La ligne qui se dessine de plus en plus dans ce blog (Histoire et Société) et au-delà est certes de dénoncer les insuffisances manifestes des forces de gauche, de progrès et surtout des communistes dans la période historique dans laquelle nous sommes, mais de ne pas se contenter de dénoncer. Si comme nous en sommes convaincus, pour une part la distance politique entre le peuple français et les dirigeants peut être négative parce qu’elle aboutit à la démission et à l’individualisme, de l’autre elle marque aussi le refus de contribuer à des choix et des orientations auxquelles ils ne peuvent adhérer. Il faut donc favoriser tout ce qui permet de reconstruire une action collective sur des bases de classe, d’interét national mais aussi d’internationionalisme en faveur de la paix dans les coopérations. A ce titre le Congrès du parti communiste français est un moment important et nous remercions Franck Marsal de nous faire un résumé des débats
La période des fêtes de fin d’année a été fructueuse pour les contributions des camarades en vue de notre prochain congrès. Aujourd’hui, 2 janvier 23, pas moins de 19 contributions ont été publiées sur le site du congrès. Les communistes s’emparent de ce congrès, développent, enrichissent, argumentent. Les contributions de ce crû soulèvent des questions très diverses, du très concret et aussi de la philosophie et de la science. Elles abordent la stratégie, mais aussi le coeur du projet communiste. La question de l’unité du parti est plusieurs fois évoquée. Il faut dire que certains choix, comme celui de soutenir à l’élection présidentielle un candidat d’une organisation concurrente, au mépris de la décision collective des communiste. La question du centralisme démocratique est reformulée.
Nous avons donc aujourd’hui les contributions :
• du camarade Alain de Poilly, de la fédération du Val de Marne, intitulée « confirmer le 38ème congrès »,
• du camarade Cédric Alexandron, de la Charente, intitulée « Chèques déjeuner pour les étudiants »
• du camarade Thierry Hue, du Lot-det-Garonne, intitulée « Pour un vrai statut des étudiants »
• de la camarade Anne Lafaurie, du Val de Marne, intitulée « Notre action à l’entreprise »,
• du camarade Thomas Turner, de la Seine-St-Denis, iniiulée « Anthtopocène, capitalocène, androcène »,
• du camarade Jean-Pierre Bardet, de Seine et Marne, intitulée « Où est passé le site web des JOURS HEUREUX ?»,
• du camarade Jean-Paul Legrand, du Tarn et de moi-même, intitulée « « communisme déjà-là et socialisme nulle part »
• du camarade Luc Foulquier, des Bouches du Rhône, intitulée « Remarques sur les statuts », • La contribution de la camarade Marie-Claude Gargani, des Bouches du Rhône, intitulée « Réflexions sur la base commune »,
• du camarade Roger Hillel, des Pyrénées Orientales, intitulée « Voici pourquoi je signe le texte alternatif »
• du camarade Gérard Baussaint des Bouhes du Rhône, intitulée « Interrogations concernant les orientations du PCF »,
• du camarade Jean-Jacques Karman, de Seine-St-Denis, intitulée « De droite ou de gauche, la social-démocratie est toujours un danger pour la classe ouvrière »,
• du camarade Pierre-Alain Millet, du Rhône, intitulée « Marchais, l’homme qui avait choisi l’union comme un combat »
• du camarade Jean Dartiques, de la Gironde, intitulée « Enjamber la présidentielle, pour un PCF révolutionnaire et uni… »,
• du camarade Jean Lapeyre, intitulée « Et si on reparlait du centralisme démocratique »,
• des camarades Lucas Panza et Tony Deremetz, du Pas de Calais, intitulée « Le parti se renforce en s’épurant »,
• du camarade Stéphane Bonnéry, du Val de Marne, intitulée « L’apport communiste pour rassembler plutôt que l’impasse du faux consensus diviseur »
• du camarade Laurent Gutierrez, de Côte d’Or, « Le PCF et les idées du marxisme »,
• du camarade Gérard Mottet, du Val de Marne, intitulée « Les médias, véritables machines de guerre du capital ».
• J’aborderai également la contribution du camarade Régis Régnault, des Pyrénées Atlantiques, intitulée « L’enseignement professionnel public, enjeu emblématique du projet communiste » et publiée le 20 décembre, que je n’ai donc pas encore commenté.
Lutter contre les classes dominantes :
Une première série de contribution aborde directement des point programme ou décrivent les combats à mener contre les classes dominantes, ou encore pour progresser dans l’organisation et le fonctionnement du parti :
Je commencerai par deux contributions courtes, concernant la jeunesse étudiante: celles des camarades Thierry Hue, du Lot-det-Garonne, et Cédric Alexandron, de la Charente. Cédric Alexandron nous rappelle la difficile situation de nombreux étudiants, en particulier ceux issus des classes populaires : « Parce qu’il est trop difficile d’étudier le ventre vide, parce que trop d’étudiants consacrent leur temps à travailler pour subvenir à leur besoin ». Il suggère la mise en place d’une « carte déjeuner mensuelle (…) correspondant au coût des restaurants universitaire ».
Thierry Hue partage le même constat et pose la question : « Pourquoi les étudiants n’ont-ils pas droit au RSA ». Dépassant cette seule question du statut social, il formule également que les « écoles les plus prestigieuses devraient être accessibles à tous le monde ». Au travers de ces deux questions, ce sont les questions de la jeunesse, et celle de la reproduction des inégalités sociales qui sont posées.
Dans une publication publiée précédemment, et que je n’ai pas eu le temps de commenter encore, le camarade Régis Régnault, des Pyrénées Atlantiques, attirait notre attention sur les enjeux de l’enseignement professionnel public. L’enseignement professionnel est
« le boîtier de dérivation électrique à partir duquel se diffusent et vers lequel convergent les plus gros câbles du maillage social et économique de la nation. En cela, il constitue un enjeu politique de premier plan. Dis-moi quel enseignement professionnel tu veux et je te dirai quelle société tu nous prépares. ».
En effet, si la situation des étudiants est précaire et difficile, c’est l’ensemble de la jeunesse qui est livrée aux appétits sans fin des capitalistes : le refus d’accorder le RSA aux jeunes de moins de 25 ans n’a pas d’autre objectif que de mettre la pression sur la jeunesse, la contraindre autant que faire se peut à accepter petits boulots mal payés, difficiles conditions de vie, renoncements à ses désirs.
De ce point de vue, il me semble, comme les camarades le suggèrent, utile de compléter la base commune, en s’appuyant sur les analyses et propositions formulées par les Jeunesses Communistes. En voici quelques éléments :
« Pour augmenter leur profits, les capitalistes justifient des droits moins protecteurs et des contrats spécifiques pour les jeunes par leur manque d’expérience et leur «adaptabilité ». Emplois déguisés en services civiques, apprentissages ou stages sous-payés, CDD ou missions d’intérim qui s’enchaînent… Entre travail précaire et travail déguisé, l’âge moyen pour obtenir un premier emploi stable est de 27 ans. » « Les contrats de travail déguisés que constituent les services civiques doivent être supprimés. Le temps partiel, CDD ou intérim imposé doivent disparaître. Le CDI et la titularisation doivent être la norme de recrutement. »
« Des pré-recrutements dans les services publics et les secteurs économiques stratégiques permettront que les jeunes bénéficient d’une formation rémunérée et d’une garantie d’embauche, et qu’ils soient en nombre suffisant pour satisfaire les besoins du pays » Concernant l’enseignement : « Le système éducatif est un système inégalitaire, concurrentiel, élitiste et individualiste. Sous couvert de mérite, il fait réussir les enfants issues des classes sociales les plus favorisées. La réussite scolaire repose sur des attendus accessibles seulement à une minorité des élèves : apprentissages extrascolaires, prérequis culturels, accompagnement familial pour faire ses devoirs, voyages linguistiques, cours de soutien payants…Durant l’éducation des jeunes, le patriarcat perpétue les stéréotypes genrés et les discriminations en légitimant une division genrée de la société. Ces discriminations se jouent dès l’école et continuent tout au long de la scolarité, notamment par les phénomènes d’orientation genrée. La réforme du baccalauréat a cette année confirmé son caractère inégalitaire, à travers le retrait des mathématiques du tronc commun. Les jeunes femmes se sont retrouvées massivement exclues de ces enseignements. »
Beaucoup des propositions des JC rejoignent celles du parti. Néanmoins,il y a d’autres points sur lesquels nous pourrons développer le texte de la base commune en nous appuyant sur le travail de la JC. Peut-être que, dans la préparation du congrès, une commission conjointe entre le parti et son organisation de jeunesse pourrait être mise sur pied pour donner toute leur place aux questions concernant la jeunesse.
