A Moissac, les parents d’élèves exigent la réouverture d’une 7e classe in DDM

Les parents d'élèves toujours mobilisés, ont reçu ce matin la visite du maire Jean-Michel Henryot./ Photo DDM

Les parents d’élèves toujours mobilisés, ont reçu ce matin la visite du maire Jean-Michel Henryot./ Photo DDM

Banderoles le long des grillages de l’école et sur le bord de la route, table dressée avec gâteaux fait maison et grand thermos de café, la rentrée des classes à Mathaly prend des airs de mini kermesse. Moins le côté festif.

Depuis le mois de février dernier, les parents d’élèves n’ont qu’une idée en tête, empêcher la fermeture d’une classe, comme annoncée depuis plusieurs mois. Ils n’ont pas chômé entre-temps, rencontrant l’inspection académique, le maire Jean-Michel Henryot et son adjointe à l’éducation Maïté Garrigues, se réunissant à plusieurs reprises devant les grilles de l’école… Mais sans succès, c’est bien avec 6 classes et non 7 que les élèves ont été accueillis ce lundi matin.

Continuer la lecture de A Moissac, les parents d’élèves exigent la réouverture d’une 7e classe in DDM

La loi sur le téléphone portable publiée

La loi sur « l’encadrement de l’utilisation du téléphone portable dans les établissements d’enseignement » a été publiée au Journal officiel du 5 août. Alors que le ministre et le gouvernement communiquent sur une loi « d’interdiction » , le texte législatif semble créer au contraire de nouvelles autorisations. En réalité l’avenir de ce texte est entre les mains des établissements qui restent seuls face au problème.

Fort courte (4 articles seulement), la loi stipule que « l’utilisation d’un téléphone mobile ou de tout autre équipement terminal de communications électroniques par un élève est interdite dans les écoles maternelles, les écoles élémentaires et les collèges et pendant toute activité liée à l’enseignement qui se déroule à l’extérieur de leur enceinte, à l’exception des circonstances, notamment les usages pédagogiques, et des lieux dans lesquels le règlement intérieur l’autorise expressément ». Un paragraphe élargit le texte initial aux lycées : Dans les lycées, le règlement intérieur peut interdire l’utilisation par un élève des appareils mentionnés au premier alinéa dans tout ou partie de l’enceinte de l’établissement ainsi que pendant les activités se déroulant à l’extérieur de celle-ci ».

Autrement dit la loi interdit le portable à l’école et au collège par défaut et donne aux lycées la possibilité de le faire. « La méconnaissance des règles fixées en application du présent article peut entraîner la confiscation de l’appareil par un personnel de direction, d’enseignement, d’éducation ou de surveillance. Le règlement intérieur fixe les modalités de sa confiscation et de sa restitution ». Sous ces aspects là la loi est bien une loi d’interdiction.

Mais il faut tout de suite apporter deux restrictions importantes. La première c’est que la loi précédente interdisait , sans dérogation possible, déjà les usages du portable au collège et à l’école. Comparativement au texte précédent celui ci est plus permissif à ces deux niveaux là. La confiscation était déjà possible.

Seconde restriction : le texte ne dit rien sur la façon de faire respecter ces interdictions d’autant que la loi permet aussi des autorisations. La seule interdiction totale serait paradoxalement la cour de récréation. Mais comment concrètement la faire respecter ?

Au final cette loi est très représentative des pratiques de JM Blanquer. La loi a d’abord une finalité politique qui flatte un électorat conservateur. Sur le terrain le ministre semble miser sur le conservatisme des personnels de direction et des enseignants pour donner une interprétation rigoureuse de la loi.

