Un quinquennat favorable au privé
Anciens élèves de l’enseignement privé, JM Blanquer et E Macron auront nettement aidé l’enseignement privé durant ce quinquennat. On se rappelle le bac donné par le privé hors contrat ou l’éducation prioritaire ouverte au privé. Mais la confirmation est donnée par la dernière édition de L’état de l’école, une publication du ministère, qui montre que les effectifs enseignants du privé ont augmenté nettement plus vite que ceux du public entre 2017 et 2020.
Plus de création d’emplois enseignants dans le privé
Selon la Depp, éditrice de cette publication annuelle du ministère de l’éducation nationale, les effectifs d’enseignants sont passés de l’indice 100 en 2008 à 104.8 en 2020 pour le premier degré du privé et de 100 à 99.6 pour le second degré. Pour le public l’évolution a été moindre. On est passé à 103.3 dans le premier degré et à 98.3 pour le second.
On notera au passage que JM Blanquer n’a pas toujours été aussi généreux avec le privé. Les années 2018et 2019 voient un recul des effectifs du privé, même si on reste au dessus du public. Mais 2020 est marqué par ce qui est plus qu’une récupération. Ces hausses ne reflètent pas l’évolution des effectifs élèves du privé. Entre 2016 et 2020, le nombre d’élèves a diminué de 2.8% dans le premier degré privé sous contrat et il a augmenté de 2.4% dans le second. Globalement le nombre d’élèves du privé sous contrat sur la période est stable : on compte 4708 élèves de plus de 2016 à 2020 soit 0.2% de plus.
Le budget du privé augmente plus vite que celui du public
Cet effort est prolongé dans le budget 2022 où l’enseignement privé connait la plus forte hausse. L’enseignement privé connaitra en 2022 une hausse des versements de l’Etat de 3%, passant de 7.7 à 8 milliards quand le budget du primaire public augmente de 2% et celui du second degré public de 1.5%. La hausse la plus forte en pourcentage concerne les dépenses de remplacement qui passent de 194 à 202 millions. A ces dépenses il faudra ajouter celles qui sont liées à la prise en charge de toutes les maternelles du privé depuis la loi Blanquer. 100 millions sont crédités pour cela au budget. Mais on ne connaitra le cout réel que courant 2022.
JM Blanquer a eu d’autres occasions de marquer son soutien au privé. D’abord par la prise en charge des maternelles du privé par l’Etat. En 2019, la loi Ecole de la confiance a rendu l’instruction obligatoire dès 3 ans. Cela ne change pas grand chose pour les familles puisque 98% des enfants sont déjà scolarisés à 3 ans. Et ceux qui ne le sont pas ont des raisons pour ne pas l’être. Par contre cela a tout changé pour les maternelles du privé. Leurs dépenses devront être prises en charge par les communes au même titre que les maternelles du public. Par exemple le même nombre d’ Atsem payées par la commune. Le budget 2022 estime à 100 millions de transfert de moyens vers le privé.
Le second cadeau important fait sous ce quinquennat date de 2021. Six établissements catholiques sous contrat avec l’Etat, deux collèges marseillais, trois autres du Mans, de Nantes et de Roubaix et un lycée professionnel de Roubaix, font maintenant partie de l’éducation prioritaire. Ils y sont entrés grâce à la réforme portée par N Elimas par le biais des contrats locaux d’accompagnement (CLA). La particularité de ces contrats c’est de s’adresser à des établissements qui ne répondent pas aux critères sociaux économiques des Rep et Rep+. Ces établissements sont sous CLA pour des expérimentation pédagogiques portant sur l’expression orale, la maitrise des émotions, le langage ou l’ouverture culturelle. « Les critères retenus sont les mêmes que ceux des établissements publics », nous avait dit P Delorme en septembre 2021. Cette réforme entraine le transfert de fonds nécessaires aux établissements qui concentrent les enfants les plus pauvres vers des établissements n’ayant ni le même niveau de pauvreté ni souvent de handicap scolaire. » On voit bien que cette logique qui invoque la diversité des territoires en disant qu’il faut prendre en compte la ruralité est une façon de dissoudre la question sociale », explique JY Rochex dans cet article.
Un cadeau très récent concerne la prise en charge des suppléants du privé. Un décret autorise les recteurs à augmenter leur salaire en raison de la difficulté à les recruter. Cette dérogation existait dans le public . Le privé demandait depuis des années à obtenir le même avantage pour ses suppléants. JM BLanquer a fait ce cadeau avant de partir.
Enfin il y a eu des cadeaux moins onéreux en euros mais très chers coté éthique. En 2020, le ministre a fait reconnaitre par les jurys du bac les notes mises en controle par les établissements hors contrat. Comme ces établissements sont totalement dépendants des versements des parents, cela revenait à donner à ces établissements la possibilité de vendre le bac. Le bac 2021 n’a pas renouvelé cette faute grave mais a fait reconnaitre les notes d’histoire géo de langues vivantes, d’enseignement scientifique en série générale et de maths en série technologique.
Interrogé par le Café pédagogique sur le bilan du quinquennat, Philippe Delorme, secrétaire général de l’enseignement catholique, nous dit qu’il « n’est pas là pour donner des bons points ». Pourtant…
François Jarraud
L’enseignement catholique entre dans l’éducation prioritaire
Un budget 2022 favorable au privé
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