La contribution du camarade Régis Régnault, concernant l’enseignement professionnel rejoint également nombre de propositions des JC mais il apporte, en partant de l’enseignement professionnel, des enjeux qui le dépassent et qui ont trait à la structuration profonde de la société.
1er enjeu : La marchandisation de l’enseignement professionnel :
« Il ne me semble pas opportun de parler de “risque de privatisation (rampante ou pas) de l’enseignement professionnel” (…) Il me paraît plus juste, concernant le projet macronien, de parler de “marchandisation” et d’”asservissement” : deux caractères fondamentaux que l’enseignement professionnel connaît déjà, mais qui seraient en l’occurrence accrus, dominants et normé »
Distinction judicieuse, et qui sera parlante pour tous les familiers par exemple des réformes successives de l’Université, qui n’est pas privatisée, mais dont les activités ont été marchandisées, réintroduite par la force dans la sphère marchande, au détriment de la clarté scientifique du travail, de l’égalité et de l’accessibilité à tous. L’évolution de l’enseignement professionnel et la « mutation » vers l’apprentissage, dans lequel le lycéen ou l’étudiant joue d’ailleurs un rôle croissant dans la réforme mercantile des universités, puisque la majorité désormais des places en apprentissage est située dans le supérieur.
2ème enjeu : La rétribution des élèves en stage
« On sait que nombre de jeunes optent pour l’apprentissage, non à cause de l’argument macronien d’une meilleure insertion professionnelle, mais plus prosaïquement pour acquérir, grâce à un demi-salaire, leur autonomie financière, ou au moins satisfaire un certain nombre de leurs besoins » « il est par ailleurs amoral de laisser au chef d’entreprise le fait du prince de “dédommager” ou “récompenser” l’élève… ou pas !(…) Justement, ce qui lui est dû, c’est la juste rétribution du travail accompli. Car, si le ou la stagiaire n’est pas censé occuper un emploi dans l’organigramme, il n’en demeure pas moins qu’il ou elle va être amené.e à travailler. »
« Concernant la rétribution, une proposition alternative pourrait s’articuler autour du principe qui a fondé le financement du droit à la formation professionnelle continue en 1971, selon lequel toute formation à l’entreprise doit être financée par une contribution des entreprises, en pourcentage de la masse salariale. »
« (…) cela justifie également notre proposition d’allocation d’études dont les élèves de lycée professionnel majeurs et autonomes pourraient bénéficier, au même titre que les étudiants, en conformité avec notre projet de concevoir une carrière complète de 18 à 60 ans. Parallèlement à une inscription dès l’âge de 18 ans dans les droits à retraite, dont la cotisation pourrait être prise en charge par un mécanisme solidaire »
3ème enjeu : La sémantique, bataille idéologique, la différence entre travail et emploi :
“Avoir à expliquer des choses assez compliquées avec des formules simples et des mots de tous les jours facilement accessibles par tout un chacun, toute une chacune, est le lot commun que nous partageons tous (…). Il nous arrive donc, et il nous arrivera sans doute encore et encore, de véhiculer ainsi, à notre corps défendant, des idées et des notions qui participent de l’idéologie bourgeoise et qui perpétuent sa domination. »
« Ainsi en est-il de notre propre programme de la dernière campagne électorale. Dans une de ses premières propositions, nous présentons le chômage, la formation, la maladie, le congé parental et l’invalidité comme du “non-travail”3, là où il serait pertinent d’écrire “non-emploi”. En argumentant de cette façon, nous nous tirons une balle dans le pied. Nous accréditons l’idée que les privés d’emploi ne sont pas dans la catégorie des travailleurs, ce qui satisfait malheureusement et malencontreusement l’idéologie ambiante »
4ème enjeu : travail « manuel » et travail « intellectuel » (ou, comme si les mains travaillaient seules…)
« De même peut-on lire à regret, encore aujourd’hui, ici ou là, que l’enseignement professionnel prépare les futurs “travailleurs manuels”.(…) Aussi galvaudée ou euphémisée que soit l’expression “travail manuel”, il n’en demeure pas moins qu’elle porte en elle le lourd présupposé selon lequel l’acteur principal de l’activité, voire le seul, est la main. Comment s’étonner alors que l’intervention de la pensée soit ignorée, délibérément et superbement et que la reconnaissance du travail ne porte que sur le geste ? Le paradoxe qui pourrait être comique s’il ne référait à des situations dramatiques et au tragique de l’exploitation, c’est qu’on oppose à cette réification de l’individu une robotisation fondée sur ce qu’on appelle “intelligence artificielle”. »
« l’expression alternative “travail d’exécution”, elle n’est qu’un pis-aller dans la mesure où elle véhicule, elle aussi, les mêmes négations. La différence, c’est que dans le premier cas, la pensée n’existe pas puisque seule la main agit, alors que dans le second, la pensée existe mais elle est inerte puisque le travailleur n’exécute que ce qu’on lui dit de faire. »
Ainsi que le note le camarade, cette sémantique idéologique véhicule « déclassement », « non reconnaissance », « salaire dévalorisé » et « dénie toute capacité à réfléchir et à jouer un rôle d’acteur dans le procès de travail, à fortiori dans la gestion de l’entreprise ».
En complément, le camarade appelle à en finir avec « l’opposition fondamentale entre le savoir et le travail » ;
« c’est en effet sur la base de cette opposition que se sont construites les conceptions dominantes de notre système éducatif. Ainsi le parcours scolaire classique doit-il, selon elles, être avant tout une sélection par le savoir transmis, au demeurant livresque et académique. Dans ce cadre, tout échec, toute rupture avec cette norme doit-il, doit-elle conduire à la relégation, c’est-à-dire à la “régression” vers l’activité manuelle ».
Le camarade conclut sur le nécessaire projet communiste pour l’enseignement professionnel, qui doit,
« avant tout rompre avec toute idée de hiérarchie entre les différentes voies d’enseignement, à fortiori d’orientation par défaut » et ce pour au moins 3 raisons : « parce que nous devons poser parallèlement l’exigence de modifier les paradigmes de caractérisation comme, par exemple, la prise en compte dans la qualification des éléments tels que l’utilité sociale ; parce que nous devons entreprendre une réflexion de fond, avec l’aide des chercheurs, sur les contenus d’enseignement ainsi que sur le bien-fondé de l’architecture des filières, des diplômes et de leurs référentiels ; parce que nous devons impérativement réhabiliter le travail en relation, et non plus en opposition avec le savoir »
« Par son rôle irremplaçable d’interface entre le monde de la jeunesse à l’école et le monde des adultes au travail, par sa fonction constante d’union du savoir en action et du travail pensé, par sa nature sociale qui réconcilie les jeunes en difficulté et les défavorisés des milieux populaires avec le goût d’apprendre et la fierté de l’utilité sociale, l’enseignement professionnel public est en germe un vecteur du monde nouveau que nous voulons bâtir. En cela, avec ses élèves et ses personnels, il mérite de se voir confier, avec tous les moyens afférents et les perspectives engageantes assurées par une volonté politique, la haute mission qui doit être la sienne. Et retrouver ainsi la dignité qui lui est due. C’est un bel objectif que nous pouvons ensemble, et en rassemblant le plus largement possible, nous fixer. »
La vie du parti, ce sont aussi des choses très concrètes, qui méritent toute notre attention. Ainsi, le camarade Jean-Pierre Bardet, de Seine et Marne, dans sa contribution intitulée « Où est passé le site web des JOURS HEUREUX ? Nous interroge :
« Comment se fait-il que le programme de la France des Jours Heureux n’est plus disponible sur le web ! Ce qui veut dire aussi que tous les multiples liens créer par “la communauté communiste” se référant à ces pages ne mène qu’à un message d’impossibilité de se connecter ! Et je ne pense pas que ce soit un problème technique ! https://www.fabienroussel2022.fr/objectif_1#proposition_une
Puis-je contribuer sereinement à discuter du chemin à emprunter ( 39ème congrès )quand les outils de grande diffusion militante et citoyenne qui contribue à sa construction s’en voit retiré du web ( Ce programme des JOURS HEUREUX est un moment de notre histoire partagé avec notre peuple, pas simplement une histoire qui n’appartiendrait qu’aux communistes … cela doit faire partie des choses que l’on continue à donner à voir ) »
Reprenons enfin le sujet déjà abordé du militantisme dans l’entreprise, abordé de manière très pertinente et concrète dans la contribution de la camarade Anne Lafaurie, du Val de Marne, intitulée « Notre action à l’entreprise » :
« S’organiser à l’entreprise et sur les lieux de travail, est un choix, une orientation que je partage totalement. Elle est essentielle pour travailler la conscience de classe du salariat, dans sa diversité, jusqu’aux retraités et privés d’emploi. Et pur construire un rassemblement politique capable de transformer la société et dépasser le capitalisme. Mais il me semble qu’il nous faut être conscient des reculs énormes sur ces questions que nous subissons depuis longtemps du fait de l’abandon de l’activité à l’entreprise depuis des années précédant le 38ème congrès. Cela nous a conduit à abandonner une activité et une organisation précise. En premier lieu de recenser les lieux de travail et les professions des adhérents, ce qui conduit nombre de section à considérer les adhérents comme des « gens », définis par leur quartier, populaire ou non, etc… »
La camarade conclut ainsi :
« L’activité et la construction des cellules d’entreprises doit devenir l’affaire de chaque direction, impulsée par une commission bien sur, mais prise en charge par l’ensemble des collectifs de direction. Cela devrait aussi irriguer l’activité des collectifs féminisme, LGBT+ et d’autres car l’entreprise capitaliste formate la société et les consciences jusqu’à la place et au rôle de chacun.e. Ainsi, pour moi, la question de l’égalité des salaires nourrit l’image des femmes d’elles même, tout comme l’assignation à certaines professions ou qualifications. Ce que travaille le patronat dans les entreprises.