La loi comporte ainsi une belle ambiguïté supplémentaire sur le plan culturel. Alors qu’elle envisage des utilisations pédagogiques du portable elle brasse un discours d’interdiction. Lisons ce qu’écrit Bruno Devauchelle sur son blog.  » Le choix d’engager un texte sous le thème de « l’interdiction » est en fait un signe de faiblesse éducative et managériale… Plutôt que de favoriser des usages responsables on commence par interdire. Le sens d’apparition des mots dans les trois textes n’est pas neutre : si l’on commence par interdire et qu’ensuite on écrit « mais… », c’est qu’on n’est pas bien sûr de pouvoir arriver à interdire effectivement. C’est une question éducative fondamentale : à un tout petit on peut tenir l’interdiction, à un plus grand c’est plus compliqué (d’où la nuance sur le lycée). Quant aux enseignants, c’est quasiment impossible d’interdire, eux qui sont nombreux à avoir déjà autorisé l’utilisation de ces appareils dans leur classe (au collège et au lycée). Si l’interdiction est une agitation verbalo-juridique, l’autorisation mesurée aurait été un engagement éducatif d’une autre nature… Faut-il comprendre que le monde adulte est en train de prendre peur d’un « monstre » qu’elle aurait engendré ?.. L’état est sauf, il tient l’école, la discipline et donc revendique l’autorité. Malheureusement l’autoritarisme n’est pas l’autorité. Seule cette dernière est véritablement éducative, celle qui « autorise » pour reprendre ce que disait et écrivait Jacques Ardoino ».

F Jarraud

La loi

Article B Devauchelle

Le PCF demande des moyens pour le sport

Après l’appel de Marie-George Buffet, puis celui d’Ivry, Denis Masseglia, Président du CNOSF, vient, à son tour, de lancer une pétition nationale pour une augmentation des moyens dédiés au sport. Depuis de trop nombreuses années le sport est considéré comme la cinquième roue du carrosse avec des budgets continuellement en baisse. Le budget des sports atteint un niveau dérisoire de 0,13% du budget de la nation. Le PCF milite pour un budget du sport sanctuarisé à hauteur de 1% du budget de la Nation.

Denis Masseglia a raison de crier au hold-up avec une baisse du plafond de la taxe Buffet de 40 à 25 millions d’euros au moment où les droits TV de la Ligue 1 de football dépassent le milliard d’euros. A cela s’ajoute la baisse des crédits du CNDS, la suppression des contrats aidés, la réduction des dépenses publiques infligée aux collectivités locales ou encore la baisse du nombre de fonctionnaires qui interviennent dans le sport.
La victoire de la France à la coupe du monde de football et l’attribution des Jeux Olympiques 2024 à Paris s’accompagne d’un mépris notoire du sport amateur. Tout laisse à croire que le gouvernement Macron a définitivement fait le choix de la marchandisation du sport plutôt que celui du droit d’accès au sport pour toutes et tous.

L’Etat doit participer à la prise en charge des licences sportives à hauteur de 50% pour les jeunes et les plus démunis comme cela existait avec « les coupons sport ». Il doit investir massivement dans un grand plan de rattrapage des équipements sportifs, faute de quoi les collectivités locales et les clubs seront incapables d’aménager les conditions nécessaires à l’accueil des pratiques sportives pour toutes et tous.

Le budget 2019 des sports doit être à la hauteur des besoins, afin de lancer un plan de construction-rénovation d’équipements sportifs de proximité, un plan d’aide aux associations sportives, particulièrement dans les villes et quartiers populaires, et des moyens permettant de redonner toute sa place à l’Education Physique et sportive et au sport scolaire.
Seul cet engagement fort de l’État permettra de redonner toute sa place au sport dans notre société mais également de construire un héritage solide et pérenne des Jeux Olympiques et paralympiques pour notre pays.
Dans le cas contraire, l’objectif de la ministre des sports, qui pariait sur 3 millions de pratiquants supplémentaires d’ici 2022, restera lettre morte et l’héritage ne sera que le vernis du dossier de Paris 2024. Laura Flessel doit s’exprimer.

