L’École pourra t-elle rester comme avant après le Covid-19 ? Auteur d’un article précurseur au moment de la pandémie du H1N1 en 2009, Alain Bouvier, ancien membre du HCE, rédacteur en chef de la Revue internationale d’éducation de Sèvres, analyse les effets que pourrait avoir le Covid-19 sur l’École. Pour lui, c’est la fin de l’éducation nationale uniforme et un grand pas vers la privatisation.
En 2009, alors qu’on voyait arriver l’épidémie de H1N1 vous aviez annoncé une « décentralisation intégrale » de l’éducation en France. Finalement la pandémie n’a pas répondu aux craintes des contemporains. En 2020, le Covid-19 a déjà réussi à faire fermer toutes les écoles et établissements scolaires. La crise s’annonce durable. Que va-t-elle changer dans l’École ?
Pour la première fois dans l’histoire de l’École, elle va placer les parents, les élèves, les enseignants et tous ceux qui contribuent à l’éducation dans une situation où tout ne se joue pas en classe mais dans un espace ouvert indéfini. Les aides à apporter aux élèves pour leur éducation vont venir de différentes sources et leur coordination sera totalement individualisée. Les parents feront appel à des acteurs différents pour chaque enfant. On est dans une situation totalement neuve pour laquelle on n’est pas préparés.
C’est l’éclatement de l’École ?
La partie formelle de l’École qui reste entre les mains des enseignants est très réduite. Les différences entre les élèves vont devenir considérables selon leur origine. Ceux qui auront un environnement attentif et encourageant seront bien plus favorisés que ceux dont les parents ne croient pas à l’école ou n’ont pas les moyens d’aider leurs enfants.
Municipales 2020 – Premiers éléments d’analyse pour le PCF sur les communes de plus de 3 500 habitants
Le premier tour des élections municipales 2020 s’est déroulé dans les circonstances exceptionnelles que l’on connaît. Les derniers jours de campagne, c’est-à-dire le moment où une part de plus en plus importante d’électrices et électeurs arrêtent leur choix, ont été fortement perturbés.
La participation a connu une baisse et un niveau inédit depuis 1945 en passant de 63,55 % à 46,5 % en France métropolitaine : 79% des abstentionnistes se déclarant inquiets du Covid-19 (1) contre 69 % pour les votants. Cette crainte du virus a affecté plus l’électorat de gauche (79 %), que les électorats LREM (73 %), de droite (76 %) et du RN (71 %). Elle a été nettement moins forte en zone rurale (68 %) qu’en zone urbaine (76 %), chez les 18-25 ans (68 %) que chez les plus de 65 ans (78 %). Si le virus, avec d’autres événements nationaux et internationaux : réforme des retraites, mouvement des Gilets jaunes, crise climatique, a dû donc avoir un impact certain sur les élections municipales dans l’immense majorité des communes, il n’en a pas pour autant faussé fondamentalement les résultats.
Dans les 3 074 communes, arrondissements, secteurs de plus de 3 500 habitants en France métropolitaine, soit 42,7 millions d’habitants, 375 listes avaient une tête de liste investie par le PCF, ce qui représente 7,2 millions d’habitants. Par ailleurs, toujours sur les communes de plus de 3 500 habitants, le PCF avait des candidats dans plus de 800 listes de gauche, écologiques et citoyennes. Avant le scrutin, il y avait sur ces communes de plus de 3 500 habitants 145 maires communistes ou apparentés ou membres de l’Association nationale des élu·e·s communistes et républicains administrant une population de 2,4 millions d’habitants.