C’est la même chose concernant l’aménagement du territoire, les zones rurales, les méga concentrations urbaines, il me semble qu’il faudrait aussi travailler sur cet aspect pour mieux mesurer combien les choix des entreprises structurent les territoires. Bref, l’activité sur l’entreprise et à l’entreprise devrait se développer dans le parti comme nous voulons aussi organiser la société avec une profonde démocratisation de celle-ci en particulier en conquérant des pouvoirs aux salariés et aux populations pour peser sur les choix des entreprises et des banques ».
Pour conclure cette série de contribution très thématiques et concrètes, citons celle du camarade Gérard Mottet, de la Fédération du Val de Marne, intitulée « Les médias, machines de guerre du capital », fait le constat de l’enjeu de la puissance médiatique :
« Les Médias ne (mal)traite pas le PCF et ses représentants comme les autres partis politiques. Pour autant nous avons incontestablement gagné en visibilité, et la qualité des prestations de Fabien comme celles de Ian ou Léon face à l’adversité y est déterminante. Nous constatons par contre le peu, voir la part minime d’effet positif de cette visibilité sur les résultats électoraux. C’est donc aussi ailleurs que se situe la bataille de l’image et des idées. Certes, il y a la capacité du travail militant, mais là encore, où il est significatif les résultats ne sont pas au niveau des efforts déployés. Il convient donc d’examiner les contenus majoritaires de la communication des principaux Médias ainsi que des réseaux sociaux. Concernant la Radio et la Télé, la part des jeux et particulièrement des jeux permettant de gagner de l’argent ainsi que les séries policières y est prépondérante. Les émissions de divertissement y sont omniprésentes aux heures de grande écoute contrairement à celles éducatives et culturelles. L’idéologie dominante y est constamment insufflée y compris de façon insidieuse mais aussi de plus en plus directe dans la publicité qui envahie les antennes et les écrans. Quant aux réseaux sociaux, ils offrent en permanence la part belle aux propos mensongers et haineux des “bas du front” de toutes tendances, à l’encontre de notre Parti et de ses représentants. D’une manière générale, les Médias sont une véritable machine de guerre au service du Capital que soutient sa puissance financière et coercitive dans le combat de classe à l’encontre des salariés et des intérêts de la grande majorité de la population. »
Il invite le 39ème congrès à se saisir de ces enjeux.
Le matérialisme historique, la science et le marxisme :
La contribution du camarade Stéphane Bonnéry, du Val de Marne, qui se saisit de la crise de science, dans sa contribution intitulée « L’apport communiste pour rassembler plutôt que l’impasse du faux consensus diviseur » ouvre un champ très important :
« Notre congrès se déroule dans un moment de crise de la science, liée aux crises que traverse la société. Le rôle des communistes peut être décisif pour construire avec d’autres intellectuels une démarche rationaliste offensive au service du progrès, pour contribuer à de réelles alternatives à la crise économique alimentée par la politique de Macron, et contre les fausses solutions de l’extrême-droite. La question n’est pas nouvelle.
Au début des années 1930, une autre crise de la science s’est déroulée, sur fond de guerre, de crise économique profonde, et de montée des irrationalismes liés aux fascismes. Les voies empruntées alors par les intellectuels marxistes peuvent nous inspirer. Leur activité, soutenue par le PCF au même niveau que les luttes sur les lieux de travail et dans les institutions pour défendre la République et la rendre sociale, a contribué à divers rassemblements (Cercle Descartes, Mouvement Amsterdam-Pleyel…) : ils ont développé des analyses inspirées de Marx, les ont confrontées avec d’autres sans céder au diktat d’aucun partenaire. . »
On pourrait citer également le rôle très important du philosophe communiste Georges Politzer, qui formera sans relâche au marxisme dans les années 30 et contribuera, entre autres, à l’engagement communiste de Frédéric Joliot-Curie.
L’histoire du PCF n’oppose pas travail intellectuel et travail manuel, au contraire. Elle a amplement montré que par un travail intellectuel, culturel et de formation de qualité, les travailleurs s’emparent de la pensée scientifique, philosophique, de la culture avec enthousiasme et les vivifient ; en les appréhendant dans toutes leur dimensions.
« Aujourd’hui, la gravité de la crise (…) implique que l’on y répondre sur le fond. C’est une impasse que de s’interdire de penser et de faire des propositions parce qu’il faudrait préserver une union électorale sur le plus petit dénominateur commun : c’est un facteur d’impuissance pour comprendre et agir sur le monde. Pire, cela conduit à s’aligner sur un faux consensus entre une partie de la gauche et de la droite, basé sur les divisions idéologiques, sur des identités figées : celles qui opposent hommes et femmes, natifs et immigrés, travailleurs et usagers, diplômés ou pas… même en se rangeant du côté des catégories pénalisées dans ces oppositions, on véhicule de fausses dichotomies qui entérinent la zizanie, on reste dans le même logiciel que nos adversaires. Cela sert les forces du capital qui veulent masquer les injustices basées sur des possessions matérielles derrière les oppositions entre des « représentations ». »
On ne saurait mieux dire. Cette contribution ouvre sur une série de contributions qui portent la question du débat philosophique, du matérialisme historique, de l’actualité des conceptions scientifiques développées par Marx, Engels et les marxistes qui ont développé la pensée communiste depuis plus d’un siècle et demi. On ne peut en effet vaincre l’idéologie dominante sans la combattre, y compris sur ce terrain de la science et de la philosophie, sans se donner (et sans faire vivre au sein de la société) les outils de pensée nécessaires. Mais laissons encore une fois la parole au camarade :
« Le PCF est utile au rassemblement progressiste quand il refuse de se laisser enfermer dans les faux choix entre le rejet de la science ou la mise de celle-ci sous tutelle des choix capitalistes. Et sur ce sujet, il faudra faire le bilan des graves dérives qu’ont alimentées certains de nos partenaires pendant la pandémie. De même, les solutions au sérieux problèmes climatiques sont uniquement à chercher dans des approches rationnelles. (…) Tout autant que la crise économique et politique, celle de la science est aiguë : non, la vérité n’est pas qu’une affaire de point de vue, comme le prétendent certains qui ont renoncé à leur travail scientifique et professent seulement ce qu’ils ont envie de voir selon l’identité dans laquelle ils se reconnaissent. La vérité se conquiert progressivement par le travail scientifique sérieux sur les faits objectifs. Depuis le dernier congrès, le PCF a renoué avec le rassemblement du salariat, en s’adressant à ses composantes les plus populaires. Le moment est venu de poursuivre la démarche en direction des composantes intellectuelles du salariat. Nous en avons le devoir et les moyens, grâce à la production de nombreuses revues de qualité et de collectifs de travail. »
Le camarade Thomas Turner, de la Seine-St-Denis, intitulée « Anthtopocène, capitalocène, androcène », développe aussi notre rapport à la science et rappelle un certain nombre de faits :
« En tant que communistes, nous nous devons de nous intéresser au rapport qui existe entre la transformation de l’environnement par l’humanité, le mode de production dominant dans nos sociétés, et les formes de domination qui ont cours en leur sein. Aussi, il semble capital à l’auteur de ces lignes d’aborder cette question avec rigueur.
