Congrès PCF: Rassembler les communistes autour d’un réarmement idéologique de leur parti. (J.M. Durand)

 Les communistes, en votant un autre texte de base commune que celui proposé par la direction sortante, ont fait preuve d’une grande maturité politique et d’un grand sens des responsabilités. Dans nombre d’organisations un tel événement aurait conduit à l’éclatement et à une dissolution certaine. Ce n’est pas d’actualité au Pcf. D’une part parce que c’est à l’opposé de l’ambition de rassemblement des porteurs du texte arrivé en tête. De l’autre parce ce qu’attend une très large majorité de communistes, au delà du résultat du vote, est une nouvelle orientation, un nouvel essor de leur parti après les échecs enregistrés et son effacement progressif. Et cette volonté est un ancrage solide sur le futur. Elle traduit une vitalité politique que beaucoup peuvent nous envier et une détermination à combattre le capitalisme dans ses formes actuelles.

Voilà pourquoi il est possible de parler de révolution politique au Pcf.

L’objectif est de mettre le Pcf en phase avec les enjeux de transformations profondes, sociales, politiques, écologiques, économiques, qu’appelle la crise du système capitaliste et ses futurs développements, par exemple une nouvelle crise financière. Pour atteindre ce but, les communistes ont conscience que leur rassemblement est un atout, mais cela dépend de son mode de construction. Soit il s’édifie sur une cohabitation de points de vue nous réduisant à l’immobilisme. Soit il se bâtit dans un débat collectif et contradictoire sur des contenus précis travaillant la redéfinition d’une orientation, d’une stratégie, d’une organisation, d’un rôle et d’une composition de ses directions. C’est la voie d’une efficacité politique retrouvée, utile à notre peuple pour préparer avec lui une issue révolutionnaire à l’exploitation et aux dominations que le capitalisme lui fait subir.

Voilà pourquoi l’essentiel réside dans un travail sur les idées et non dans une bataille d’égo ou de postures. Cinq sujets pourraient être ainsi plus spécifiquement traités.

  • L’argent, son utilisation c’est-à-dire le rôle des banques ; des banques de dépôt à l’action décisive de la BCE. Il s’agit de mettre la puissance de ces institutions, c’est-à-dire leur capacité de création monétaire, au service du développement humain et non des marchés financiers. Mais il s’agit aussi de l’utilisation de l’argent des entreprises et de l’Etat qui implique une grande réforme fiscale pour lutter efficacement contre l’évasion fiscale et son corollaire, les paradis fiscaux, outils stratégiques du système
  • La démocratie avec au centre de son évolution, la création de nouvelles institutions placées sous le contrôle des salariés et des citoyens disposant dans l’entreprise et la cité de pouvoirs d’interventions et de décisions dans les choix de
  • Le développement des services publics comme moyen de répondre aux besoins sociaux des populations mais aussi comme débouchés à l’argent pour une nouvelle efficacité sociale et environnementale.
  • L’écologie, non comme un supplément d’âme, mais une dimension à part entière de la lutte des classes contre la toute puissance des marchés financiers et leur recherche jamais assouvie de la plus forte rentabilité.
  • Le féminisme et toutes les dominations et discriminations qui bien que classées dans le catégorie sociétale, sont étroitement liées à la façon de considérer l’être humain. Soit objectif central du développement de la société, soit simple valeur qu’il s’agirait de classer en fonction de critères de « performances » ou de la morale bourgeoise, machine à culpabiliser du système capitaliste.

Prendre à bras le corps ces enjeux suppose que le PCF réinvestisse les lieux où se vivent tous les jours l’exploitation et les dominations, c’est-à-dire les lieux de travail.

Emplois, salaires, droits et garanties, discriminations (sexe, origine, âge) toutes ces questions ne sont-elles pas liées aux modes de production, à leur conception, à leur organisation et ainsi à la répartition de la richesse créée. Il est urgent pour le parti communiste de retrouver non seulement une expression claire en direction des lieux de travail mais d’y proposer la présence de l’activité et de l’organisation politique. Le rayonnement de notre projet politique en dépend et aussi notre capacité à transformer le réel.

De ce travail dépend l’expression d’une ligne politique claire de combat contre le capitalisme, rassemblant les communistes autour d’une direction en adéquation avec ces choix et créant les conditions d’un rassemblement à gauche sur des contenus de transformation sociale en laquelle le peuple puisse reprendre confiance.

Jean-Marc Durand, fédération de la Drôme.


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