« On espère que le ministre ait entendu ce qui s’est exprimé au printemps ». En présentant la rentrée 2019, Francette Popineau, co-secrétaire générale du Snuipp Fsu, le premier syndicat du primaire, met l’accent sur les défis d’une rentrée marquée par la loi Blanquer. L’avenir semble se jouer dans ces premières semaines de l’année où, selon Régis Metzger, co-secrétaire général également, JM Blanquer a changé de ton. Mais déjà se profilent pour les enseignants les défis de 2019-2020 : les évaluations nationales et la circulaire de rentrée avec d’éventuelles pressions à la clé, les salaires en berne, les retraites à préserver. Le Snuipp annonce la création d’un Observatoire des pratiques pour faire remonter les réalités de la classe face à la communication ministérielle. Le ministre de son coté lance des « comités de suivi » sur les réformes.
La loi Blanquer : une grande duperie
Après la bataille , gagnée, contre les établissements publics des savoirs fondamentaux et contre la transformation des directeurs d’école en supérieurs hiérarchiques, le Snuipp Fsu pourrait manifester de la satisfaction. Mais ce sont plutôt les doutes et les inquiétudes qui s’expriment le 26 août dans cette conférence de rentrée du Snuipp Fsu. Le premier syndicat du primaire était reçu par le ministre ce même jour avec la Fsu avant une nouvelle audience, particulière, le 27. C’est que le recul ministériel du mois de juillet sur la loi Blanquer est loin d’avoir réglé tous les problèmes.
« La loi Blanquer est une grande duperie », estime F Popineau. « L’instruction obligatoire à 3 ans n’augmentera pas ne nombre d’élève sen maternelle car les 2% d’enfants non scolarisés sont outre mer. Et là il n’y a pas d’amélioration et aucun plan pour améliorer les structures », explique t-elle. Ce qui reste c’est « l’aide au privé », estimée à environ 100 millions d’euros. Par contre la loi va rendre les rentrées échelonnées, fréquentes en petite section, impossibles. Quant aux aménagements d’horaires « la réponse n’est pas concrète », estime le syndicat. La procédure fixée par un décret d’application prévoit en effet une consultation de l’équipe éducative, puis une décision du directeur et l’attente durant 15 jours de celle de l’inspecteur. Pour le Snuipp ces délais sont pas compatibles avec le vécu d’enfants de 3 ans. Le syndicat s’inquiète aussi de l’article 1 : « si vous doutez de l’école telle qu’elle est vous pouvez vous retrouver dans le bureau du Dasen ».
Opposition de fond sur les évaluations
Ce qui préoccupe le Snuipp en ce début d’année ce sont les évaluations nationales mises en place par JM Blanquer. Le syndicat reconnait que des améliorations leur ont été apportées avec « quelques questions sur la compréhension ». Mais il rejette les principes. Pour le Snuipp ces évaluations « servent surtout la communication ministérielle et pas les enseignants et les élèves ». Elles « tapent à coté » : elles évaluent ce qu’il est facile à estimer, lire des sons, mais pas ce qui est le point faible reconnu des élèves français par les évaluations internationales : la compréhension de la lecture. Le Snuipp dénonce l’exploitation qui en est faite par le ministère « pour mettre les enseignants au pas ». Il rejette aussi la circulaire de rentrée pour qui « la classe c’est de la mécanique où tout le monde fait la même chose au même moment ».
Là on touche une opposition de fond entre le ministre qui a importé des évaluations aboutissant à des réponses automatiques. « Le ministre pense mieux connaitre l’école que les enseignants, c’est une erreur », estime F Popineau. « On va dans le mur ». Pour elle cette méthode « abrutit les élèves ». Le Snuipp prévoit une résistance silencieuse sur les évaluations dans les semaines à venir.
Un observatoire des pratiques
C’est cette position qui amène le Snuipp à lancer un Observatoire des pratiques. « Il est important que la profession s’exprime sur ce qu’elle vit au quotidien notamment les évaluations ». Le Snuipp veut porter la parole et les projets des enseignants.
« Les enseignants ont vu que la mobilisation est payante et que leur mobilisation peut obtenir des choses », rappelle t-elle. « On est pas sur que le message soit bien passé et que le ministre ait pris la mesure de ce qui se passe ». Les syndicat compte porter devant JM BLanquer des revendications sur les salaires, les retraites et aussi la réduction des effectifs élèves. « E Macron a annoncer une baisse des effectifs. Il va falloir que le ministre nous dise comment il fait ». Le Snuipp estime que la limitation à 24 élève par classe des GS de maternelle et des CP et Ce1 représentent 10 000 emplois à créer. « On espère qu’on va passer des paroles aux actes ».
Rencontres décisives ?
Régis Metzger, co-secrétaire général, revenait justement d’une rencontre avec JM Blanquer. « Le ton a changé », estime t-il. « On s’inscrit dans la concertation ». Le minsitre va ouvrir un dialogue sur les salaires mais en 2020 il n’y aura que la suite des mesures PPCR (décidées en 2016) et l’indemnité de Rep+. « On reste sur notre faim. Le ministre dit qu’il faudra faire preuve de créativité à partir de 2021 ». Des mesures sociales sur le logement des enseignants ou la sécurité sont envisagées mais non précisées. JM Blanquer a promis des comités de suivi sur les réformes du bac et du lycée, y compris lycée professionnel, et les Inspe. Il présentera un schéma sur la formation continue. « Les mesures ne sont pas encore concrètes ». Or ce sont des actes concrets que le syndicat attend. Le Snuipp Fsu rencontre à nouveau JM BLanquer le 27 août.
François Jarraud
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