Le PCF est favorable à un grand service public du sport avec les moyens financiers et humains nécessaires, qui s’appuie sur quatre piliers renforcés : un ministère des sports et ses directions territoriales, les collectivités, l’éducation physique et sportive et les associations sportives. Une agence aux contours flous ne garantira en rien le droit d’accès au sport pour tous et toutes car elle se substituera à la souveraineté populaire.

Pour prendre part à la mobilisation, le PCF organisera à la Fête de l’Humanité des 14, 15 et 16 septembre prochain, de nombreuses initiatives dans ce sens avec des personnalités politiques et sportives.

Nicolas Bonnet Oulaldj, Responsable de la commission Sport au PCF

Communiqué PCF82: décès de Mylène Vesentini

« Nous venons d’apprendre avec une vive émotion et une infinie tristesse le décès, ce matin, de notre camarade Mylène Vesentini, secrétaire départementale PCF de l’Aude et conseillère régionale d’Occitanie. Mylène était une femme d’engagement dont le franc parler et la simplicité était appréciés par tous. Des combats pour l’égalité homme/femme en passant par la lutte contre l’extrême droite ou encore son soutien au mouvement des cheminots, rien ne la laissait indifférente au monde qui l’entourait. Elle portait haut et fort ses convictions et se battait pour ce en quoi elle croyait : un monde de justice et de solidarité. Elle va nous manquer. Les communistes de Tarn et Garonne adressent leurs sincères condoléances à sa famille, ses proches et aux camarades de l’Aude. »
Fédération Tarn & Garonne
Parti Communiste Français
68 rue de la République
82000 Montauban
05 63 63 41 41

 

« Agir pour l’école » au piquet

Dans un communiqué unitaire, syndicats et associations protestent contre les pressions exercées sur des équipes d’écoles pour qu’elles s’engagent dans le programme d’apprentissage de la lecture de l’association Agir pour l’école. Ils soutiendront tous les enseignants et toutes les équipes victimes de ces pressions qui doivent cesser.

logos communiqué commun

Le communiqué

Respectons le professionnalisme des enseignant-es

La fin de l’année scolaire 2017-2018 a été marquée par une augmentation des contraintes exercées sur les équipes enseignantes d’écoles maternelles ou élémentaires pour qu’elles s’engagent dans des actions d’apprentissage de la lecture conduites par l’association Agir pour l’École. Tout en tenant un discours affirmant le respect de la liberté pédagogique, des autorités départementales ou académiques ont usé de moyens divers pour exercer des pressions qu’il s’agisse d’initier ces actions ou de contraindre à leur poursuite.

Nos associations et organisations syndicales protestent contre ces contraintes. Elles rappellent que les enseignants sont, dans le cadre des programmes nationaux, les professionnels concepteurs de leur enseignement et que les projets collectifs doivent s’inscrire dans le projet d’école proposé par l’équipe pédagogique et adopté par le conseil d’école. Nos associations et organisations syndicales apporteront leur soutien aux enseignants et aux équipes qui refusent de mettre en œuvre ces actions ou veulent les interrompre. Elles demandent que cessent toutes les formes de pression exercées.

Les signataires :

SE-Unsa, SNPI-FSU, ICEM-pédagogie Freinet, CEMEA, SUD Education, CNT Education, SNUIPP-FSU, CGT EducAction, CRAP-Cahiers Pédagogiques, SIEN-Unsa, SGEN-CFDT, Ligue de l’enseignement

Intermarché Castel: Le pari de l’humain

L’affaire était pourtant malaisée dès le début : un magasin emblématique, un patron paternaliste et remarquablement implanté dans la ville et même dans le département, figure historique des « mousquetaires ». Pour autant, en prenant les rênes de cette entreprise dont le personnel est d’une fidélité particulière (les plus grandes anciennetés relevées chez les employés-es dans tout le groupement), Mme et M. Garrigues ont relevé un drôle de challenge.

