Retraites. Le référendum, l’autre arme contre le gouvernement
Proposée par Fabien Roussel, l’idée de déposer une motion référendaire fait son chemin à gauche. Elle pourrait, en plus des mobilisations dans la rue, aider à faire entendre la grande majorité de Français opposés au projet macroniste.
Un référendum pour les retraites? L’idée pourrait être en passe de devenir réalité. Lancée par le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, elle a déjà trouvé un écho favorable auprès des socialistes. « Ce projet devrait faire l’objet d’un référendum, a ainsi déclaré lors de ses vœux Olivier Faure, le premier secrétaire du PS. Nous appelons à notre tour à ce que se tienne un grand débat conclu par un référendum qui permette aux Français et Françaises de se prononcer sur cette réforme.»
80% des Français opposés à la réforme
Mardi 17 janvier au soir, à moins de deux jours de la première grande journée d’action intersyndicale du 19 janvier, la gauche se retrouvait au grand complet au gymnase Japy à Paris. Priorité a été donnée à la mobilisation. Cependant, la possibilité d’ajouter la motion référendaire dans la bataille parlementaire qui va s’engager est dans les têtes. Olivier Faure nous a confirmé, en marge du meeting, que les socialistes «signeront la motion référendaire du PCF». «La réforme des retraites touche directement au pacte social de notre pays», justifie le député de Seine-et-Marne: «Il est donc logique que le gouvernement consulte le peuple.» Il y a, selon lui, également «besoin de mettre du symbole» dans cette bataille politique. D’autant qu’avec 80% des Français opposés à la réforme, la bataille référendaire tournerait logiquement en défaveur du gouvernement.
Nous voulons aussi de bons salaires !Fabien Roussel, secrétaire national du PCF
Si la motion doit être signée par 58 parlementaires de l’Assemblée nationale et du Sénat, elle doit ensuite être soumise à un vote: «On comptera les hypocrites», prévient alors Olivier Faure. L’idée semble également gagner d’autres rangs à gauche. Le 16 janvier, c’est le député insoumis Alexis Corbière qui rebondit sur la proposition de Fabien Roussel lors d’une émission sur LCP: «Pourquoi ne pas avoir, pour conclure ou comme étape de la mobilisation, un référendum? La singularité de ce deuxième quinquennat d’Emmanuel Macron, c’est qu’il n’a pas de majorité à l’Assemblée nationale. Sur une des réformes des retraites parmi les plus dures, en comparaison avec les précédentes, c’est le moment de la démocratie sociale. Écoutons les Français», ajoute le député insoumis de la Seine-Saint-Denis.
«Jeudi, on sera dans la rue»
En attendant, la gauche s’est attelée à mobiliser ses troupes de façon à réussir la journée d’action du 19 janvier. Fabien Roussel rappelle les enjeux au-delà des seules retraites: «Pour augmenter les recettes, le financement d’une bonne réforme des retraites, nous voulons aussi de bons salaires!» Mathilde Panot a dénoncé une Macronie «en apesanteur sociale», que la journée du 19 pourrait «faire revenir sur terre». «Est-ce que vous baissez la tête, ou est-ce que vous la relevez?», a lancé le député de la Somme, François Ruffin, aux centaines de personnes venues assister au meeting. Dans la salle, beaucoup sont convaincues et déjà prêtes à descendre dans la rue.
D’autres sont venues écouter, opposées à la réforme, mais encore hésitantes sur leur engagement. C’est le cas de Camille, qui a trouvé les discours «intéressants» et ira «peut-être» manifester jeudi. «C’est juste que je n’ai pas l’habitude de le faire en semaine sur mes heures de travail. Je fais plutôt ça sur les week-ends, d’habitude», nous explique cette jeune orthophoniste salariée. Pour elle, comme Fabien qui, lui, travaille dans les assurances et défend «les régimes spéciaux pour les travaux pénibles», la proposition d’un référendum paraît intéressante. Ce serait une occasion de plus de donner leur avis lorsque la grève est moins envisageable. Une donnée que d’autres ont en tête, comme Louis L’Haridon, porte-parole des Jeunes socialistes. «L’important, ce soir, c’était de mobiliser, nous explique-t-il après le meeting. Jeudi, on sera dans la rue, et il faudra voir ensuite, si les Français continuent.»
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