Buffon, en 1778, écrivait que « La face entière de la Terre porte aujourd’hui l’empreinte de la puissance de l’homme ». Ainsi, avant même que le mode de production capitaliste ne vienne définitivement chasser le mode de production féodal au cours des révolutions politiques et économiques de la fin du XVIIIe siècle et du XIXe siècle, la radicale transformation de l’environnement par l’activité humaine avait déjà été constatée. Et comment pourrions-nous nous en étonner quand on nous enseigne dès l’école primaire qu’à partir du XIe siècle, des dizaines de milliers d’hectare de forêts européennes ont été défrichés au profit de l’agriculture, transformant ainsi la face de l’Europe. Remontons plus loin encore et rappelons comme l’humanité est parvenue à se maintenir dans les régions les plus arides de Mésopotamie en développant une agriculture alimentée en eau par de grands canaux d’irrigation creusés par les civilisations locales, transformant là encore les écosystèmes. La transformation de la nature, de l’environnement, des écosystèmes, par l’humanité est consubstantielle à l’idée même d’une humanité sortie de la primitivité. »
C’est important. La transformation de l’environnement par l’humanité est aussi ancienne que la sortie de l’humanité de la primitivité. On pourrait ajouter que la vie elle-même, dès son apparition sur la planète, a modifié les conditions atmosphériques. Si nous avons environ 20 % d’oxygène dans l’air, c’est que des bactéries très anciennes ont modifié la composition de l’atmosphère il y a plusieurs milliards d’année. Et si nous avons, dans le sous-sol terrestre, du pétrole, du charbon et du gaz, c’est aussi un résultat de la vie. De même, les organismes vivants jouent un rôle très important dans le cycle du calcium. Ce qui change aujourd’hui, c’est que :
« l’humanité transforme son environnement en l’exploitant à son profit, mais qu’il le dégrade et menace sa perpétuation, et par là la perpétuation de la vie sur Terre, en l’exploitant de façon intensive. En son temps, Karl Marx avertissait déjà que l’industrialisation, lorsqu’elle est associée à l’aliénation croissante des travailleurs et à la confiscation de la plus-value par la classe bourgeoise, aboutissait à la dégradation de l’environnement et à la raréfaction des ressources nécessaires au développement de la vie humaine. »
Pour autant, le camarade nous alerte sur les glissements sémantique (encore !) et sur l’instrumentalisation d’un concept scientifique (« l’anthropocène ») à des fins politiciennes (rejoignant ainsi la contribution précédemment évoquée :
« (…) nos camarades de l’ « Urgence de communisme » se sont empressés d’avancer l’idée d’un « capitalocène » faisant du mode de production capitaliste (le texte parle plus précisément de « capitalisme mondialisé »), un mode d’organisation économique parmi d’autres, le seul épisode d’intérêt dans ce long processus qu’a été la transformation de la nature par l’humanité civilisée et ce pour la raison qu’il « menace à brève échéance l’existence même de notre espèce ». Nous ne nierons pas cette dernière affirmation. Or, si nous avons reconnu avec Karl Marx que l’industrie telle qu’elle est organisée par le mode de production capitaliste nuit à l’environnement et menace la perpétuation de la vie sur Terre, nous considérons que parler de capitalocène constitue rien moins qu’une négation du matérialisme dialectique et historique. En effet, si le mode de production capitaliste est venu aggraver les contradictions inhérentes à l’organisation économique de nos sociétés (lutte des classes), il n’en est certainement pas à l’origine. Ainsi, parler de capitalocène revient à nier tant la capacité de l’humanité à transformer la nature que l’existence d’une lutte des classes avant que n’émerge, d’on ne sait pas bien où, le mode de production capitaliste. Pire, il revient à nier cette même capacité de l’humanité à transformer l’environnement une fois le capitalisme dépassé en ce que la fin d’un anthropocène réduit au capitalocène signifierait la fin de l’anthropisation de l’environnement et du développement des sociétés humaines en l’absence de la concurrence entre les acteurs économiques et de la course au profit. En conséquence, à moins de théoriser un « communocène » qui ne participerait pas à la transformation de la nature par l’humanité, le concept de « capitalocène » est à bannir de toute notre production idéologique. »
En d’autre termes, l’histoire humaine ne peut rebrousser chemin. L’homme a conquis des capacités d’actions très importantes, qui lui ont permis progressivement de modifier la nature. L’anarchie capitaliste et la recherche de profit mettent en danger l’humanité comme les équilibres naturels. L’enjeu n’est pas de jeter le bébé du progrès scientifique et technique avec l’eau du bain. Il est au contraire de trouver dans nos connaissances des lois d’évolution de la biosphère ET dans la connaissance à développer des lois d’évolutions sociales, le moyen de réconcilier l’harmonie entre l’humanité et la nature, d’accorder, par une compréhension scientifique de l’un et de l’autre, le métabolisme des cycles naturels avec l’activité humaine.
Ainsi l’humanité continuera, après le capitalisme, à être un facteur prépondérant dans l’évolution de la planète, mais au lieu de rompre les cycles naturels, elle les comprendra et permettra leur évolution harmonieuse. Marx nous a montré que cela passe par l’abolition des classes sociales, nous y reviendrons avec d’autres contributions.
Le camarade tord également le cou au concept d’ « androcène » :
« Suivant les arguments que nous avons exposé précédemment, l’androcène ne constituerait rien moins que la reconnaissance de la capacité de transformation de la nature au seuls hommes, les femmes étant volontairement exclues de ce concept. L’objectif du concept d’androcène est de condamner le rôle joué par le patriarcat dans la dégradation des écosystèmes, de rendre l’homme responsable de la dégradation de l’environnement liée à son anthropisation. Ce faisant, il revient cependant à nier les contributions de la femme à l’histoire économique de l’humanité, du passage de la cueillette à l’agriculture selon certains anthropologues, aux travaux sur la radioactivité et l’exploitation de l’énergie nucléaire (que l’on sait honnie par tout un pan de l’écologie politique) par Marie Curie et sa fille, Irène Joliot-Curie. Par ailleurs, parler d’androcène, séparer le patriarcat du mode de production au sein duquel il évolue, revient également à nier la diversité des modes de domination et leur évolution au cours de l’histoire économique de l’humanité. Dès lors, comment justifier la possibilité, la nécessité, de l’émancipation finale de la femme sous le communisme si celle-ci a toujours été dominée ? Friedrich Engels, dans L’Origine de la famille, de la propriété privée et de l’Etat, avait pourtant bien commencé à démontrer que le patriarcat n’a pas toujours existé et qu’il ne pouvait pas exister dans les sociétés aux modes de production les plus primitifs. »
Le camarade Laurent Gutierrez, de Côte d’Or, dans sa contribution « Le PCF et les idées du marxisme » se situe également dans la bataille des idées. Il invite chacun à rejoindre le Parti Communiste Français et réaffirme la nécessite de rétablir :
« les idées du marxisme comme la tendance dominante dans le mouvement communiste et syndical » ajoutant que ce « ne sera pas une tâche facile. Mais elle doit être accomplie. Le sort de notre classe en dépend. »
Resituant le PCF dans la grande histoire révolutionnaire française « de la Grande Révolution de 1789, 1848, 1871 la Commune de Paris, juin 1936, mai 1968… », comme dans l’histoire communiste internationale « celle en 1920 de la SFIC et du Komintern, de la Révolution russe d’Octobre 1917 », il affirme que « les idées et le programme révolutionnaire que nous devons porter ouvriront la voie à la victoire du socialisme ».
