Financement écologique : le double langage du gouvernement (Fabien Roussel – Jean-Paul Dufrègne)

Scandaleux. Alors qu’il multiplie les beaux discours en matière d’écologie, le gouvernement diminue les crédits dans le budget 2020 et renonce à atteindre les objectifs affichés. Seulement 800 millions d’euros seront ainsi mobilisés en 2020 pour la rénovation des logements au titre du crédit d’impôt pour la transition énergétique (CITE), contre 900 millions l’an passé et 1,6 milliard en 2017. Impossible dans de telles conditions de prétendre rénover 500 000 « passoires thermiques » par an, une urgence pourtant exprimée de toutes parts.

Non content de diminuer l’enveloppe globale, le gouvernement créé de surcroît une véritable « usine à gaz » en transformant un crédit d’impôt accessible à tous en prime versée sur demande par l’Agence nationale d’amélioration de l’habitat (ANAH) à un public ciblé. Tous ceux qui, un jour, ont eu à monter un dossier auprès de l’ANAH apprécieront ce « choc de simplification ». De cette course d’obstacles, 20% des ménages, qualifiés de « plus aisés » seront en outre exclus. Une catégorie qui démarre dès 48 000 euros par an pour un couple avec deux enfants. Drôle de conception de « l’aisance financière ».

D’autres solutions existent pourtant pour financer au niveau requis la transition écologique. Mais les amendements que nous avons déposés ont tous été rejetés au motif qu’ils représentaient une charge, c’est-à-dire un coût.  Au nom de l’article 40, il est donc interdit de débattre à l’Assemblée nationale des investissements et des moyens à mettre en œuvre pour relever le défi du changement climatique. Tous ceux qui se mobilisent actuellement pour la planète, particulièrement les jeunes, apprécieront.

Fabien Roussel, député et secrétaire national du PCF, membre de la commission des finances

Jean-Paul Dufrègne, député PCF, membre de la commission des finances

Travailler à en mourir ? Par P. Le Hyaric

Marche blanche en hommage à Christine Renon, directrice d’école qui s’est suicidée après avoir dénoncé la détérioration des conditions de travail de la profession, le 5 octobre 2019 à Pantin. Geoffroy Van Der Hasselt, AFP

Une immense émotion, un chagrin irrépressible ont envahi les écoles de France et bien au-delà après le suicide de Christine Renon, directrice d’école à Pantin, en Seine-Saint-Denis. Une femme qui donnait tout aux enfants, jusqu’à ses deniers personnels pour pallier aux manques de l’Etat. On rencontre les mêmes douleurs, les mêmes suicides dans des commissariats, dans des secteurs de la santé, à la poste comme dans les fermes quand, en France, deux paysans en finissent avec la vie chaque jour. Continuer la lecture de Travailler à en mourir ? Par P. Le Hyaric

Stoppons la criminelle invasion turque contre le Kurdistan syrien

Après plusieurs mois de menaces, d’intimidations et de bruits de botte, la Turquie annonce, avec l’assentiment de D. Trump, une nouvelle offensive criminelle contre le Kurdistan de Syrie. Le Rojava a proclamé son autonomie lors du soulèvement populaire de 2011 mettant en œuvre des expérimentations démocratiques, pacifistes, féministes et anticapitalistes.

Les Kurdes de Syrie avec les forces arabes ont aussi constitué la principale force armée, alliée de la coalition internationale, pour lutter contre l’Etat islamique.

La Turquie d’Erdogan ne pouvait l’accepter, elle qui impose une chape de plomb dictatoriale sur son peuple et n’a de cesse de briser les aspirations à vivre libre du peuple kurde.

La Turquie d’Erdogan a pour cela apporté son soutien aux organisations islamistes et s’est engagée dans une politique d’extension territoriale en Syrie et en Irak. Cette agression qui se prépare, sans aucune légalité internationale, aura des conséquences dramatiques:

  • Sans nul doute, les troupes turques et leurs supplétifs vont se livrer, des pillages, des destructions et commettre des crimes contre les droits humains comme ce fut le cas à Afrin.
  • Ankara entend opérer un nettoyage ethnique pour chasser les kurdes de leurs terres comme elle l’a déjà fait avec les Arméniens.
  • Elle ouvre un nouveau foyer de guerre qui renforcera l’État islamique.
  • Aux abois dans son propre pays, sanctionné par ses électeurs R.T. Erdogan se lance dans une fuite guerrière afin de coaliser un électorat ultra-nationaliste.

