A 24 heures d’une grève qui s’annonce massive, le ministre de l’éducation nationale multiplie sa communication avec l’envoi d’une seconde lettre à tous les enseignants le 3 décembre et une nouvelle communication annoncée pour le 4 décembre. Mais les motivations de la grève vont bien au delà de la communication ministérielle.
Vers une grève massive et reconductible
« Nos organisations font le constat qu’une mobilisation d’ampleur s’annonce dans le secteur de l’Éducation. Elles appellent les personnels à se réunir en Assemblée générale, en particulier le 5 décembre, pour décider des suites à donner à la mobilisation. En effet, cette journée de grève unitaire interprofessionnelle du 5 décembre doit s’inscrire dans la durée selon des modalités diverses, grèves, manifestations… y compris par la reconduction de la grève là où les agent-es le décideront ». La Fsu, la Cgt, Sud, le Snalc annoncent le 3 décembre qu’ils envisagent la poursuite de la grève au delà du 5 décembre.
Pour le 5 décembre, le Snuipp Fsu annonce « une grève historique » avec « des chiffres inédits » : selon le syndicat 70% des professeurs des écoles seront en grève et plus d’une école sur trois totalement fermée. Et là aussi le Snuipp annonce d’autres grèves au delà du 5. Le Snes Fsu parle de « mobilisation massive et majoritaire » le 5 décembre. Le Snes annonce « des temps forts d’action » dans la semaine du 9 au 13 décembre.
Tous ces communiqués mentionnent que les enseignants ont bien compris la réforme, allusion une phrase malheureuse de JM BLanquer qui le 2 décembre explique que les grévistes n’ont pas compris la réforme des retraites.
Une lettre peu convaincante de JM Blanquer
JM Blanquer envoie à nouveau une lettre à tous les enseignants le 4 décembre avec une communication assez maladroite. « Nous inscrirons dans la loi la garantie que la valeur du point ne pourra pas baisser », écrit-il. Alors c’est le nombre de points qui baissera car le plafonnement des dépenses de retraite avec un nombre de retraités en hausse devra obligatoirement donner lieu à un ajustement automatique d’année en année.
Pour les enseignants, le ministre rappelle la promesse gouvernementale : » un même niveau de retraite pour les enseignants que pour des corps équivalents de la fonction publique » ce qui est très différent de ce que veulent les enseignants : un même niveau de retraite qu’aujourd’hui.
Deux années de réformes et d’injonctions
» Je vous tiendrai régulièrement informés de l’avancement des discussions entre le Gouvernement et les organisations syndicales », écrit le ministre. Là on touche un autre motif de la grève. Les enseignants sont las du mode de pilotage injonctif, brutal et inquisiteur que JM BLanquer a mis en place avec notamment des pressions très fortes dans le premier degré sur la pédagogie et un contrôle administratif renforcé des activités pédagogiques.
Bien d’autres points heurtent encore les enseignants. Ainsi la publication dimanche du décret mettant fin au contrôle syndical sur les mutations et l’avancement et laissant les enseignants seuls face à leur supérieur hiérarchique. Il y a une logique profonde dans l’action gouvernementale qui lie la destruction du régime de retraite des enseignants à celle de leur statut.
Un tournant
C’est aussi ce constat d’un moment historique pour l’avenir de la Fonction publique et singulièrement pour l’Ecole qui jette les enseignants dans une grève dure. L’exaspération de cet été contre les réformes menées au pas de charge sans écouter personne, l’imposition de réformes qui retirent aux enseignants de la liberté pédagogique et du plaisir d’enseigner, la remise en cause du statut. C’est tout cela qui n’a pas de réponse dans la lettre de JM Blanquer et qui peut faire du 5 décembre un tournant.
F Jarraud
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