Toujours dans ce débat historique et philosophique, deux publications abordent les thèses formulées par Bernard Vasseur, sur le « communisme déjà là » ; celle du camarade Gérard Baussaint des Bouhes du Rhône, intitulée « Interrogations concernant les orientations du PCF » et celle proposée par le camarade Jean-Paul Legrand, du Tarn et moi-même, intitulée « communisme déjà là et socialisme nulle part ».
Le camarade Gérard Baussaint, des Bouches du Rhône, reprend les thèse de Bernard Vasseur et suggère tout à la fois que
« aucun pays au monde n’a mis en place le communisme », ajoutant même que « Nous devons le dire sans peur ni tabou »
et que néanmoins
« notre parti communiste, il ne fait jamais référence au communisme qui pourtant existe déjà dans notre vie, dans notre société. Ex : La sécurité sociale, le statut des fonctionnaires, les trente cinq heures, les congés payés, le droit de vote, ect… Ces acquis sont en permanences attaquées par les puissants et leurs godillots qui dirigent l’état. »
Il y a là une étrange contradiction et c’est ce que nous avons voulu développer, le camarade Jean-Paul Legrand et moi-même dans notre contribution « socialisme nulle part et communisme déjà là » : comment se fait-il qu’ « aucun pays n’ait mis en place le communisme » et que pourtant «le communisme soit déjà là dans notre vie ».
L’Union Soviétique et la Chine soulevant toujours de vastes débats, considérons donc le cas de Cuba : comment peut-on dire que la sécurité sociale, le système de santé, le droit du travail, sont du communisme qui existe déjà dans notre vie en France, et que la sécurité sociale, le système de santé et le droit du travail, ou le droit de vote ne sont pas du communisme, dès lors qu’ils existent de manière largement plus développée à Cuba, pays qui n’est pourtant pas aussi riche que l’est la France ?
Le « communisme » serait-il réservé aux riches ?
L’idée générale de la pensée de Bernard Vasseur est de se détourner de ce qui a été accompli dans de nombreux pays par les communistes au 20ème siècle. Pour cela, il renverse purement et simplement la pensée de Marx. Voici ce que notre contribution en dit :
« Ainsi, dans une interview, Bernard Vasseur déclare :”En 1848, Marx et Engels ont bien écrit le Manifeste du Parti communiste. Par la suite on s’est réclamé du socialisme mais, selon moi, il y a une différence d’ambition et de moyens politiques entre les deux. Par exemple, le socialisme souffre de sa croyance dans l’État comme moteur de la dynamique sociale, pas le communisme. Le communisme selon Marx n’a jamais été essayé.” Or c’est dans ce même ouvrage que Marx et Engels font la critique des socialistes utopiques qui présentaient le socialisme comme une société idéale. Un tel exposé porte un réductionnisme de la pensée de Marx qui interroge. Bernard Vasseur oublie qu’il n’ y a jamais correspondance directe entre l’état matériel des forces productives et l’état de la pensée, ou autrement dit de l’idéologie des hommes. Il y a toujours un décalage qui se règle, se réduit dans la lutte des classes, par l’appropriation des hommes de leur expérience de classe et cela progressivement. Progressivement !
Par conséquent, si l’idée que le communisme frappe à notre porte est séduisante, en raison de la socialisation poussée des forces productives dans le capitalisme, on est loin d’une socialisation de la propriété et de la gestion de ces moyens de production, qui nécessite un très haut niveau de conscience – et de pouvoir – non seulement technique mais politique des travailleurs. On est au contraire dans une phase du capitalisme où les avancées sociales qui sont issues de conquêtes du mouvement ouvrier sont chaque jour remises durement en cause voire détruites. Nous ne devons pas sombrer dans l’idéalisme, qui consisterait à dire que les conditions sont d’emblée existantes pour construire le communisme. Elles le sont en partie du point de vue des potentialités du travail, mais elles restent hypothétiques quant à l’idéologie nécessaire pour une maîtrise politique des moyens de production par la classe ouvrière, par l’ensemble du monde du travail »
Cette conception du « communisme déjà là », qui se dédouane facilement des expériences des communistes du 20ème siècle, est bien pratique. Ainsi que nous le dit Gérard Baussaint :
« « Nous avons pensé qu’il ne pouvait pas y avoir du communisme venant habiter les aspirations et découlant de luttes sociales avant même la conquête du pouvoir d’état. Tout cela à rendu le parti se réclamant pourtant du communisme parfois aveugle à des « bougés » de la vie sociale qui pouvaient porter une belle dynamique de changement (Bernard Vasseur). »
Ainsi, la question du communisme est-elle ramené à la question suivante : il faudrait oublier de « conquérir le pouvoir d’état, le pouvoir politique » et plutôt rechercher dans les « bougés » de la vie sociale les « dynamiques » de changement. Comme nous le notons dans notre contribution (et comme nous pouvons l’observer chaque jour dans l’actualité), une telle conception laisse le champ libre à la réaction et à la contre révolution :
« Mais comment déjà dépasser le capitalisme sans rupture avec lui ? Sans que cette rupture ne se fasse par des luttes progressives, difficiles, conflictuelles et durables ? Sans que les classes dominantes résistent au nouveau ? Et comment qualifier cette société en transition, qui n’est plus capitaliste, mais qui n’est pas encore le communisme ? Dans cette société en transition, la révolution est en œuvre, et son pendant est la contre-révolution. Bernard Vasseur élude cette question qui est pourtant au coeur de toutes les expériences révolutionnaires : celle de la contre-révolution et de la lutte de classe devenue corps à corps entre la révolution et la contre-révolution.
« S’il n’y a ni processus révolutionnaire, ni étapes, construit-on le communisme en un jour ? Bernard Vasseur nous dit, dans la même interview, “Le communisme, c’est la visée de l’émancipation humaine. Alors ce n’est certes pas le grand soir, mais c’est bien une révolution. C’est l’idée d’un changement d’ère de l’humanité, où chaque être humain décide individuellement et collectivement de se battre pour maîtriser sa vie et décider de son travail”.”Voilà comment, selon Bernard Vasseur, le communisme peut être “déjà là”, sans étape, déjà là dans la société capitaliste. Le communisme de Bernard Vasseur est un communisme de visée. Il n’est pas nécessaire de renverser le capitalisme, pas même de commencer à renverser le capitalisme, ce serait une étape et l’étapisme est condamnable. Cela risquerait de nous mener à l’échec. Il suffit que “chacun décide individuellement et collectivement de se battre pour maîtriser sa vie et son travail”. Dès que le combat commence, dès même que l’idée du combat se forme dans notre tête, le communisme est “déjà là”. En fait, le communisme, il suffit d’y penser très fort et il est “déjà là”. Pensée magique d’un communisme “sans échec possible”. Mais qu’on ne s’avise pas d’aller plus loin, de prendre le pouvoir et de transformer la société, car alors, la réalité du mouvement perd son caractère pur et idéal. »
L’union, son sens, son histoire, ses leçons :
Ces développement philosophiques peuvent paraître un peu long et complexe. Pourtant, il est évident que, si la perspective n’est pas le renversement du capitalisme, c’est à dire, dans un premier temps, de son pouvoir d’état, mais simplement la recherche de « bougés sociaux », créant une « belle dynamique », l’ensemble de la stratégie politique que nous pouvons suivre en est changée.