Après plusieurs mois de tergiversations, de maladresses prêtant le flanc aux critiques et aux rumeurs, ce n’est que lorsque la décision fut prise d’une reconstruction totale du magasin que le ciel s’est éclairci sur l’avenir tout en laissant planer le doute sur la composition des futures équipes. Concertations, dialogues, et réunions s’ensuivirent pour l’élaboration d’un plan à la fois architectural et managérial, ici dans le bon sens du terme. En effet, stages et formations se sont succédés pour des employés-es rassérénés-es qui évoluent aujourd’hui à bord d’un vaisseau flambant neuf sans qu’il n’y ait de laissés-pour-compte.

57 personnels pour 49 Equivalents Temps Plein, cela en jette n’en déplaisent à ceux qui pratiquent à tout bout de contrat, le temps partiel contraint. Ici, c’est par choix et par convenances personnelles !

Avec ces 2800 m2 de surface de vente (+800 par rapport à l’ancien magasin), l’endroit reste à taille humaine et si l’accent et mis sur la fraicheur et les produits locaux, il y a là une volonté affirmée de retrouver à la fois l’ambiance quasi-familiale de l’ancienne structure en alliant technologies et savoirs faire. Dans les allées encore en chantier, chacun-e s’affaire et à une semaine de l’ouverture, le stress n’est pas que patronal, il est partagé par toutes et tous car il y a de l’envie de bien faire, de mieux faire. Gageons que cet esprit perdurera, car après tout il est la marque inavouée de ce magasin. Le nouveau design, la modernité de l’endroit et l’architecture dépouillée surprendront beaucoup mais comme nous l’avons fait avec M. Garrigues durant plus d’une heure, il était plus qu’agréable de circuler dans les larges allées.

Nous sommes repartis rassurés pour l’avenir, satisfait de la prise en compte de la qualité de vie au travail pour les salariés-es dans les travaux et les modalités d’exercice des différents métiers. Comme quoi, même si nous restons attentifs, il est possible de garder une dimension humaine même dans la grande distribution…

 

Maximilien Reynès-Dupleix

Crédit Photos: Sylvie Dupleix

 

PS: Inauguration officielle le 3 septembre en présence des autorités.

Réseau routier national : L’Etat fait le choix d’investissements insuffisants

850 millions d’euros par an, c’est le montant que le gouvernement entend investir chaque année pour l’entretien du réseau routier national. Un montant clairement insuffisant. Un rapport remis récemment a démontré qu’il faudrait investir 1,3 milliard par an.
Le dogme de l’austérité budgétaire a encore frappé et malgré le débat largement engagé ces dernières semaines, les routes et ponts de l’État ne bénéficieront pas des moyens nécessaires pour rattraper le sous-investissement des dernières décennies.

L’ISF du nouveau monde, ce sont les « Infrastructures Sans Financements ».

Lors du vote du budget 2019 et de la Loi sur les Mobilités les parlementaires communistes proposeront des investissements pour les voies ferrées, les ponts, les routes, les voies d’eau et les voies cyclables à la hauteur des besoins. Soit 4 milliards supplémentaires qui peuvent être financés par la création de nouvelles ressources et le lancement d’emprunts garantis par la BCE.

Alimentation. La lutte des classes se joue aussi dans l’assiette

Paris, août 2017. Aujourd’hui, sur la place de la Bastille à Paris comme au pied des immeubles des villes populaires d’Île-de-France, des producteurs du Sud-Ouest vont proposer des denrées maraîchères accessibles. Ils seront des milliers, précaires, salariés aux faibles revenus, retraités, à pouvoir s’offrir ce privilège de bien manger. Patrick Gély

Paris, août 2017. Aujourd’hui, sur la place de la Bastille à Paris comme au pied des immeubles des villes populaires d’Île-de-France, des producteurs du Sud-Ouest vont proposer des denrées maraîchères accessibles. Ils seront des milliers, précaires, salariés aux faibles revenus, retraités, à pouvoir s’offrir ce privilège de bien manger. Patrick Gély

Avec leur vente solidaire annuelle de fruits et légumes, PCF et Modef démontrent, le temps d’une journée, que les classes populaires ne sont pas condamnées à se priver de produits de qualité et à un prix juste.

