Retraites des enseignants : une grosse erreur dans le projet de loi (#foutagedeg….)

Le gouvernement a révélé vendredi 24 janvier le texte du projet de loi de la réforme des retraites. L’étude d’impact annexée au texte est très critiquée par les professeurs.

Le%20gouvernement%20a%20annonc%C3%A9%20des%20revalorisations%20salariales,%20afin%20que%20les%20pensions%20de%20retraite%20des%20enseignants%20ne%20baissent%20pas%20dans%20le%20cadre%20du%20syst%C3%A8me%20universel%20%C3%A0%20points.
Le gouvernement a annoncé des revalorisations salariales, afin que les pensions de retraite des enseignants ne baissent pas dans le cadre du système universel à points. | STOCK.ADOBE.COM

Le texte du projet de loi de la réforme des retraites a été révélé vendredi 31 janvier par le gouvernement. En annexe du projet de loi figure une étude d’impact de 1 029 pages, qui doit éclairer les députés sur les conséquences potentielles d’une loi. C’est une exigence constitutionnelle. Sauf que la publication de cas types concernant les fonctionnaires fait réagir – à juste titre – car une erreur manifeste y figure.

Secrétaire administratif B, adjoint administratif C, professeur des écoles… Pour plusieurs métiers, le ministère indique les pertes ou les gains sur leur pension mensuelle à l’âge de 65 ans. Or, une grossière erreur figure dans le document gouvernemental : les pensions des fonctionnaires sont indiquées en net, alors qu’il s’agit de montants bruts.

Page extraite de l’étude d’impact du projet de loi de réforme des retraites. Pour tous les cas types de fonctionnaires, une erreur y figure : les montants de pension indiqués sont en brut (alors que la légende indique qu’ils sont en net). | EXTRAIT DE L’ÉTUDE D’IMPACT PUBLIÉE PAR LE GOUVERNEMENT

Ainsi, il est indiqué qu’un professeur des écoles né en 1980, ayant commencé à travailler à 22 ans et ayant fait toute sa carrière dans la fonction publique, gagnerait une pension de 2 955 € dans le régime actuel en partant à 65 ans et 2 856 € dans le système universel (avant la revalorisation salariale promise). Des chiffres erronés qui ont fait bondir – à juste titre – plusieurs de nos lecteurs. Si on applique une baisse de 20 % pour arriver approximativement au montant net, la pension de ce même enseignant atteindrait donc 2 364 € dans le régime actuel, et 2 284 € dans le régime universel.

Voici six cas types indiquant le montant brut mensuel des pensions de fonctionnaires, avec le régime actuel et avec le régime universel à points. | INFOGRAPHIE OUEST-FRANCE

Projections « farfelues »

Par ailleurs, « ces cas type ne reflètent pas la réalité, c’est artificiel, ça ne rime à rien, peste Jean-Rémi Girard, du syndicat Snalc. Les quatre cas types présentés par le gouvernement sont des professeurs qui n’existent pas ou très peu. » Avec le niveau master exigé (bac + 5) et le difficile concours à décrocher, devenir enseignant à 22 ans est très rare.

« Il existe aussi des enseignants qui exerçaient un autre métier avant, des temps partiels [NDLR. : surtout chez les femmes, très nombreuses dans ce métier], des profs en mobilité, souligne Eric Charbonnier, analyste de l’éducation à l’OCDE. Et pour le cas type du prof des écoles, il est intégré une prime de 8 %, cela ne veut pas dire que tous les enseignants la touchent, loin de là… »

Les situations peuvent être très différentes d’un enseignant à l’autre, en fonction de son statut, de son niveau d’éducation, de ses primes (directeur et directrice d’école, professeur et professeure principaux, réseau éducation prioritaire…). Pour Eric Charbonnier, le gouvernement « aurait dû jouer la prudence et indiquer plutôt des fourchettes de pensions ».

Par ailleurs, il est précisé que ces calculs se font sur la base d’un point d’indice qui évolue en même temps que l’inflation. « Mais le point d’indice est gelé depuis 2010, sauf en 2016 et 2017, rappelle Jean-Rémi Girard. Dans la vraie vie, cette hypothèse économique est complètement farfelue ! »

L’exaspération est grande du côté des syndicats d’enseignants, car ils réclament depuis des années une revalorisation des salaires des professeurs, en dehors de cette réforme des retraites. En effet, après dix ou quinze ans de carrière, un enseignant du primaire en France touche 20 % de moins que la moyenne des pays de l’OCDE.

Les deux observateurs réclament un « vrai simulateur avec des hypothèses économiques plausibles », où chaque professeur entrera ses caractéristiques individuelles. Seul moyen de rassurer le corps enseignant.


En savoir plus sur Moissac Au Coeur

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

Donnez votre avis

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.