Les enseignants et enseignantes le savaient, l’INSEE le confirme dans une note parue le 29 juin, ce sont les fonctionnaires de catégorie A les moins bien payés. En moyenne, un enseignant ou une enseignante touche 3 560 euros bruts par mois, un fonctionnaire de la fonction publique d’État de même catégorie touche 4 686 euros, soit une différence de 1 126 euros. En net, cette différence recule à 969 euros, toujours au détriment des professeurs (2 871 euros net en moyenne). Le pacte et la minime revalorisation ne permettront pas de combler cet écart. L’attractivité du métier devra encore attendre…

Une image contenant mur, intérieur, meubles, habits Description générée automatiquement Dans sa publication « les salaires de la fonction publique d’État », l’INSEE fait le point sur l’évolution des traitements de la fonction publique d’État. Si l’Institut National de la Statistique et des Études Économiques note une légère amélioration en euros pour les fonctionnaires d’État (+0,2% en 2021), il met aussi en exergue les différences significatives de rémunération au sein de la catégorie A de la fonction publique d’État (FPE).

L’INSEE rappelle que le salaire moyen se décompose en deux parties : le traitement indiciaire (77% du salaire brut moyen) et les primes et rémunérations annexes (23%). Pour toutes les catégories de la fonction publique d’État, « en 2021, le traitement indiciaire brut moyen diminue de 0,6 % en euros constants. En effet, le regain d’inflation érode son évolution en euros constants alors qu’il augmente de 1,1 % en euros courants, du fait notamment de la revalorisation des grilles indiciaires des agents de catégorie C, de l’augmentation de l’indice minimum de traitement et de la création d’un nouvel échelon sommital dans les corps concernés par le protocole PPCR ». Sur la partie primes et annexes, l’organisme de statistique évoque une hausse de 3,2% en euros constants – sur la même période, « cette nette augmentation provient des primes et indemnités destinées aux professeurs, dans le cadre du Grenelle de l’Éducation ».

Deux tiers des fonctionnaires appartiennent à la catégorie A, la moitié d’entre eux sont des professeurs. « Leur salaire net moyen, 3 115 euros par mois, augmente de 0,5 % en euros constants par rapport à 2020. Les enseignants, fonctionnaires de catégorie A perçoivent en moyenne 2 871 euros nets par mois, soit 0,9 % de plus sur un an en euros constants, sous l’effet, principalement, d’un rebond des heures supplémentaires et de la mise en œuvre des mesures du Grenelle de l’éducation. En outre, les fonctionnaires de catégorie A bénéficient de l’application des dernières mesures relatives au protocole PPCR et de l’augmentation des taux de promotion ».

Primes et rémunérations annexes, du simple au triple

En regardant dans le détail, on note une forte différence des rémunérations entre les enseignants et le reste des fonctionnaires de catégorie A.

Alors que le salaire brut moyen d’un professeur est de 3 560 euros, celui d’un agent de la FPE de catégorie A est de 4 686 euros, soit 1 126 euros de plus. Le traitement brut (sans les primes) est de 3 021 euros pour les premiers, 3 189 pour les seconds (soit 168 euros de plus pour les non-enseignants). Mais là où le salaire des enseignants décroche complétement, c’est au niveau des primes. En effet, alors qu’un professeur touche en moyenne 539 euros de primes et de rémunérations annexes par mois, l’agent de la FPE touchera 1 497 euros, soit près de trois fois plus. La part des primes dans le salaire des professeurs est de 15,1% là où elle est de 31,9% chez les non-enseignants.

Autre information intéressante dans cette note de l’INSEE, les taux d’entrants et de sortants dans le métier en 2020 et 2021. Alors que chez les non-enseignants, le taux d’entrants est de 64,8%, chez les professeurs, il est de 35,2. Les taux de sortants sont quant à eux, de 59% pour les autres agents de la FPE et de 41% pour les enseignants. On note donc un écart négatif entre de nombre de sortants et d’entrants sur une année chez les professeurs. Alors que 41% sortent du métier 35,2% seulement entrent. Soit -5,8%, un solde négatif du nombre d’entrants dans le métier d’enseignant. Pas sure que les résultats des concours du professorat de cette année inversent cette tendance. Encore un indice sur la réussite de la politique d’attractivité initiée sous Macron.

Moins payés que leurs homologues européens, moins payés que leurs collègues de la fonction publique à catégorie égale, assaillis de réformes et contre réformes, d’annonces politiques pour faire le buzz… les enseignants et enseignantes ont de quoi avoir le moral en berne. De quoi faire déchanter les plus optimistes et décourager les futurs potentiels candidats aux concours du professorat.

Lilia Ben Hamouda