Trente-sept associations de lutte contre la pauvreté, regroupées dans le collectif Alerte, s’alarment. La politique de l’exécutif comporte, selon elles, plus de reculs que d’avancées sociales.
Les présidents d’associations réunis lundi 9 septembre au siège du Secours catholique à Paris avaient plus de griefs que de félicitations à adresser au gouvernement au moment où sa stratégie contre la pauvreté entre dans une deuxième phase pour le moment encore floue.
Christophe Devys, président du collectif Alerte, souligne quelques petites avancées sur le front social : « Il y a quelques bonnes mesures dans les annonces du gouvernement depuis un an comme l’obligation de formation jusqu’à 18 ans ou la volonté affichée d’en finir avec la sortie sèche de l’aide sociale à l’enfance à la majorité. » Pour le reste, l’heure est à l’inquiétude. Patrick Bouffard de Médecins du monde espère que malgré les rumeurs de suppression, l’aide médicale d’État (AME) survivra au budget 2020 car « le dispositif qui ne coûte qu’un peu moins de 0,5 % des dépenses de santé permet au plus défavorisés d’oser se soigner ».
Véronique Fayet du Secours catholique déplore, elle, « que ne soit pas réservé aux mineurs non accompagnés l’accueil inconditionnel qui leur est normalement dû ». Elle a rappelé que les migrants étaient les plus pauvres parmi les pauvres et « ne devait pas être oublié d’une politique disant lutter contre la précarité ».
« La dignité ne doit pas être conditionné seulement à l’accès à un travail »
Les associations ont été nombreuses à critiquer la réforme de l’assurance chômage présentée en juillet dernier. Pour Florent Gueguen, directeur de la Fédération des acteurs de la solidarité, la réforme va avoir une effet très défavorable sur les plus précaires :
L’impact va être colossal, la précarité va se renforcer car beaucoup vont passer du chômage aux minimas sociaux à cause du durcissement des conditions d’indemnisation.
La précarité s’installe de plus en plus chez les familles les moins aisées. Monique Dupuy, présidente de l’Unaf (Union nationale des associations familiales) regrette que « les prestations familiales ne soit pas indexées sur l’inflation, ce qui aboutit à une baisse du pouvoir d’achat ». Pascale Ribes, de France Handicap, exprime également sa colère : « Il y 1 million de personnes handicapées sous le seuil de pauvreté. Parmi elles, certaines ne pourront jamais travailler. La dignité ne doit pas être conditionné seulement à l’accès à un travail. »
La défiance monte, mais les associations veulent jouer le jeu de la négociation, alors que le gouvernement vient de lancer une série de consultations sur le futur de l’insertion en France. « Nous n’allons pas sortir de la négociation pour le moment car le gouvernement nous dit que tout est encore ouvert. Mais on constate que jusqu’à maintenant ce sont les plus pauvres des plus pauvres qui trinquent », constate avec amertume Claire Hédon, présidente d’ADT Quart monde.
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