déclaration commune des forces de gauche et écologistes aussi.

Mettre en échec les choix macronistes suppose d’ouvrir un nouveau champ pour permettre aux forces sociales de s’emparer des grands enjeux en cause par le débat, l’action et l’élaboration de propositions communes pour le progrès social, écologique et démocratique.

Le printemps social qui, à la suite des mobilisations syndicales, peut éclore du sentiment général d’humiliation et de déconsidération serait l’occasion pour les milieux populaires, le monde du travail, la France ouvrière, celle des quartiers populaires méprisée et rendue invisible par le chômage de masse et les discriminations, de s’affirmer comme acteurs et solutions à la crise multiforme. La conflictualité qui s’aiguise entre toutes les chaînes de production et de travail, de l’ouvrier au cadre déshumanisé, et les exigences de plus en plus folles du capital peuvent conduire à la construction d’un large front de contestation et de propositions. Le tourbillon qui s’est emparé du secteur de la distribution, malmené par les géants transnationaux du digital et rendant salariés, caissières ou magasiniers variables d’ajustement d’un secteur en pleine restructuration, témoigne de cette « croisée des chemins ». La manifestation des salariés de Carrefour, le 31 mars, sera une nouvelle étape sur le front de la contestation globale de ce monde à visage hideux.

Qu’aucune, qu’aucun ouvrier, cadre, créateur, retraité, paysan, infirmier, médecin, enseignant, privé d’emploi ne se sente seul, tous ensemble conscients qu’avec leurs causes communes contre l’actuel ordre social, ils constituent la force pour un autre avenir. À nous de combattre les isolements en donnant vie à la politique du lien, à l’unité populaire.

Patrick Le Hyaric

Directeur de l’Humanité

Joyeuses Pâques: deux cadeaux historiques au privé!

Hier, « Libération » a titré le premier : « scolarisation obligatoire à trois ans : le cadeau discret de Macron au privé ». Mais il existe aussi un autre cadeau, non moins discret : la participation des établissements privés aux examens du baccalauréat via le « contrôle continu » à la sauce Blanquer.

Il aurait été possible d’avoir une  »vraie » simplification du baccalauréat en admettant l’intégration du  »vrai » contrôle continu (c’est à dire les évaluations habituelles faites en première et terminale) pour une part relativement importante de l’examen.

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