VIDEO. Serre hydroponique d’Emmaüs : près de 6500 plants de légumes cultivés dans l’eau… In DDM
La serre hydroponique des Jardins suspendus de Lomagne, détenue par Emmaüs et faisant appel à une douzaine de salariés en réinsertion, est désormais en activité. Un an après le début de sa construction, des milliers de plants sont en train de s’y développer…une croissance qui se fait non pas dans la terre mais uniquement dans l’eau!
C’est un chantier qui avait débuté en mai 2022 et qui est sur le point d’aboutir. Un an après, les 2000m2 sur lesquels s’étend la serre entièrement mise en place par les employés en réinsertion d’Emmaüs et des compagnons de l’association, seront bientôt tous exploités.
Mais cette serre, qui de l’extérieure ressemble à tout autre serre, a quelque chose de peu commun. À l’intérieur, pas de godets étalés mais des linéaires de gouttières, une pompe, et des tuyaux qui relient le tout. Les plants sont en effet directement immergés et poussent dans l’eau. Un procédé qui n’est pas nouveau, mais qui n’est pas si courant. À terme, 2000 pieds de tomates, autant d’aubergines et de poivrons ainsi que 500 plants de concombres vont se développer dans cette serre.
Pas d’engrais ni de produit phytosanitaire
« L’agriculture hors-sol n’est pas encore bien acceptée en France et pour beaucoup c’est quelque chose qui n’est pas forcément associé à une démarche écologique, regrette Jérémy Le Moinier, l’encadrant technique du site, et également ingénieur agronome. Ici, nous avons fait nos semis avec des graines bios, et nous n’utilisons aucun engrais issu de la pétrochimie ni de produit phytosanitaire », souligne le spécialiste. Pour lutter contre les nuisibles, des insectes auxiliaires peuvent être appelés à la rescousse!
Et d’ajouter : » Nous ajoutons uniquement des sels minéraux pour enrichir l’eau utilisée ». Une eau qui est d’ailleurs utilisée avec beaucoup de précaution. « Nous récoltons l’eau de pluie dans un bassin accolé à la serre. Celle-ci, une fois envoyée dans le réseau est entièrement et indéfiniment réutilisée. On fait des analyses une fois utilisée pour savoir quels sels minéraux ajouter pour le bon développement des plantes », révèle l’ingénieur agronome. Bien sûr une partie de cette eau disparaît malgré tout : elle est contenue dans les légumes produits et une autre partie s’évapore. Mais tout est réfléchi pour en gaspiller le moins possible. « La serre permet d’économiser l’eau : on en utilise 10 fois moins qu’en agriculture traditionnelle », promet-il.
« L’hydroponie est une agriculture très productive. Ici par exemple on a 12 plants de tomates au mètre carré, c’est beaucoup », met-il avant.
Des légumes pour alimenter la cuisine centrale d’Emmaüs
D’ailleurs, ce jour-là, une des salariés des Jardins suspendus de Lomagne est affectée à la recherche de fuite et à les colmater. Plus loin, Sandra et Amandine font le tour des nombreux plants présents dans la serre. « On vérifie les plants et ceux qui ont des racines suffisamment développées, nous les installons dans l’eau », explique la jeune femme. « J’avais déjà fait un peu de maraîchage avant mais ce que nous faisons ici, c’est vraiment super. Ça nous permet aussi de travailler sur notre projet personnel et de réfléchir à ce que nous aimerions faire comme travail après », complète sa binôme.
Car l’objectif du site beaumontois est double. Il vise d’une part à fournir des légumes à la cuisine centrale d’Emmaüs 82, qui délivre 600 repas par jour. « Notre volonté n’est pas de vendre les produits mais seulement d’être autosuffisant. En cas de surproduction, nous avons déjà imaginé nous mettre en relation avec d’autres associations », insiste Jérémy Le Moinier.
Second objectif : permettre aux salariés du chantier de réinsertion de retrouver le chemin de l’emploi. « Cinq d’eux sont sur une très bonne dynamique, souligne l’encadrant technique et dernièrement l’un d’eux a retrouvé un travail de chauffeur-livreur, se félicite Jérémy Le Moinier. Chaque victoire est une victoire collective et ça permet de motiver le groupe« , se réjouit-il.
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