Fabien Roussel veut créer une « fonction publique du lien »

Présidentielle Le candidat communiste a tenu un meeting près de Bordeaux, devant plus de 3 000 personnes, consacré aux droits des femmes et des travailleuses précaires.

Mardi soir, à Mérignac, le candidat s’est félicité d’une « lueur à gauche ». romain perrocheau / AfpMardi soir, à Mérignac, le candidat s’est félicité d’une « lueur à gauche ». romain perrocheau / Afp

Le temps d’un trajet Paris-Bordeaux en TGV et le candidat communiste à la présidentielle, Fabien Roussel, passe, mardi soir, des bancs de l’Assemblée nationale, où il vient de plaider pour la paix, à la salle du Pin-Galant à Mérignac, où l’attendent plus de 3 000 personnes, selon le décompte de ses équipes. Comme au Palais Bourbon quelques heures plus tôt, Fabien Roussel tient d’abord à exprimer sa « solidarité avec le peuple ukrainien » et invite à tout faire pour « éviter l’embrasement ». Si le programme du meeting est, à l’instar de la campagne, bousculé par la guerre, le candidat embraie tout de même sur le thème prévu : « la révolution féministe ». À Bordeaux, il n’est pas venu les mains vides. Pour les aides à domicile, AESH ou encore les assistantes maternelles, Fabien Roussel formule une nouvelle proposition : la création d’une « fonction publique du lien, de l’humain » dédiée à ces missions, « protégées par un statut et avec un salaire qui ne sera pas inférieur à 1 700 euros net et 2 100 brut ». Selon le décompte du candidat, la mesure concernerait d’ores et déjà 1,3 million de personnes et « 1,8 au terme de (son) mandat », compte tenu des postes qu’il entend créer. « Majoritairement, ce sont les femmes qui exercent les métiers du lien », pointe-t-il, rappelant que la crise sanitaire a montré à quel point ils sont « indispensables » et combien ils sont « dévalorisés, sous-payés, précarisés ». « Ce sont elles, les prolétaires du XXIe  siècle », poursuit-il, estimant que « révolutions sociale et féministe se mènent ensemble », avant d’enchaîner sur la question des violences sexistes et sexuelles.

Comme le revendiquent les associations féministes, Fabien Roussel entend y consacrer un milliard d’euros pour donner de véritables moyens à la loi-cadre « sur le plan répressif comme préventif » qu’il veut voir voter. Outre des financements pour l’hébergement d’urgence – même si c’est le « conjoint violent qui doit partir » –, le logement, la prise en charge immédiate et gratuite en psychotraumatologie, le candidat plaide pour dédier des moyens à la police et à la justice avec des brigades et tribunaux spécialisés. « Quand j’ai parlé de sécurité, certains m’ont cherché des noises, mais j’assume », en profite pour glisser le candidat, estimant que ce doit être « un droit pour toutes et tous » et plaidant de concert pour une éducation qui fasse la part belle à « l’égalité des sexes et des genres ». « Et pour que ce soit clair une bonne fois pour toutes, le corps humain n’est pas et ne sera jamais une marchandise », a-t-il également développé, soulignant sa position abolitionniste concernant la prostitution, sa détermination à lutter contre « l’industrie du sexe » ou encore son opposition ferme à la GPA.

conquérir l’égalité femmes-hommes

Fil rouge de la soirée, « l’égalité, condition du bonheur partagé », reste aussi à conquérir, malgré les engagements successifs, en matière salariale . « Il y a eu 14 lois en quarante ans depuis Yvette Roudy, mais encore aujourd’hui l’écart de salaire est de 16,5 % », dénonce Fabien Roussel, qui propose de nommer un administrateur judiciaire dans les entreprises privées qui ne respecteraient pas la règle au bout d’un an et promet que « l’État devra montrer l’exemple en six mois ». « Certains disent qu’il faut faire l’égalité par le bas parce que ça coûte trop cher. Mais ce n’est plus cinq fruits et légumes par jour qu’on va manger, ce sont les pissenlits par la racine. Nous ferons l’égalité par le haut », s’engage-t-il.

Cette bataille « contre la vie chère concerne tout le monde », a également insisté le candidat, pour mieux rappeler qu’il propose d’augmenter le Smic à 1 900 euros brut, de revaloriser le salaire des agents publics de 30 %, de créer un revenu étudiant d’au moins 850 euros ou encore d’engager une négociation pour une augmentation généralisée des salaires. Mais surtout, c’est à une modification en profondeur des rapports de production que veut s’atteler le PCF : c’est « une République nouvelle qui fait confiance à ses travailleurs et travailleuses avec de vrais droits dans la gestion des entreprises » qu’a défendue le candidat, appelant à se réapproprier « nos outils de production » et, face à la finance, à « reprendre la main sur l’argent ».

Enthousiaste devant la foule réunie, avec des participants jusqu’à l’extérieur, Fabien Roussel se félicite « du chemin parcouru, des millions de nos concitoyens (qui) découvrent une lueur à gauche » et en appelle une nouvelle fois aux abstentionnistes, aux « déçus » ou à ceux qui se sont parfois « égarés à droite, voire à l’extrême droite ». Car, le député en est persuadé, « la classe ouvrière est peut-être noire de colère mais a toujours le cœur rouge ».


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