Tout le week-end, la Fête de l’Humanité autrement multipliera les débats pour des réponses de progrès à une crise sanitaire, économique et sociale inédite. Dans ce contexte, la 7e vague de notre baromètre annuel Ifop « Être de gauche aujourd’hui » émet une série de propositions qui suscitent une large adhésion.
Les promesses d’un « jour d’après » tournant la page d’un monde qui marche sur la tête n’y ont rien fait. À l’heure du plan de relance « pro business » de l’exécutif, le peuple de gauche est moins dupe que jamais. Et certaines de ses idées marquent même des points. C’est ce que révèle notre baromètre annuel Ifop, publié depuis sept ans à l’occasion de la Fête de l’Humanité.
Après une rentrée estampillée « sécurité »
La politique conduite par Emmanuel Macron est ainsi jugée de droite par 80 % des personnes de gauche interrogées, soit 5 points de plus que l’an dernier quand s’amorçait la mobilisation sociale contre la réforme des retraites. La rentrée estampillée « sécurité » et « lutte contre les séparatismes » de l’exécutif, à l’instar du séminaire gouvernemental de mercredi dernier, n’y est pas pour rien. C’est sur ce terrain que les clivages droite-gauche demeurent les plus marqués. Le droit de vote des résidents étrangers, par exemple, est soutenu à 65 % à gauche (+ 3 points par rapport à 2019) contre 33 % à droite.
« Mais en rester là serait réducteur, car le clivage se retrouve aussi sur le plan économique », observe Frédéric Dabi, le directeur général adjoint de l’Ifop. L’idée que l’État doit « donner plus de liberté aux chefs d’entreprise » trouve un écho favorable à gauche à hauteur de 47 % (56 % en 2014), contre 74 % à droite. Un écart de 24 points existe aussi sur la possibilité pour les chômeurs de « trouver du travail s’ils le voulaient vraiment » entre la droite (69 % de sondés d’accord) et la gauche (45 % tout de même, malgré une chute de 8 points depuis l’année dernière). Les sympathisants de droite sont également 62 % à soutenir un retour de la réforme des retraites avant la fin du quinquennat. Au total, le clivage gauche-droite reste bel et bien valide pour 71 % des sondés de gauche (contre 62 % en 2014).
Plusieurs éléments indiquent de surcroît un possible rebond
La gauche n’est, cependant, pas au mieux de sa forme : la part de ceux se positionnant à gauche tombe à 42 % (47 % pour la droite et 11 % pour l’extrême droite). Cette proportion montait à 44 % l’an passé et à 48 %, au plus fort, en 2016. « L’identité de gauche existe bien mais elle est attaquée, clairement “challengée”. C’est le reflet du fond de l’air actuel, avec un traitement médiatique très marqué sur les questions identitaires et sécuritaires », estime le politologue de l’Ifop. « Cela reste un socle très fort, note-t-il cependant. Le total gauche aux européennes, le dernier scrutin à dimension nationale, était de 30 %. » Plusieurs éléments indiquent de surcroît un possible rebond. 79 % des concernés estiment ainsi que « la gauche peut défendre ses idées et principes sans se renier si elle est au pouvoir » (+ 2 points par rapport à 2019). Et 71 % se disent désormais « fiers de se revendiquer de gauche ». Avec 14 points de mieux qu’en 2014, le spectre du quinquennat Hollande et son cortège de déceptions s’éloignent.
Mieux, certaines de ses idées irriguent la société. Sur le plan des valeurs (la liberté, la solidarité, la protection de l’environnement forment le trio de tête à gauche), la crise sanitaire n’y est pas pour rien. « C’est une petite victoire dans le contexte macronien, relève Frédéric Dabi : le Code du travail est salué par tout le monde (76 % d’opinions positives) mais aussi les services publics, avec un écart de perception qui a quasiment disparu entre l’ensemble des Français (68 %) et la gauche (73 %). » En miroir, la perception négative de la mondialisation progresse aussi.
Face aux conséquences économiques et sociales de la crise sanitaire, l’exécutif, lui, ne fait pas recette. 60 % des Français (63 % à gauche) ne font pas confiance à Emmanuel Macron et au gouvernement de Jean Castex pour y remédier. En revanche, certaines propositions pourraient constituer des points d’appui pour la gauche. Alors que le gouvernement avec son plan de relance a passé sous silence cette question, 89 % des Français (90 % à gauche) estiment que les aides publiques accordées aux entreprises doivent avoir des contreparties environnementales et sociales. La même proportion juge qu’il « faut que les richesses ne soient pas accaparées par une minorité ». « Ces idées défendues par la gauche vont bien au-delà de ses rangs », souligne le directeur adjoint de l’Ifop.
Le top trois des « priorités »
Avec la crise sanitaire, à gauche, le top trois des « priorités » porte sur une « meilleure redistribution des richesses » (59 % de citations), la « revalorisation des salaires » (42 %) et « la protection de l’environnement » (42 %). Mais la question sociale revient en force. Sur les sujets sur lesquels il est le plus urgent d’agir, les plus fortes progressions par rapport à l’année dernière reviennent à la lutte contre le chômage (+ 5 points) et la lutte contre la pauvreté (+ 3), au détriment notamment de la lutte contre le dérèglement climatique (– 6). L’idée de prioriser la « réduction de la dette » chute elle aussi, avec 60 % de sondés d’accord, contre 74 % en 2015.
Si 70 % d’entre eux jugent possible de mettre en place une politique correspondant à leurs attentes, reste à en trouver le chemin. À l’instar de l’appel lancé mercredi par des élus de différentes formations (PS, PCF, FI, EELV…) en vue des prochaines régionales dans le Nord, le rassemblement est au cœur des débats pour les échéances de mars prochain mais aussi de 2022. Pour les personnes de gauche interrogées par l’Ifop, les choses sont claires sur ce point : 71 % se prononcent en faveur d’une candidature unique dans ce camp (79 % chez les sympathisants de FI, 77 % de ceux du PCF, 73 % pour ceux d’EELV, et 88 % pour Génération.s et le PS). « On n’a pas été au-delà sur les différents scénarios possibles de candidats et l’incarnation pose problème, reconnaît Frédéric Dabi, mais cela montre l’envie d’une vraie politique de gauche. » Un premier pas, déjà décisif.
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