Avec près de 2200 emplois supprimés au budget 2024 dans les 1er et 2d degrés publics, l’année du “budget historique” ressemble à celles du premier quinquennat. La publication des “bleus” budgétaires apporte enfin les précisions que le ministère n’a pas données le 27 septembre. On relève aussi au budget la baisse des fonds sociaux et l’augmentation des versements au privé.

La répartition des suppressions de postes

Si la publication du budget donne chaque année depuis 2017 lieu à des mises en forme habiles, celle du 27 septembre se distinguait par le refus d’apporter des informations sur des points importants. Gabriel Attal n’avait pas donné le nombre de postes supprimés dans chaque degré d’enseignement affirmant que c’était en discussion. Cela alors même que le projet de loi de Finances était déposé. Sa consultation indiquait 1331 postes supprimés dans le premier degré et 680 dans le second. Finalement, la publication des “bleus” budgétaires, qui affichent le détail des dépenses, permet d’y voir clair.

Dans le premier degré, ce sont 1709 emplois (ETP) qui disparaissent. Cela représente 1330 “ETPT”, un mode de calcul gestionnaire qui ne renvoie pas aux personnes. 1511 emplois disparaissent en école élémentaire qui portera donc l’essentiel des suppressions de postes. Celles-ci ont lieu alors que le nombre d’élèves diminue en 2024 (-90 000) mais avec des dédoublements en GS de maternelle. Le ministère promet une hausse des remplaçants ( de 26 701 à 28 693). Il va aussi tripler le nombre des Territoires éducatifs ruraux (TER) ce qui va consommer des moyens (de 64 à 185). Tout cela devrait dépasser les postes économisés du fait de la baisse démographique. Le système va rester sous tension.

Dans le second degré, ce sont 484 emplois ETP qui disparaissent , soit autant qu’en 2023 (481). Le ministère avait promis le maintien des postes en lycée professionnel. Il avait même fait miroiter des moyens supplémentaires pour accompagner la réforme. En réalité 220 postes disparaissent en LP (ETPT). Les tensions déjà fortes en établissements ne vont pas disparaitre. Car dans le second degré la baisse démographique sera insignifiante. L’annonce de classes de niveau à la place des classes habituelles est-elle là pour permettre ces suppressions de postes ? Le second degré est aussi concerné par la hausse des TER (leur budget double de 0.9 à 1.8 milliard). Le nombre de CLA, ces contrats locaux ouverts au privé, reste inchangé.

Un budget social ?

Le budget est-il social, comme le dit G Attal ? Oui si on regarde du coté des manuels. Au budget 2024, 3 millions pour le 1er degré et 10 pour le 2d, sont prévus pour le renouvellement des manuels dans les quartiers de la politique de la ville.

Non si on regarde l’évolution de l’action sociale du ministère. Ce budget représentait 1008 millions en 2022, 1003 en 2023 et seulement 992 millions en 2024. Il diminue. Aussi bien pour les bourses que pour le fonds social. Le budget prévoit 741 millions pour les bourses contre 753 en 2023. C’est comme si le ministère prévoyait déjà que la dématérialisation des demandes fera disparaitre une partie des bénéficiaires. Le ministre a aussi rogné sur les fonds sociaux. Ces sommes sont les plus indispensables car elles aident les élèves les plus en difficulté pour des dépenses vitales. Le ministère dépensait 50 millions pour les fonds sociaux en 2023 (soit 2 millions de plus qu’en 2022). On descend à 49 millions en 2024. Entre 2023 et 2024 l’inflation a largement entamé les revenus des familles…

Le ministre est beaucoup plus généreux pour les élèves de zone rurale. Les dépenses d’internat passent de 86 à 127 millions en 2024 pour permettre le développement d’internats ruraux (pour 40 millions) et financer l’internat de la cité internationale de Valbonne.

Cadeau au privé

Non encore si on regarde la hausse du budget du privé. Les dépenses du public augmentent de 4.5% en 2024, soit moins que l’inflation. Celles du privé sont en hausse de 6.5%. Et tout ne va pas en revalorisation des enseignants. Près de 700 millions sont versés aux établissement en dépenses d’intervention. La loi Blanquer, qui a entrainé la prise en charge publique des maternelles du privé sous contrat, va coûter deux fois plus cher. 29 millions étaient budgétés en 2023. En 2024 ce sont 46 millions qui sont apportés aux écoles privées.

François Jarraud

Les bleus budgétaires

Budget 2024 : 2500 postes supprimés