Cette stratégie, et notamment la place du parti et son rapport aux autres organisations, notamment de la « gauche » est au centre des enjeux et abordé dans de nombreuses contributions. Ce débat se matérialise autour d’un texte alternatif. Comme le souligne le camarade Jean Jacques Karman, de Seine St Denis :
« Ce texte minoritaire a été élaboré par l’ancienne direction du parti, celle de Pierre Laurent. Il prétend se substituer à la base commune votée à une large majorité par le CN. Ce serait un retour à une orientation qui nous a fait beaucoup de mal depuis les années « Gauche plurielle », où les communistes au gouvernement ont, par exemple, voté les privatisations, etc… A la lecture des noms des signataires, j’ai reconnu les anciennes directions battues au dernier congrès »
Commençons donc par la contribution du camarade Roger Hillel, des Pyrénées Orientales, précisément intituléé : « Voici pourquoi je signe le texte alternatif ». A la lumière du texte qu’elle défend, cette contribution est constitué d’un grand nombre d’affirmations, qui sont posées, sans aucunement être justifiée ni prouvée :
“L’INTERROGATION QUI S’IMPOSE : Cette interrogation est :« Le capitalisme en crise générera-t-il de nouvelles fractures et de nouvelles souffrances, de nouveaux monstres, de nouvelles guerres… La crise débouchera-t-elle sur la violence plus dure encore des politiques réactionnaires, sur une victoire de l’extrême-droite ? » Et pour la France : « La possibilité de voir l’extrême droite gagner le pouvoir en France est devenu un scénario tangible » Pour déjouer ce scénario, le texte affirme que la seule réponse est : « une voie de gauche radicalement nouvelle, rendue possible par des rassemblements populaires transformateurs et une union populaire de gauche capable d’assumer le pouvoir ; » C’est cette alternative qui fait du « rassemblement, une question incontournable ». « C’est pourquoi la construction d’une alternative de gauche s’appuyant sur une majorité populaire et un programme de transformation sociale partagé est indispensable. »
Les majuscules sont celles du camarade. Quasiment chacune des phrases de ce paragraphes méritent d’être questionnée. Commençons par le commencement : Jaurès disait « Le capitalisme porte en lui la guerre, comme la nuée porte l’orage ». Et en effet : le capitalisme n’a cessé de générer des guerres, des violences, de l’oppression, des souffrances, sans même être « en crise », c’est sa nature profonde, celle d’un régime de domination d’une classe minoritaire et opulente sur la majorité aliénée. Le capitalisme n’a pas attendu d’être en crise pour coloniser la planète, pour résusciter l’esclavage et pour mettre le monde à feu et à sang. Il n’a pas attendu pour employer la troupe contre les ouvriers et les paysans ; Il n’a pas non plus attendu d’être en crise pur instiller partout les poisons du racisme, de l’antisémitisme et de toutes les formes réactionnaires. Ce n’est donc pas « le capitalisme en crise » qui « risque de générer de nouvelles fractures et de nouvelles souffrances », c’est le capitalisme tout court.
C’est pourquoi l’enjeu n’est pas de « déjouer un scénario », mais de vaincre le capitalisme pour établir une société nouvelle. Et ceci ne nous dispense donc pas de faire le bilan des 40 dernières années pour comprendre comment nous en sommes arrivés là. Le camarade – et le texte dit « alternatif »- affirment que la
« seule (sic) réponse est une voie de gauche radicalement nouvelle, rendue possible par des rassemblements populaires transformateurs et une union populaire de gauche capable d’assumer le pouvoir ».
Mais, n’est ce pas justement ce que la « gauche » a fait à plusieurs reprises (notamment en 1981 et en 1997) ? Ce projet n’a rien de « radicalement nouveau » . Il a été essayé plusieurs fois (pas seulement en France) et les résultats en sont presque partout et toujours le renforcement de l’extrême-droite, dont on prétend pourtant « déjouer le scénario ».
Le terme « assumer le pouvoir » mériterait une analyse fouillée. Qui est supposer assumer quel pouvoir et au nom de qui ? Assumer le pouvoir n’est pas prendre le pouvoir. Dans ce sens institutionnel, assumer, signifie assumer une fonction, endosser une responsabilité. Il ne s’agit pas de prendre le pouvoir politique dans un sens révolutionnaire pour changer la loi sociale, mais d’assumer la direction du gouvernement dans une société capitaliste. C’est effectivement ce qui a été fait, par une « gauche unie », portée par un programme et un rassemblement « populaire » en 1997 et précédemment en 1981. C’est ce qu’on a constaté par deux fois être une impasse. Qu’est-ce qui permet de dire qu’une troisième fois serait différente ?
La solution toute trouvée au « rassemblement populaire », selon notre camarade (qui cite toujours entre guillements le « texte alternatif », c’est la NUPES.
« Dans cette perspective, la NUPES « est un premier point d’appui ». « Sa création en mai 2022 a été un signal d’espoir ». Elle « est d’ailleurs née sous la pression populaire qui exigeait cette réponse unitaire ». Elle « scelle l’alliance de l’ensemble des forces de gauche (EELV, LFI, PCF et PS) autour d’un programme de rupture. Pour la première fois depuis des décennies, les idées de transformation sociale sont au premier plan du débat politique, porté par un rassemblement à vocation majoritaire. » Le texte ne manque pas de préciser que la NUPES « repose sur un accord reconnaissant à chacun son autonomie politique et sur un programme partagé de 650 mesures, qui n’élude pas pour autant les points de divergence entre ces formations (33 en tout). »
Commençons par une première remarque : Si la NUPES est une alliance de force qui « repose sur un accord reconnaissant à chacun son autonomie politique » et « n’élude pas les points de divergence », à qui le doit-on ? Est-ce grâce aux camarades qui, en 2017, voulaient nous fondre dans la LFI (dont on mesure chaque jour davantage l’absence totale de démocratie interne) ? Est-ce grâce aux camarades (dont certains signataires du texte de la minorité) qui ont choisi de jeter aux orties la décision collective des communistes pour soutenir la candidature de Jean-Luc Mélenchon dès le premier tour ?
La NUPES est un bloc électoral. C’est un fait. Ce bloc était nécessaire, mais rien n’est résolu. Plutôt que de dire “NUPES, NUPES, NUPES”, il nous sera utile de nous plonger dans les enseignements de l’histoire et d’en tirer des éclaircissements pour l’avenir. C’est ce à quoi nous invite la contribution du camarade Pierre-Alain Millet, du Rhône, sur l’expérience du programme commun, puis de l’ « union de la gauche » de 81. Le camarade Pierre-Alain Millet, dans sa contribution intitulée « Marchais, l’homme qui avait choisi l’union comme un combat » évoque la mémoire de Georges Marchais et toute cette expérience du « programme commun » et de l’ « union de la gauche ». Il attire notre attention sur la distinction entre le terrain électoral et le terrain de la lutte populaire de masse :
« Nous savons avec le recul que non seulement le programme commun n’a pas été un outil de mobilisation populaire contre le capital, mais qu’il a été au contraire un extraordinaire outil de détournement de l’action populaire vers la délégation de pouvoir. Le changement n’était plus une question d’affrontement avec les monopoles mais une question purement électorale. Plus les communistes vendaient de programme commun, plus ils créaient l’illusion que le changement se ferait d’en haut, malgré les différences entre communistes et socialistes, et que donc, la seule chose qui comptait devenait “l’utilité du vote”, ce vote utile qui allait permettre au parti socialiste de prendre la direction de l’union de la gauche. Les communistes l’ont mesuré dans les difficultés de “l’actualisation du programme commun” autour des législatives de 1978. Cette tension entre soutien électoral et affrontement des monopoles allait éclater après 1981 dans les contradictions de communistes tiraillés entre soutien à leurs ministres et participation aux luttes, jusqu’à la terrible défaite des sidérurgistes qui représente symboliquement le moment où les communistes ont été “déchirés” du cœur de la classe ouvrière… La cassure entre le parti du peuple et le peuple ne feront désormais que s’agrandir. Les fractures dans le parti communiste ne feront que s’aggraver. »
Tout est dit. La NUPES, hors l’accord électoral tactique, n’est qu’une pâle répétition de ce qu’on pu être les mobilisations populaires puissantes des années 70, contre le patronat, pour les droits des travailleurs mais aussi contre le colonialisme, contre la guerre américaine au Vietnam, pour la fraternité et pour la paix. L’enjeu n’est pas de refaire ce qui n’a pas marché, il est d’en tirer sincèrement les leçons.