Le Parti communiste français condamne solennellement l’invasion qui se prépare et appelle le gouvernement de la France à saisir en urgence le Conseil de sécurité. Les Kurdes doivent être placés sous protection internationale pour éviter de criminels massacres alors qu’ils incarnent la paix et la démocratie au Moyen-Orient. Le PCF s’associe à toutes les initiatives de solidarité.

Suicide d’un professeur : encore une lettre qui accuse

par Sonia Princet publié le

Une nouvelle affaire dramatique secoue l’Éducation nationale. Un professeur de 52 ans s’est suicidé le 9 septembre. Il enseignait dans un lycée professionnel à Chamalières dans le Puy de Dôme et a dénoncé dans une lettre des pressions de sa hiérarchie. Son fils a décidé il y a quelques jours de médiatiser l’affaire.

Rassemblement des personnels de l'Éducation nationale à  la mémoire de Christine Renon, directrice d'Établissement à Pantin (Seine-Saint-Denis), qui s'est donnée la mort sur son lieu de travail
Rassemblement des personnels de l’Éducation nationale à la mémoire de Christine Renon, directrice d’Établissement à Pantin (Seine-Saint-Denis), qui s’est donnée la mort sur son lieu de travail © Maxppp / Nicolas Parent

Laurent Gatier s’est suicidé à son domicile, une semaine seulement après la rentrée. Ce professeur, très investi, s’était plaint à son entourage d’une situation professionnelle qui se dégradait. Pour son fils Sébastien, étudiant de 20 ans, les raisons de son geste sont sans équivoque : « Le jour de sa mort, le lundi 9 septembre, explique-t-il, il avait laissé une lettre en citant plusieurs personnes de sa hiérarchie, en disant que c’était du harcèlement« .

« Beaucoup de pression, des menaces »

Ce professeur s’occupait notamment du bureau des stages dans son lycée professionnel. Sa charge de travail s’était alourdie et il subissait des intimidations, selon son fils. « Dès qu’il y avait un problème pour un stagiaire par exemple, on l’appelait tard le soir, on lui envoyait des mails avec beaucoup de pression, des menaces, il y avait des appels téléphoniques tard le soir avec beaucoup d’insultes, sa voiture était rayée… raconte-t-il. Mon combat c’est qu’il n’y ait aucun enfant qui vive ce que j’ai vécu ces derniers temps. Et j’ai envie que ce soit reconnu comme accident du travail« .

Deux enquêtes diligentées par l’Éducation nationale

Sébastien a sollicité un rendez-vous auprès du recteur de l’académie de Clermont-Ferrand qui l’a reçu une semaine après le drame. Il lui a apporté la fameuse lettre de son père.

Pour l’instant, Karim Benmiloud, le recteur, en poste depuis cet été seulement, ne confirme pas le lien entre le suicide du professeur et ses conditions de travail : « Nous n’avons pas d’éléments factuels qui permettent de déterminer cela, explique-t-il. C’est la raison pour laquelle nous avons diligenté deux enquêtes. Une enquête du CHSCT au sein de l’établissement et également une enquête de l’inspection générale, que j’ai moi-même saisie la semaine dernière, pour essayer d’étudier les conditions de travail à l’intérieur de l’établissement, essayer de comprendre ce qui a pu se passer, et pour nous, essayer d’agir et de prévenir, prévenir les risques psycho-sociaux et prévenir les situations qui peuvent conduire à ces gestes irréparables« . Le recteur se dit profondément touché et affirme vouloir tout engager pour faire la lumière sur ce qui s’est passé.

Le fils de l’enseignant a également écrit au Procureur de Clermont-Ferrand. Une enquête judiciaire devrait être lancée.

« Emmanuel Macron est le fondé de pouvoir de la bourgeoisie » – Monique Pinçon-Charlot (Interview)

Emmanuel Macron se défend d’être le président des riches, Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot relèvent le défi de lui donner tort dans un livre à la croisée des chemins entre sociologie et politique : Le président des ultra-riches. Un décryptage minutieux des gains obtenus par les grandes fortunes au cours des premiers mois du quinquennat d’Emmanuel Macron donnant une idée claire du retour sur investissement, pour le gotha français, de cette accession éclair au pouvoir de l’ancien ministre de l’économie de François Hollande. Une plongée dans le monde de l’oligarchie où tous les coups sont permis pour faire fructifier les intérêts de la classe dominante au détriment de l’intérêt général. Mr Mondialisation est allé à la rencontre de Monique Pinçon-Charlot, à Paris, pour un entretien exclusif. 

