Féministes, en roller et contre tout in L’HUMANITE
Dans la soirée du samedi 12 février à Fleurance (Gers), sur le chemin du bar, Charline Hernandez se souvient avoir croisé furtivement deux jeunes à l’allure étrange, un homme et une femme, en train d’apposer des autocollants sur le mobilier urbain. Le lendemain, ce village de moins de 6 000 âmes découvrait des slogans du genre « Avorter c’est tuer ». Des stickers similaires tapissaient le patelin voisin de Lectoure, 3 700 habitants, sans aucune signature. Ces propos haineux à l’encontre du corps des femmes, destinés à culpabiliser les audacieuses décidées à mener leur vie comme elles l’entendent, auraient longtemps pu défigurer les murs de ces bourgades. C’était sans compter sur les Brutales rurales, l’équipe de roller derby du département, qui, dès le dimanche, s’affairaient à décoller le tout.
C’est que la défense des droits des femmes et de l’inclusivité de la communauté LGBT sont inscrites dans l’ADN de cette discipline née dans les années 1930 aux États-Unis, en réaction aux sports masculins de contact réservés aux hommes. Déployé dans l’Hexagone depuis une quinzaine d’années, le roller derby se pratique en patins à roulettes et consiste à tourner sur une piste oblongue pour dépasser ses adversaires, sans se faire projeter au sol, ni sortir du terrain. « On a aussi fait un communiqué », précise Charline Hernandez, 32 ans, adhérente au PCF. « On a contacté les maires des deux villes, qui ont condamné ces actes et ont porté plainte contre X », glisse-t-elle. Agente de la fonction publique durant six ans, Séquano-Dionysienne depuis toujours, Charline Hernandez a débarqué l’été dernier dans le Gers, où réside une partie de sa famille, pour y devenir pâtissière. « J’avais déjà fréquenté un club dans le 93 et, même si ça n’a pas été le seul argument, l’existence de cette équipe m’a donné envie de m’établir ici. Je savais que j’allais pouvoir évoluer dans un espace féministe, bienveillant. »
Depuis leur création en septembre 2021, les Brutales rurales multiplient les actions en dehors des entraînements et des matchs. Les échanges avec le planning familial, les formations politiques sont réguliers pour la trentaine d’adhérentes de 16 à 60 ans. Sans oublier les soirées roller disco, évidemment. « À la base, on devait être un club de lecture féministe et puis l’une d’entre nous, qui avait déjà pratiqué le roller derby, a proposé que l’on en fasse… et ça a pris ! » rembobine Ariadna Jorda, présidente de l’association non mixte, ouverte aux minorités de genre.
Histoire de ne laisser aucune place aux réactionnaires.
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