Cela ne signifie pas bien sûr qu’il faut abandonner la NUPES. C’est au contraire un acquis durement gagné, mais fragile, ainsi que le souligne le camarade Alain de Poilly, du Val de Marne :
« Pour renforcer leur union aux élections législatives les partis de gauche ont décidé de créer un outil pour se concerter la NUPES. Nous devons préserver cet outil de toute tentative hégémonique venant de JL Mélenchon et de son mouvement FI. Effectivement cela serait la mort assurée de la NUPES, comme cela l’a été avec, les antilibéraux et le Front de Gauche. »
Car si l’union populaire est une condition pour peser sur la situation sociale, elle peut donc aussi véhiculer des illusions dont les réveils seront douloureux. Marx nous l’a enseigné : « Les hommes font leur propre histoire, mais ils ne la font pas arbitrairement, dans les conditions choisies par eux, mais dans des conditions directement données et héritées du passé. » Pierre-Alain relate ainsi le discours et le questionnement de Georges Marchais en 1972 :
“Georges rappelle l’enjeu historique sans précédent, qui ne peut être comparé à 36 ou 45, ni mêmeau Chili d’Allende [2] : 1° L’expérience — que nous voulons faire — d’une collaboration socialiste- communiste dans la mise en œuvre d’une politique démocratique avancée est une expérience sans précédent. Elle ne sera pas au même niveau que les expériences que nous avons connues dans notre pays en 1936 ou en 1945. Elle ne sera pas de même nature que ce qui s’est passé en Finlande, ou se passe au Chili. Les conditions sont très différentes. Il alerte sur ce qu’il faudra surmonter au plan international, en insistant plus sur les enjeux militaires (OTAN) que financier (dette et monnaie). Nous avons appris depuis à quel point le capital peut étrangler financièrement des velléités d’indépendance nationale, comme en Grèce, mais il faut dire qu’à cette époque, personne ne sait encore que la monnaie nationale de France pourrait être dominée puis absorbée par le mark allemand…
Parmi les conditions historiques et géographiques, encore valables aujourd’hui, figure les appuis impérialistes de la bourgeoisie française, ainsi évoqués par Georges Marchais (repris par Pierre-Alain Millet) :
« De plus, les liens avec le système des pays impérialistes seront également politiques et militaires, en raison de l’appartenance de la France au Pacte atlantique et de sa coopération avec l’O.T.A.N Il est à peine besoin de souligner les appuis, voire les complicités que cette situation ménage pour les forces réactionnaires en France, qui ne manqueront pas de tenter d’en tirer parti. A l’inverse, la mise en œuvre indispensable d’un type nouveau de coopération internationale, d’une réelle politique de paix et de désarmement, en sera rendue plus difficile. »
La Camarade Marie-Claude Gargani, des Bouches du Rhône, dans sa contribution intitulée « Réflexions sur la base commune » (partie 2) prolonge cette réflexion :
“1981, n’a pas servi de leçon, la social-démocratie s’est développer au détriment de notre parti, in fine pour donner des gages au capital. Pour comprendre il suffit de remonter la pendule du temps :
– 1994 28eme congres : Abandon du centralisme démocratique, abandon de la presse organe du PCF, abandon d’organisations proches de nous
– 1996 29eme congres : Abandon de la référence au marxisme, et symbole de la faucille et du marteau (Lénine)
– L’apothéose avec le 30 eme congrès dit celui de Martigues où sont passées les cellules ?
Pour démontrer qu’au fil de congrès en congrès, la ligne du parti s’est mis en orbite sur une voie électoraliste. Après cinq années de gauche plurielle, l’échec lamentable des comités anti libéraux, (dont Autain et Coquerel, les verts, avec d’autres ont été les sinistres artisans), l’espérance du Front de Gauche avec pour Capitaine l’illustre populiste Mélenchon, et enfin 2017, l’effacement total sans condition derrière la candidature du Chef du Parti de gauche ou des Insoumis »
Le Parti, son unité, son renforcement, le centralisme démocratique
Après ces réflexions sur la stratégie et l’expérience historique des 50 dernières années, une série de contribution questionnent légitimement l’état du parti. Voici d’abord, comment la camarade Marie-Claude Gargani, des Bouches du Rhône, conclut sa contribution :
« C’est une richesse inestimable que notre parti soit composé de personnalités d’une extrême diversité. Concernant le texte alternatif, je laisse la conclusion à Georges Marchais lors des 25eme congrès.
« « Mais tout autre chose serait sous vocable de diverses sensibilités de se mettre à opérer des classifications entre communiste et ainsi de jeter les bases d’une organisation du parti en tendance. Laisser si peu que ce soit le parti dériver dans cette voie, ce serait travailler à sa perte. La première condition pour être sur que sa propre personnalité sera respectée ce n’est pas être au départ catalogué, étiqueté, considéré non pas comme un individu à part entière parlant de sa propre voix mais comme le porte-parole d’un leader, ou d’un clan. Comment imaginer que notre parti pourrait tenir plusieurs discours à la fois, si il est dans la nature d’un parti social-démocrate de se prononcer pour une politique et d’en mettre une autre en pratique, il est dans la nature d’un parti révolutionnaire d’accorder ses actes à ses paroles. I L NE PEUT DONC TENIR QU’UN SEUL LANGAGE. » »
Le camarade Alain de Poilly, de la fédération du Val de Marne, intitulée « confirmer le 38ème congrès » aborde également cette question :
« Le congrès permet aux adhérents du parti communiste de choisir démocratiquement une stratégie. Chacun peut exprimer son accord, ses désaccords ou faire des propositions pour amender le texte” des jours heureux”, voire présenter un texte alternatif, mais une fois choisie une stratégie par le vote démocratique au congrès, il faut que tous les communistes respectent les choix des congrès. En effet si après chaque congrès nous nous divisons, nous nous affaiblissons forcément électoralement et financièrement.
Il serait paradoxale que ceux qui ont affaibli leur parti en entretenant une division active contre la stratégie du 38ème congrès, puissent venir dire ou écrire au 39ème congrès ‘ Nous avions raisons la preuve avec le 38ème congrès le parti communiste s’est affaibli électoralement et financièrement. Avec le 38 ème congrès notre parti a gagné en visibilité, maintenant il passe mieux dans les médias, il apporte à la gauche son analyse marxiste de l’économie et sa vision d’un monde plus juste et plus fraternel, il a une stratégie d’union avec tout le peuple de gauche. C’est pourquoi Il faut confirmer au 39 ème congrès le choix stratégique du 38 ème congrès »
Le camarade Jean Dartigues, des Landes, commence sa contribution, intitulée « Et si nous parlions du centralisme démocratique » par la même inquiétude :
« Je suis atterré par la diversité de positions et de contributions partisanes et je dirais même sectaires. A lire ces documents, tous les autrices et auteurs affirment être ou vouloir être attaché(e)s au communisme et à ses valeurs humaines avec l’objectif de rassembler toutes les françaises et tous les français pour la mise en œuvre de ces valeurs. Or, cela ressemble davantage à des oppositions à la base commune, rejetant celle-ci sans exprimer la moindre idée d’enrichissement, créant ainsi ou alimentant des courants plus ou moins structurés.”
Et le camarade soulève cette question du centralisme démocratique, avec lucidité :
« (…) je suis toujours attaché au centralisme démocratique qui me semble encore et toujours d’actualité. Afin de taire les critiques acerbes sur ma position, je ne suis pas d’accord sur la façon dont il s’appliquait dans le parti, à savoir la tête a décidé, corps tu exécutes. Malgré la suppression de ce centralisme, dans son fonctionnement, le parti n’a rien changé sur le contenu du centralisme.
Par contre, ce qui a changé, c’est que petit à petit, le parti est devenu comme le PS. Plusieurs courants plus ou moins bien organisés, des communistes qui ont créé des associations ou mouvements avec la double appartenance et des communistes qui sont restés communistes mais sans être adhérent(e)s. Par cette dislocation de la famille communiste, les voix se sont éparpillées allant jusqu’à l’extrême droite. L’électorat de gauche n’a plus reconnu le parti avec ce nouveau visage et ses alliances locales pour conserver des sièges ….. que nous perdions quand même car « nos alliés » essentiellement PS ne jouaient pas le jeu honnêtement. »
Et voici comment le camarade résume la légitimité de notre parti et l’exigence d’un fonctionnement serein et respectueux :
« Notre parole est audible, crédible, rassembleuse, permet de dépasser les aspirations hégémoniques ou/et des Egos. Le PCF, par ce contenu révolutionnaire que porte la résolution de l’ONU, retrouve une position majeure car il est le seul parti à porter réellement le changement radical de politique. De ce fait, la présence du parti dans toutes les élections devient indispensable et incontournable afin que tout l’électorat ait connaissance de notre message.
