Parlement. Vers un référendum sur la vente d’ADP

Photo : Lucas Barioulet/AFP

Photo : Lucas Barioulet/AFP

 

Un nombre suffisant de députés et de sénateurs, de gauche comme de droite, se sont entendus hier pour réclamer l’organisation d’une consultation populaire sur la privatisation d’Aéroports de Paris.

Les parlementaires qui ont combattu la privatisation d’Aéroports de Paris à l’Assemblée nationale et au Sénat n’entendent pas s’y résoudre. Hier, les élus PS ont annoncé avoir reçu le nombre de signatures nécessaire pour pouvoir réclamer l’organisation d’un référendum d’initiative partagée (RIP) sur le sujet. « C’est une première dans notre pays. C’est un peu le saut dans l’inconnu ! » s’enthousiasme la députée Valérie Rabault (PS).

« Quand l’intérêt national est en jeu, les clivages politiques peuvent être mis de côté », ajoute le sénateur Patrick Kanner (PS), puisque 218 parlementaires de tous bords politiques, à gauche comme à droite, se sont unis dans la démarche. Leur texte doit désormais être soumis au Conseil constitutionnel, qui vérifiera sa conformité, puis recueillir le soutien de 10 % du corps électoral, soit environ 4,5 millions de signatures de citoyens, pour être soumis au vote dans le cadre d’un RIP. « Notre position n’est pas une position idéologique contre les privatisations », observe Gilles Carrez (LR). Mais le député s’oppose plus que jamais au projet du gouvernement au motif qu’ADP est un monopole, que la privatisation des autoroutes en 2005 a viré au fiasco, et qu’il est « persuadé qu’une gestion privée conduira à privilégier les liaisons internationales au détriment des lignes intérieures », détériorant ainsi l’aménagement du territoire.

« C’est une faute budgétaire et stratégique »

Dans leur diversité, des parlementaires PS, LR et PCF de l’Assemblée et du Sénat, plus les députés FI et LT et les sénateurs RDSE et UC, ainsi que des élus non inscrits, soutiennent ce projet de référendum. Ils ont déjà voté tous ensemble contre la privatisation d’ADP lors des examens ayant eu lieu jusqu’à présent dans les différentes chambres. « Cette privatisation est une faute budgétaire et stratégique, ainsi qu’une menace sur notre compagnie nationale », s’indigne Stéphane Peu (PCF). « Nous nous opposons tous ensemble, avec les mêmes arguments. Nous ne saurions faire le tri entre nous », ajoute Éric Coquerel (FI), les députés LR ayant un temps hésité à bâtir un front de combat aussi large. Mais tous estiment qu’ADP ne peut être bradé au privé pendant soixante-dix ans, alors même que son activité relève de l’intérêt général, en plus d’apporter d’importants bénéfices à l’État. Reste à attendre la décision du Conseil constitutionnel, sachant que toute loi promulguée – ce qui n’est pas encore le cas de la loi Pacte – ne peut être dans la foulée contestée par référendum. « Il faudra ensuite mener une importante campagne de terrain pour collecter les signatures », projette déjà Stéphane Peu.

Martin Gausseran avec Aurélien Soucheyre

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