Déguster un gratin de courgettes, une tarte aux prunes ou même une salade de tomates relève parfois du luxe pour des familles aux revenus modestes ou des retraités aux pensions faibles. Mais, au pied des immeubles des villes populaires d’Île-de-France comme sur la place de la Bastille, au cœur de Paris, ils seront encore des milliers aujourd’hui à pouvoir s’offrir des fruits et légumes frais, de qualité, et à des prix justes, aussi bien pour le producteur que pour le consommateur. En réalisant leur initiative annuelle de vente à prix coûtant, la Confédération syndicale agricole des exploitants familiaux (Modef) et le Parti communiste français réduisent, le temps d’une journée, la différence du contenu des assiettes entre les couches sociales.

Continuer la lecture de Alimentation. La lutte des classes se joue aussi dans l’assiette

Mondialisation. L’accaparement des terres, entre Monopoly et colonisation

AFP

Les investisseurs internationaux mettent le grappin sur les terres cultivables de la planète. Dans des pays où il n’y a pas de droits de propriété solidement établis, ces achats se traduisent pour les paysans par des expulsions pures et simples.

L’achat de terres par des investisseurs étrangers est l’une des nouvelles formes de la mondialisation. Ce phénomène a pris une ampleur particulière après le boom des prix agricoles de 2007-2008. On parle d’accaparement des terres et en anglais de « land grabbing », un terme plus critique, qui implique l’idée de mainmise.

Une grande opacité entoure les accords et il est donc difficile de mesurer l’ampleur exacte du phénomène. Les deux sources disponibles – soit la base de données Land Matrix établie par l’International Land Coalition et celle de l’ONG Grain – convergent pour estimer que la surface concernée est de l’ordre de 30 à 37 millions d’hectares (soit entre 300 000 et 370 000 km2).

un enchevêtrement opaque des investissements

Les données de Land Matrix montrent le caractère très généralisé du phénomène. À peu près tous les pays – hormis ceux d’Amérique du Nord et d’Europe de l’Ouest – sont concernés comme « receveurs ». Mais, et c’était a priori moins évident de manière intuitive, c’est tout aussi vrai pour les pays « émetteurs ». Cela veut dire qu’il existe des investissements croisés au sein d’une même région du monde, notamment en Afrique. La carte ci-dessous montre la répartition géographique des accords.

Du côté des principaux pays investisseurs, on trouve en tête les États-Unis, avec 8,2 millions d’hectares recensés. La Chine ne vient qu’en quatrième position, après la Malaisie et Singapour. Du côté des pays « receveurs », tous les continents du Sud sont concernés, avec notamment la République démocratique du Congo, le Brésil et l’Indonésie, auxquels il faut ajouter l’Ukraine et la Russie.

Contrairement à une idée reçue, la présence des États-Unis en Afrique est supérieure à celle de la Chine : 3,7 millions d’hectares, contre 2,5 millions. Cependant, ces données ne rendent pas compte de l’enchevêtrement des investissements ni des spécialisations. C’est ce qui permet sans doute d’expliquer pourquoi le Brésil a vendu 2,4 millions d’hectares à des investisseurs étrangers, mais en détient 3 millions dans d’autres pays.

souveraineté alimentaire remise en cause

Certains accords prévoient des investissements d’infra-structure susceptibles d’avoir des effets positifs. Mais dans la majorité des cas, comme le souligne l’International Land Coalition, « le modèle dominant d’acquisition de terres à grande échelle a mis en péril les droits et les moyens de subsistance des communautés rurales ». Rien ne permet d’« invalider l’idée qu’il s’agit de mainmise sur les terres ». Dans des pays où il n’existe pas de droits de propriété solidement établis, où les autorités locales ont un intérêt direct à passer un deal avec les multinationales, les achats de terres se traduisent souvent par des expulsions