Contrairement à ce que disent nos adversaires ou détracteurs, nous ne cherchons pas à compter nos voix, nous voulons faire grandir la conscience de classe. Cela passe déjà par mettre en perspective cette évolution de la conscience de classe dans notre parti afin que chaque communiste participe réellement à la vie du parti, à son orientation, à son activité et cela passe, selon moi, par le centralisme démocratique, nouvelle formule. En synthèse, la base fait remonter des idées, des propositions, le sommet met en forme, débats, échanges et vote par la base sur le projet amendé. Il faut sortir de cette pratique qui consiste à faire des choix imposés par le temps, en urgence. Soyons honnêtes entre nous, et cela est commun à toutes les structures, peu de camarades lisent la totalité des documents de congrès et, de ce fait, ne peuvent avoir une appréciation et un avis strictement personnel. »
Face à ces questions difficile, le camarade Jean Dartigues, de la Gironde, fait un constat similaire :
‘L’annonce d’un texte alternatif à celui de la « Base Commune », co-signé par Pierre et Marie-George, certes, parfaitement statutaire, éclaire crument, violemment, l’état de désaccords, qui vont bien au-delà de simples rivalités de personnes, mais porteur de divergences sur la stratégie. On le savait, on faisait semblant, on s’accommodait, mais ce n’était pas tenable, et sans doute, le moment est-il venu de trancher. Est-ce fatal, inéluctable ? Va-t-on vers une scission ? Tout est possible. Ce qui se passe au NPA (scission de Besancenot et Poutou) au PS et ailleurs, sur la thématique de l’Union entre partis, à la fois proches et concurrents, montre bien les enjeux actuels, au sein de la gauche française. Le P.C.F, d’essence révolutionnaire, semble ne pas pouvoir y échapper et pourtant… »
Il apporte en revanche une solution certes originale mais dont on me permettra de douter, celle de la « synthèse » et, comme la question qui lui semble la plus problématique est celle de la candidature à l’élection présidentielle (je me permets également d’en douter), il propose de bâtir cette synthèse sur l’enjambement de la présidentielle :
« L’élection présidentielle est-elle l’acte politique majeur des changements, en France ? Poser la question c’est y répondre et personne ne le pense vraiment dans le Parti et au-delà. Elle est un piège institutionnel, pour nous, pour les changements et pour notre peuple. Il faut, à mon avis, « l’enjamber », la shunter en la transformant. Je pense qu’il nous faut « utiliser » cette tribune, non pour « se » valoriser individuellement comme Parti, mais en faire un moment fort du renversement de la Vème République. (…) Si nos désaccords sur ce point, sont irréconciliables, je propose une alternative : Il est temps de passer à autre chose et d’avancer, créer l’évènement et forger l’avenir. J’émets une proposition : Faire appel à un triumvirat de personnalité politiques, non dirigeants de Partis, dont l’objet unique pour la présidentielle, sera de définir les grands axes d’un « Référendum Constitutionnel ». Assorti de l’élection d’une Assemblée Constituante, auto-transformée en Législative, par les « Partis démocratiques » soutenant cette démarche politique et citoyenne. Ces grands axes devant acter une « Nouvelle République Parlementaire Démocratique, Sociale et Écologique pour la France ».
L’expérience montre malheureusement, que ces tentatives de voie intermédiaire ou alternative n’ouvrent pas de solution concrète et suscitent en général l’opposition commune des gens qu’il s’agit de réconcilier.
Dans la réflexion large sur le fonctionnement du parti, est ouverte, pour ce congrès, la réecriture des statuts. Plusieurs contribution abordent cette question. Les camarades Lucas Panza et Tony Deremetz, du Pas de Calais, dans leur contribution intitulée « Le parti se renforce en s’épurant » abordent la question difficile des exclusions et des réintégration : :
« il n’est pas acceptable que nous soyons infectés par des éléments anticommunistes ou par des personnes criminelles dans leurs actes personnels, ce qui entache la crédibilité politique et morale de notre Parti. Voilà pourquoi nous allons vous détailler en plusieurs points en quoi cette modification est bénéfique pour le parti et pour la sauvegarde des idéaux communistes. »
Ils ajoutent que :
« Concernant les mœurs et le degré de tolérance de notre société, la situation a évolué, les françaises et les français réclament l’irréprochabilité des forces politiques et de ses acteurs. Comment pouvons-nous obtenir la confiance et le respect du peuple lorsque le parti pourrait faillir ou failli aux lois les plus consensuelles qui protègent le genre humain dans sa dignité et sa confiance. »
Et que :
« Le Parti Communiste Français ne doit pas passer à côté de l’histoire et doit donc revenir à sa gloire d’antan, à son aura auprès de celles et ceux qu’il doit défendre : la classe prolétarienne. Clarifier la ligne politique, être respectables et respectés voilà tout l’enjeu de ce congrès de 2023 avec comme objectif la conquête du pouvoir et les jours heureux. »
Enfin, les camarades précisent que :
« Pour vous proposer cette contribution nous avons travaillé pendant 2 semaines sur les rapports des XXII et XXIIIe Congrès du Parti Communiste Français. Nous avons également étudié par les constats de la société actuelle les raisons de la chute du Parti Communiste Français auprès des français et de la classe laborieuse. Pour la proposition de modification nous nous sommes appuyés sur d’anciens statuts du Parti sur la période 1960-1981. »
Le camarade Luc Foulquier, des Bouches du Rhône, dans sa contribution intitulée « Remarques sur les statuts » aborde également cet enjeu de la refonte des statuts. Il aborde beaucoup de questions très importantes, qu’il est difficile de résumer. J’invite les camarades à lire attentivement sa contribution (comme les autres, d’ailleurs) en insitiant sur l’importance cruciale, dans la vie d’un parti,des questions statutaires. Qu’il me soit permis de retracer simplement un point que le camarade développe et argumente particulièrement. Il concerne le journal « L’Humanité » :
« Chapitre VIII : L’Humanité Là j’ai un désaccord de fond ! On ne sait plus à qui appartient le journal ? Bien sûr, on ne revient pas sur le fait qu’il n’est pas l’organe du Comité National. C’est clair. Mais c’est un journal communiste ! Il faut préciser ce que ça veut dire. On peut imaginer un journal « communiste » qui ne défende pas ou ne fasse pas connaitre les positions du PCF… et dans le même temps on demande aux membres du PCF de lire l’Humanité et le magasine, de les diffuser et de les aider financièrement ! (Je précise que je suis un fidèle lecteur et diffuseur de ces titres). Mais des camarades me disent (faute d’accord) qu’ils ne les lisent plus. Cela cache aussi le recul de la lecture. Il est vrai que parfois l’Huma fait trop de place à d’autres ! Ignore les travaux des commissions du PCF, et les potentialités qu’il y a parmi les membres du Parti. J’ai un « gros dossier », par exemple, sur l’écologie et l’énergie. Bien trop souvent sont exposées des positions très éloignées de celles du Parti (sur le nucléaire …). Beaucoup d’interventions d’autres organisations (associations, partis) et peu de membres du PCF. J’avais proposé, en accord avec les commissions nationales « énergie » et « écologie » des noms de camarades et de non communistes (ingénieurs, chercheurs,…) acceptant d’intervenir dans l’Huma. J’en avais discuté avec les responsables de l’Huma qui n’ont jamais contacté ces personnes. J’ai écrit récemment un texte pour « fil rouge » sur la question de la droitisation de la société… malgré ma relance, l’article n’est jamais paru ? On écrit que les communistes sont garants de l’existence de l’Huma et qu’elle appartient à toutes celles et ceux qui veulent participer à l’avenir d’un quotidien communiste ! Je comprends qu’on voit large bien sûr, mais alors des gens qui se disent communistes ou proches du PCF peuvent se rendre propriétaire du journal ? (On sait à quel point la fête de l’Huma est visée). Ça peut être dangereux. Qui dirige le conseil de surveillance, si ce n’est qu’il représente des forces qui défendent le journal ? Encore faut-il connaitre la ligne éditoriale du journal, qui peut être en opposition avec les positions du PCF ?? C’est ce conseil qui élit le directoire et son président. Quelles garanties politiques ? Cela n’enlève rien à la nécessité et à la qualité du journal… Mais du point de vue statutaire (puisque c’est dans les statuts du PCF), c’est loin d’être clair. Je pense que cette question doit être posée et réglée de manière politique et juridique au prochain congrès. J’ai présenté ces réflexions (après 54 ans de vie militante) dans le seul souci de débattre et de mieux préciser et enrichir nos statuts »
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