Sur ces 145 communes, 101 ont réélu une mairie communiste ou apparenté (1 368 832 habitants) ou apparenté, 39 sont dans un ballottage de 2e tour (998 191 habitants) et 5 ont été perdues (31 756 habitants). Sur les autres communes de plus 3 500 habitants où il y avait une tête de liste communiste ou investie par le PCF, 11 communes (60 486 habitants) ont été gagnées et dans 73 communes où nous faisons plus de 10 % nous sommes en position de maintenir nos listes ou de fusionner avec d’autres. Nous sommes donc, avant le 2e tour qui devrait se dérouler au mois de juin, sur un solde positif de communes ayant à leur tête une mairie communiste ou apparenté. Par ailleurs sur la strate des communes de 1 000 à 3 500 habitants, 113 villes ont réélu une municipalité communiste ou apparenté.
Si ces résultats, malgré des inégalités et quelques déceptions ou revers, sont plutôt dans l’ensemble encourageants pour les communistes en cette année du centenaire, il convient dès que la situation sanitaire le permettra de préparer activement les 2e tours dans les 112 villes de plus de 3 500 habitants et dans les communes de taille inférieure où d’une manière ou d’une autre nous serons présents. Aucune des voix qui se sont portées sur nos listes ne tiennent du hasard, elles sont le fruit du travail militant, du rayonnement, de la volonté de rassemblement des dizaines de milliers de militant·e·s et d’élu·e·s communistes. C’est pourquoi, de la section au Conseil national nous devons aussi, dans les jours qui viennent, travailler à analyser en profondeur ce qui s’est passé lors de ce 1er tour, ce qui a marché et ce qui n’a pas marché dans nos campagnes,..
Nous avons beaucoup appris lors de cette campagne très particulière et cet apprentissage est porteur d’avenir pour notre parti et les idéaux dont il est porteur.
Yann Le Pollotec et Pierre Lacaze, secteur Élections
Depuis 2003, Bruno Canard, chercheur à Aix-Marseille, travaille sur les coronavirus. Il dénonce le désengagement européen et français dans le secteur des sciences.
Lorsqu’il relit les lettres d’intention qu’il avait adressées en 2015 à la Commission européenne avec ses collègues belges et hollandais, Bruno Canard en a les poils qui se hérissent. Le directeur de recherche CNRS à Aix-Marseille, spécialiste des coronavirus, y expliquait qu’il existait neuf familles de virus pour lesquelles une émergence était possible. « Le premier sur la liste était le flavivirus, explique-t-il. Le second, le coronavirus. Un an plus tard, apparaissait Zika, un flavivirus. Et aujourd’hui, le Covid-19, un coronavirus ! » La Commission européenne ne donnera jamais de réponse. Aujourd’hui, l’Europe met 10 millions d’euros sur la table. « Ridicule », rétorque Bruno Canard. « Dans l’urgence, nous devons rédiger des programmes jour et nuit. Monter des projets en un temps record. Au bout de deux ou trois ans, le virus aura disparu et on n’en parlera plus. »
Il faudra tirer les conséquences de cette épidémie
Le chercheur sait de quoi il parle. En 2002, avec l’apparition du Sars-CoV, un virus qui provoque une maladie infectieuse des poumons, l’Union européenne décide de lancer plusieurs programmes afin de ne pas être prise au dépourvu en cas de nouvelles émergences. Dès 2004, l’équipe de Bruno Canard, grâce à des réseaux collaboratifs européens, affiche des résultats prometteurs. « Nous avions eu cette idée qui s’est révélée fructueuse : les virus ont une capacité énorme à être différents, variés, avec de larges familles. Nous les avons donc étudiés tous en même temps, afin d’en avoir un modèle type qui nous permettrait, en cas de menace d’un virus inconnu, d’en trouver un proche, d’où nous pourrions extraire des données scientifiques. » Mais dès 2006, l’intérêt des politiques pour le Sars-CoV avait disparu. La crise financière de 2008 accélère le désengagement de l’Europe et de la France pour la recherche. Résultat : des stratégies de recherche fondamentale sont mises de côté ou perdent leurs crédits.
Pourtant, explique Bruno Canard, « l’émergence des virus va être de plus en plus rapide, du fait du changement climatique, de la perte de la biodiversité, de la déforestation ».
