Jean-Michel Blanquer, fossoyeur idéologue et autoritaire de l’école

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Tribune libre

Samedi dernier, partout en France, parents d’élèves et enseignants ont massivement investi les rues pour défendre l’école publique, signe d’une profonde colère et détermination. Jean-Michel Blanquer, le bon élève de la Macronie, est démasqué. Ce qu’il n’a pas réussi à faire lorsqu’il était au ministère sous la présidence Sarkozy, il compte l’imposer aujourd’hui avec sa loi – si mal nommée – pour « l’école de la confiance ».

Les nouvelles évaluations nationales en CP et en CE1 sont majoritairement contestées par les enseignants. Fait inédit, Jean-Michel Blanquer n’a pas hésité à donner ordre aux recteurs d’appliquer des sanctions disciplinaires aux enseignants mobilisés. Mais caporaliser les professeurs ne lui suffit pas. C’est l’ensemble du système éducatif que le ministre entend façonner à sa main. Pour ce faire, il veut remplacer le Cnesco, organisme national indépendant d’évaluation du système éducatif, par un organisme où 10 des 14 membres seraient nommés par le ministre. Ce dernier avait préparé le terrain dès son arrivée au gouvernement avec la mise de côté de nombreux chercheurs et la promotion d’une nouvelle doxa pédagogique. Enseigner ne serait plus que l’exécution de recettes concoctées par les neurosciences. Il faudrait que nous, enseignants, fassions fi de l’environnement social dans lequel évoluent nos élèves…

Ce n’est pas uniquement pour son bon plaisir que Jean-Michel Blanquer souhaite un système éducatif aux ordres. Il veut surtout imposer un tournant libéral et rétrograde à l’école primaire, dans le droit fil des réformes du collège, du lycée général et professionnel, et la mise en place de Parcoursup, préludes à une vaste entreprise de destruction de l’école publique.

Création de véritables usines à savoir avec le regroupement de plusieurs écoles maternelles et élémentaires avec un collège, mettant ainsi fin aux fonctions de directeur d’école, sans aucune consultation de la communauté éducative ; casse de la formation initiale des enseignants avec notamment la prise en charge de classes par des étudiants non formés ; cadeau aux écoles privées avec l’instauration de l’obligation scolaire dès 3 ans… les dangers de la loi Blanquer sautent aux yeux. La mise en place des CP et CE1 dédoublés, réforme globalement appréciée par les professeurs des écoles, ne sert ici que de paravent aux suppressions massives de postes et aux réformes dévastatrices.

Depuis une semaine, le ministre multiplie les interventions médiatiques pour tenter de sauver sa loi. Il est fébrile face à des parents et des enseignants déterminés à amplifier leurs actions pour le stopper. Nous obtiendrons l’abandon de la loi Blanquer, j’en suis persuadé, mais nous ne nous arrêterons pas là ! La communauté éducative doit s’engager en faveur d’une véritable transformation de l’école publique qui permette enfin la réussite de tous les élèves et réforme un système éducatif français où, plus qu’ailleurs, inégalités sociales et inégalités scolaires sont profondément liées. C’est parce qu’enseignants et parents d’élèves ont la volonté de permettre la réussite de tous, et cela chevillé au corps, qu’ils vont intensifier leur combat pour une véritable école de la confiance.

Jérôme Lambert

Secrétaire général du SNUipp-FSU Paris


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