Comment expliquez-vous que la classe bourgeoise ait été longtemps laissée de côté par la sociologie. Quelles-sont les difficultés que rencontre un sociologue lorsqu’il fait de cette classe son objet d’étude dans son milieu universitaire ? Continuer la lecture de « Emmanuel Macron est le fondé de pouvoir de la bourgeoisie » – Monique Pinçon-Charlot (Interview)

La majorité prépare le retour des EPEP… in Cafepédagogique.net

Le suicide de C. Renon va t-il être utilisé par le ministre pour ramener les établissements publics de l’enseignement primaire (EPEP) ? Selon Les Echos, la députée LREM Cécile Rilhac prépare un projet de loi en ce sens. Celui-ci est déjà annoncé par G Attal, secrétaire d’Etat auprès de JM Blanquer, à l’Assemblée le 1er octobre. Lancés par F Fillon et l’Institut Montaigne, poussés sous de Robien et Luc Chatel, les EPEP sont un vieux projet qui permet d’accélérer le regroupement des écoles primaires et de mettre à leur tête un chef d’établissement supérieur hiérarchique des enseignants. Un projet qui ressemble comme deux gouttes d’eau aux EPSF, proposés par C Rilhac, avec le soutien de JM Blanquer, dans le cadre de la loi Blanquer. Alors que les enseignants marquent leur solidarité avec la directrice de Pantin, ce projet là est-il ce qu’elle aurait souhaité pour l’école ?

« Nous savons que, contrairement aux collèges et aux lycées, les écoles ne sont pas des établissements publics et que leurs directeurs n’ont pas les mêmes prérogatives, pas de statut particulier, pas les mêmes possibilités que les personnels de direction des collèges et des lycées. Il y a donc un vrai travail à faire pour simplifier leur quotidien et renforcer leurs missions. Ce travail a été mené par certaines de vos collègues – je pense à Cécile Rilhac et Valérie Bazin-Malgras, qui ont rédigé un rapport sur le sujet. Nous travaillons avec elles à des mesures qui pourraient être présentées à la suite de ces travaux. Je pense que nous pouvons nous accorder sur le fait que ce drame va nous inviter tous, communauté éducative et élus, à avancer sur cette question sans tabous – en tout cas, Jean-Michel Blanquer y est prêt ». Le 1er octobre , répondant à une question du député LFI Bastien Lachaud sur le suicide de C. Renon, Gabriel Attal, secrétaire d’Etat auprès de JM Blanquer, indique clairement la volonté ministérielle de transformer les écoles en établissements publics à travers un projet de loi qui sera déposé par Cécile Rilhac. Cécile Rilhac est la députée LREM qui avait déposé un amendement créant les établissements publics des savoirs fondamentaux (EPSF) dans la loi Blanquer. Un texte immédiatement défendu par le ministre avant d’être retiré de la loi par le Sénat sous la pression des enseignants et des maires.

Dans Les Echos, Cécile Rilhac confirme les propos de G Attal. Elle évoque  » la possibilité au ministre de créer cette nouvelle fonction (chef d’établissement du premier degré) pour « bien encadrer les missions du directeur d’école et avoir une revalorisation indemnitaire beaucoup plus importante par un système de primes ». Ces futurs chefs d’établissement pourraient ne faire que « piloter l’école primaire » à partir d’un certain seuil – qui serait fixé par le ministre ». Selon elle le seuil serait un établissement de 12 classes. Pour elle, c’est la réponse adaptée à la crise des directions d’école. Continuer la lecture de La majorité prépare le retour des EPEP… in Cafepédagogique.net

La montée du fascisme

30 septembre 2019 / Hervé Kempf (Reporterre)

En affirmant qu’« une guerre d’extermination contre l’homme blanc hétérosexuel » se livrait, Éric Zemmour a rompu une digue, marquant la progression constante des idées fascistes dans le pays. Sans que l’oligarchie y répugne vraiment. Ce qui est en jeu dans la bataille politique d’aujourd’hui, c’est notre commune humanité.

Des mots terribles, prononcés samedi 28 septembre, ont à peine choqué. Un essayiste réputé, ayant table ouverte sur — au moins — deux grands médias du pays (Le Figaro et CNews) a pu dire que se livre « une guerre d’extermination contre l’homme blanc hétérosexuel » (à 10’20’’). Le choix du mot est terrible : « extermination ». « Action de tuer entièrement, jusqu’au dernier », nous dit le dictionnaire. Ce que, précisément, le nazisme a voulu faire au peuple juif. Parfaitement conscient de ce que les mots veulent dire, M. Zemmour a évoqué le nazisme pour désigner « l’islamisme » qui menacerait notre société.

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