Guislaine David, nouvelle secrétaire générale du Snuipp Fsu

Depuis quelques jours, Guislaine David est la nouvelle  co-secrétaire générale et porte parole du Snuipp Fsu, le premier syndicat du premier degré.  Au lendemain de l’annonce du maintien de JM Blanquer rue de Grenelle, elle fait le point sur les attentes de son syndicat. Et pour elle le dialogue avec JM Blanquer s’avère très difficile…

Comment devient-on militante syndicale ?

Mon père était militant syndicaliste et le syndicat était installé dans le vie de ma famille. Mais ma première rencontre personnelle avec le Snuipp remonte à mes années d’IUFM à Saint-Brieuc. Un autre tournant a été la tenue d’un congrès national à Rennes en 2013. Je me suis davantage impliquée et je suis devenue secrétaire départementale d’Ille et Vilaine en 2014, puis secrétaire nationale en 2016.

Dans les dossiers ouverts par JM Blanquer il y a celui des directeurs d’école. Comment améliorer leur situation ?

C’est une question que l’on ne pensait pas voir revenir aussi vite. Après l’adoption par l’Assemblée de la loi Rilhac, la semaine dernière le ministre a réouvert le dossier. Des réunions vont avoir lieu dans les prochains jours. Les directeurs sont épuisés et c’était déjà le cas avant le confinement. Durant le confinement tout le monde a pu constater la place importante qu’ils ont pris dans le maintien de l’école. Ils ont été la pièce charnière en lien avec l’administration et  les maires.

Pour nous il faut avancer rapidement sur le temps de travail des directeurs. Ils ont besoin de décharges et d’aide administrative. Ce que propose JM Blanquer ce sont des emplois du service civique et on connait les limites de ces emplois puisqu’on en a eu dans les écoles. Les directeurs ont besoin de gens formés et pérennes et non d’emplois précaires. Pour mémoire dans le second degré les établissements disposent de personnel de secrétariat. On veut aussi que le ministre avance vite sur la question de la revalorisation des directeurs.

L’Assemblée a adopté l’idée d’une délégation de compétences pour les directeurs. Vous en pensez quoi ?

Si c’est pour ajouter des charges de travail supplémentaires pour les directeurs ça ne va arranger les choses. Il y a aussi la question du rapport hiérarchique. Les enseignants ont dit lors de la consultation organisée par le ministère qu’ils ne veulent pas que les directeurs deviennent des supérieurs hiérarchiques. Tout va donc dépendre du cadrage de la délégation de compétences. Pour nous le conseil des maitres doit pouvoir prendre des décisions. Les collègues ne veulent pas fonctionner comme dans le second degré. Pour le moment le ministre n’a pas évoqué cette question et le groupe de travail ne l’a pas traitée.

Avec le maintien de JM Blanquer vous craignez le retour des injonctions pédagogiques ?

On a été surpris que JM Blanquer garde ce ministère. Ce qui est compliqué avec lui c’est l’échange.  Il essaie de nous culpabiliser en nous disant que si ça fonctionne mal c’est de notre faute.

Sa popularité a tellement baissé que plus personne dans l’Education nationale ne le soutient. Si JM Blanquer veut regagner la confiance des personnels il va falloir qu’il entre en dialogue. Face à une rentrée hors norme, les injonctions ou une circulaire de rentrée inchangée par rapport aux années précédentes, qui ne donne pas de temps aux collègues pour préparer la rentrée, ne conviendront pas.

A la rentrée, on va démarrer directement sur des injonctions avec les évaluations. Or les collègues ont besoin de reprendre la main sur les élèves et de voir ce qu’ils sont capables de faire après deux mois de confinement. Si le ministère impose les évaluations comme d’habitude la rentrée va être compliquée. Il  y a aussi les formations en français et en maths qui vont être imposées. De nombreux conseillers pédagogiques ont demandé à revenir en classe car ils savent que cette méthode n’est pas bonne.

Globalement le confinement et la crise sanitaire n’ont rien changé. On repart sur les mêmes travers avec une circulaire de rentrée qui va sortir alors que les enseignants sont en vacances et que la situation sanitaire de la rentrée est inconnue. Il y a aussi les dossiers du 2S2C et des vacances apprenantes. Le ministre avance ainsi tous azimuts sur plein de dossiers.

Un autre dossier est relancé : celui des retraites…

Décidément le monde d’après est comme celui d’avant. Le dossier revalorisation est au point mort depuis des mois. Il va falloir se battre pour faire évoluer nos salaires.

Et les postes ?

A la rentrée on va être confronté à des besoins hors norme. Il va falloir des moyens. Or on constate qu’on continue à supprimer des postes de maitre +alors que ce dispositif fonctionne bien. On va demander que ces postes soient réinjectés. Il faut aussi un plan d’urgence pour les Rased dont on a encore plus besoin  après le confinement. Nous avons besoin de davantage d’infirmières scolaires et d’avancer sur le statut des AESH. C’est la question de l’équipe pluriprofessionnelle dans les écoles qui est posée.

Les syndicats semblent impuissants. Sont-ils en perte d’influence ?

Je ne sais pas si leur influence baisse. Le syndicalisme n’est pas dans une bonne phase car nous ne sommes pas écoutés par le gouvernement. Quand on est reçu il n’y a pas de dialogue avec le ministre et pas d’avancée. C’est aussi le cas dans l’ensemble de la Fonction publique. La loi de transformation de la fonction publique a beaucoup de conséquences pour les fonctionnaires. Par exemple sur le mouvement. On a face à nous un véritable rouleau compresseur.

Mais on voit aussi que les enseignants se mobilisent de plus en plus. Le mouvement contre les retraites a été très suivi avec de nombreuses écoles fermées. Pareil au moment de la loi Blanquer. On sent que les collègues se mobilisent. Mais la loi de transformation de la fonction publique a été faite pour mettre à mal les syndicats.

Propos recueillis par François Jarraud

 


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