Blanquer et le Protocole sanitaire : From Ibiza with love…
Alors que les directeurs d’école, les chefs d’établissement et les enseignants attendaient le protocole applicable au retour des vacances, JM Blanquer était en vacances à Ibiza. Médiapart révèle que l’interview publiée par Le Parisien le 2 janvier au soir a été réalisée depuis l’ile des Baléares. Une situation cachée par le ministre lors des questions au gouvernement le 4 janvier. Et qui montre une certaine désinvolture dans la gestion d’une crise grave.
Un moment difficile pour les personnels de l’éducation nationale
Selon Mediapart, JM Blanquer était à Ibiza au moment de l’interview réalisée par Le Parisien sur le nouveau protocole sanitaire. C’est dans cet entretien, publié le dimanche 2 janvier , dans un article payant, que JM Blanquer donne les détails du protocole sanitaire de rentrée.
La publication du nouveau protocole dans un article payant la veille de la rentrée a été très mal vécue par les personnels de l’éducation nationale et n’est pas pour rien dans le succès de la grève du 13 janvier. Tout au long de la seconde semaine de vacances, alors que l’épidémie explosait dans tout le pays, le protocole sanitaire subissait des retouches. Le 31 décembre une nouvelle modification était apportée. On savait que ce n’était pas la dernière et que le gouvernement apporterait une nouvelle modification après un avis de la Haute autorité de santé publique.
Pour les personnels de l’éducation nationale, toucher au protocole c’est modifier en profondeur leurs conditions de travail. Ainsi les ultimes allègements apportés par le ministère le 2 janvier, dans un article payant du Parisien, ont abouti aux entrées et sorties incessantes d’élèves qui ont totalement désorganisé l’enseignement sans pour autant apporter des garanties suffisantes de protection des élèves et des personnels. Ce protocole est un élément du succès de la grève du 13 janvier.
Mais la façon dont les personnels de l’éducation nationale ont eu accès à ces informations administratives a compté aussi. Il y avait le fait qu’il faille acheter un article pour avoir accès à une information indispensable pour la rentrée. Il y avait aussi la date. Les enseignants et chefs d’établissement ont dû attendre le dimanche en fin d’après midi pour avoir des informations sur la rentrée du lundi matin.
Des réponses incomplètes au Parlement
Dès le 4 janvier le ministre a été questionné sur ces points à l’Assemblée nationale. A trois reprises il est obligé de revenir sur ces points. Et à trois reprises il donne une explication où il omet l’essentiel : il était en vacances à Ibiza.
« La Haute Autorité de santé (HAS) a été consultée et elle s’est prononcée le 31 décembre au soir. Nous avons travaillé le 1er janvier ; puis, comme prévu, le 2 janvier, le ministre des solidarités et de la santé s’est exprimé pour annoncer la doctrine générale, afin que ce qui se passe au sein de l’éducation nationale soit en cohérence avec les mesures prises dans le reste de la société. Je me suis ensuite exprimé. Contrairement à ce que vous avez dit, les informations communiquées en interne aux personnels sont arrivées un peu avant leur publication dans un média », explique JM Blanquer par exemple. « Ce n’est qu’à partir du 31 décembre que nous avons pu travailler sur la base des recommandations formulées par le Haut Conseil à la santé publique et, de là, définir les règles à appliquer, que nous n’avons effectivement pu communiquer que dimanche dernier… Tous ces éléments sont clairs et objectifs », répond-il à une autre parlementaire.
Désinvolture
On sait maintenant que le ministre n’était pas au travail mais en vacances. Et que tout n’a peut être pas été fait pour prévenir au plus vite les personnels de l’Éducation nationale de la façon dont allait se passer la rentrée.
S’il est clair que les ministres aussi ont droit à des vacances, certains reprocheront à JM Blanquer une certaine désinvolture au regard de la gravité de la situation sanitaire à ce moment là, de l’urgence des mesures à prendre et des attentes des personnels de l’éducation nationale. La plupart n’étaient pas à Ibiza et même pas à la fête. Pour beaucoup, ces dernières journées de vacances ont été gâchées par la chasse aux informations et l’ignorance sur la façon dont se passerait la rentrée. En politique, la désinvolture c’est aussi ne pas partager ce que ressent ses troupes. Elle peut devenir faute.
François Jarraud
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