En 2016, une coalition internationale d’ONG a publié le rapport « Terres communes : sécuriser les droits fonciers et protéger la planète ». Il souligne que « les peuples autochtones et les communautés locales protègent la moitié des terres du globe, mais n’en possèdent formellement que 10 % ». Ce sont donc 2,5 milliards de personnes qui sont « menacées par la faim et la pauvreté si leurs droits fonciers ne sont pas protégés ». La campagne Land Rights Now appelle au doublement de la surface des terres appartenant aux communautés d’ici à 2020.

L’éviction de l’agriculture paysanne par l’agrobusiness prive les paysans de leurs ressources. Si certains trouvent un emploi d’ouvrier agricole mal payé, la majorité va grossir les rangs des sans-terre qui végètent autour des grandes villes ou bien cherchent à émigrer. Et comme une partie des terres est utilisée à des productions comme les biocarburants ou l’huile de palme, c’est l’autosuffisance alimentaire qui est remise en cause. Sans même parler des effets collatéraux sur l’accès à l’eau, détournée au profit de cultures comme celle du sucre de canne, et de l’impact sur l’environnement.

Le seul point positif est que les mouvements sociaux et les campagnes de soutien ont quelque peu freiné le développement du phénomène et contribué à porter le problème sur la place publique. Enfin, la question concerne aussi un pays comme la France. Une loi contre l’accaparement des terres agricoles a été en partie invalidée par le Conseil constitutionnel sous prétexte qu’elle portait « une atteinte disproportionnée au droit de propriété et à la liberté d’entreprendre. » Un bon résumé !

Site : hussonet.free.fr

Pourquoi acheter des terres ?
L’agriculture est devenue un bon placement, que ne négligent pas les multinationales ni même certains grands fonds de pension. Les terres achetées permettent de mener à grande échelle des cultures non alimentaires. Mais les investisseurs peuvent aussi chercher à garantir les sources d’approvisionnement en produits agricoles. La question est alors de savoir si le produit des terres achetées est plutôt destiné à la revente sur le marché mondial ou sur celui du pays investisseur. C’est cette question que se sont posée les auteurs d’une étude récente du FMI. Ils montrent que les achats de terres relèvent plutôt d’un « investissement visant à l’indépendance alimentaire que d’une plateforme de recherche de profit ». Mais ce constat ne change rien au fait qu’il s’agit la plupart du temps d’une spoliation, par ailleurs souvent financée par la Banque mondiale.
Michel Husson

 

Procès Monsanto : Le glyphosate reconnu responsable du cancer d’un jardinier californien.

Dewayne Johnson au moment du verdict lors du procès contre Monsanto le 10 août 2018

Dewayne Johnson au moment du verdict lors du procès contre Monsanto le 10 août 2018
JOSH EDELSON / AFP

Le jury d’un tribunal de San Francisco a condamné vendredi le géant de l’agrochimie Monsanto, qui a immédiatement annoncé son intention de faire appel de cette décision, à payer près de 290 millions de dollars de dommages pour ne pas avoir informé de la dangerosité de son herbicide Roundup, à l’origine du cancer d’un jardinier américain.

Les jurés avaient commencé à délibérer le 8 août après plus d’un mois de débats dans ce procès historique, le premier à concerner le caractère possiblement cancérigène des produits au glyphosate de Monsanto. Ils ont déterminé vendredi que Monsanto avait agi avec « malveillance » et que son herbicide Roundup, ainsi que sa version professionnelle RangerPro, avaient « considérablement » contribué à la maladie du plaignant, Dewayne Johnson. Continuer la lecture de Procès Monsanto : Le glyphosate reconnu responsable du cancer d’un jardinier californien.