À la Fête de l’Humanité, ce week-end, les forces politiques et syndicales ont relancé la campagne pour le RIP sur ADP. Un combat qui s’annonce ardu.
Le référendum d’initiative partagé ( RIP) sur la privatisation d’Aéroports de Paris était partout au parc de La Courneuve cette année. Sur des tee-shirts et des stickers ornés du slogan « Moi j’ai signé et toi ? » Mais surtout dans de très nombreux stands où des militants recueillaient sur papier (via des formulaires Cerfa), sur des tablettes et même sur des bornes prévus à cet effet, les soutiens à la fameuse proposition de loi référendaire. Les 4 717 396 signatures nécessaires semblent encore très loin – à la date du 11 septembre, le Conseil constitutionnel en avait enregistré 761 000 – mais dans les nombreux débats consacrés à la question, on ne voulait pas céder au pessimisme.
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Isabelle Bigand-Viviani, secrétaire générale de la CGT de l’aéroport d’Orly, invitée au stand PCF du Val-de-Marne, souligne le chemin déjà parcouru :
Au début lorsqu’on se battait au sein d’ADP contre la privatisation, on passait pour des Don Quichotte qui luttent contre des moulins à vents. Aujourd’hui, on est arrivé à ce RIP et on ne lâchera rien jusqu’au 12 mars ! [Jour de clôture du recueil des soutiens, NDLR]
Pascal Savoldelli, sénateur du Val-de-Marne et l’un des 248 parlementaires qui ont permis au référendum d’initiative partagée de voir le jour, croit en un rebond de la mobilisation:
Cette Fête de l’Huma peut-être une caisse de résonance. Il y a un objectif atteignable, c’est le million de soutiens. Et, à partir de là, le RIP aura bien plus d’écho médiatique.
Atteindre le million, c’est aussi trouver matière à interpeller le président de la République qui a déclaré vouloir abaisser le seuil du RIP à un million dans la futur réforme constitutionnelle. Pour Stéphane Peu, député PCF et tête d’affiche d’un autre débat sur le sujet, « le million, on peut y arriver assez rapidement. Mais après, il va falloir sortir de nos chapelles partidaires et aller convaincre sur le terrain les citoyens que la privatisation est une aberration ».
Une aberrante privatisation
Privatiser Aéroports de Paris serait d’abord un non-sens économique. Selon Dominique Plihon, économiste membre d’Attac : « Budgétairement, cela n’a pas de sens ; c’est une rentrée d’argent à court terme lors de la vente mais une perte de finances à long terme pour l’État qui ne disposera plus des bénéfices d’ADP. » Cela serait aussi « une aberration écologique », estime Mathilde Panot, députée LFI pour qui « toute législation visant à réduire le trafic aérien serait rendu impossible». Aberration enfin et peut-être surtout constitutionnelle. L’écrivain et professeur de droit Paul Cassia a rappelé que notre constitution depuis 1946 interdit la privatisation d’un monopole de fait et d’un service public national. Or, selon lui, « ADP rentre parfaitement dans cette définition ». L’argument constitutionnel est d’ailleurs un de ceux repris par les partisans de droite du référendum ADP.
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Un long chemin
Pour que le référendum advienne, il va falloir faire face à bien des obstacles qu’a bien résumés Alain Girard, conseiller municipal d’Orly : « Il y a plusieurs problèmes. D’abord le manque d’informations. Beaucoup ne savent pas que le RIP a lieu ou comment il fonctionne, et puis il y a la fracture numérique. » À la Fête de l’Humanité, beaucoup répètent qu’il faut faire désormais « un gros travail d’éducation populaire ». Se rendre sur les places de marché avec des tablettes pour faire signer, aller convaincre certaines mairies qui ne le font pas encore d’ouvrir des bureaux de vote pour les plus éloignés du numérique. Et puis expliquer sans cesse les tenants et aboutissants du RIP, en quoi cela concerne chaque citoyen. Le difficile objectif des 4 millions ne pourra être atteint qu’à ce prix.
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