Si cette recherche fondamentale n’avait pas été maltraitée, mais au contraire poursuivie de manière assidue, la science aurait eu la capacité de développer un médicament pan-corona, actif contre n’importe quel nouveau coronavirus qui apparaîtrait, assure le chercheur. Il dissipe au passage la confusion qui règne entre un vaccin et un médicament. « Un vaccin demande au mieux 18 mois de recherches. Et pour des virus non prévisibles, qui changent, il n’est pas adapté. Mieux vaut faire des médicaments qui ont un large spectre dans une famille virale. Cela peut nécessiter 5 ans, parfois 10. D’où l’importance de l’anticipation scientifique. » Aujourd’hui, dit-il, l’heure n’est pas à la polémique. « Il y a un devoir impératif d’écouter ce que nous dit le gouvernement. » Mais il faudra tirer les conséquences de cette épidémie. « Si seulement un peu de crédit impôt recherche pouvait être reversé pour irriguer la recherche, ça serait un bol d’air énorme. Et surtout productif. »
Avec plus ou moins de retard, les autorités politiques ont compris la nécessité d’imposer aux populations la fermeture des frontières et le confinement. A défaut de traitements efficaces et sans innocuité et de vaccin préventif, limiter la dissémination trop rapide de la virose par cette technique médico-sociale de la quarantaine dont on trouve les traces dans les écrits d’ Avicenne, permettra une immunisation progressive en évitant des pics de morbidité et de létalité inacceptables politiquement.
Il est probable que le réchauffement des températures extérieures dans l’hémisphère Nord contribuera à éteindre sa progression. Des centaines de molécules sont actuellement éprouvées et nul doute que grâce à la mobilisation parfois collaborative de nombreux groupes scientifiques dans le monde, un traitement médicamenteux sera rapidement appliqué aux personnes faisant la maladie. Continuer la lecture de L’humanité survivra. Badia Benjelloun
Les propos de JM Blanquer le 18 mars évoquant la possibilité de réduire les vacances d’été suite à l’épidémie sont-il si hypothétiques que cela ? La mise en place du confinement et la loi d’urgence en débat en ce moment à l’Assemble ouvrent de nouvelles perspectives.
Même si la continuité pédagogique est présentée par le ministre comme un véritable enseignement à distance, ce qu’elle ne sera pas malgré les efforts des enseignants, son utilité épidémiologique consiste surtout à retenir les jeunes à la maison et à les empêcher de se rencontrer et diffuser le virus. C’est ce qu’établit l’étude du HCSP sur les mesures à prendre en cas de pandémie. La mise en place du confinement change la perspective à partir du moment où il est vraiment respecté. Plus besoin de retenir les enfants à la maison avec des travaux scolaires. Ils sont bouclés avec leurs parents. Dans ce cas la continuité pédagogique perd de son utilité contre la pandémie. Il devient possible de transformer cette période en vacances scolaires pour les élèves.
Mais les professeurs ? Le calendrier scolaire existe et les vacances d’été leurs sont dues. La loi d’urgence en débat à l’Assemble le 20 mars prévoit justement de transformer la période du confinement en congés. Son article 7 prévoit de laisser l’employeur décider unilatéralement des dates des congés. Il pourra « modifier les conditions d’acquisition de congés payés et permettre à tout employeur d’imposer ou de modifier unilatéralement les dates de prise d’une partie des congés payés, des jours de réduction du temps de travail et des jours de repos affectés sur le compte épargne-temps du salarié, en dérogeant aux délais de prévenance et aux modalités d’utilisation définis par le livre 1er de la troisième partie du code du travail, les conventions et accords collectifs ainsi que par le statut général de la fonction publique ». Bien évidemment si cet article existe ce n’est pas pour ne pas être appliqué.
Le scénario d’une réduction des vacances d’été deviendra possible dès lors que la loi est adoptée ce qui devrait être le cas le 20 mars pour l’Assemblée. Un amendement de la Commission des affaires sociales prévoit de limiter cette dérogation à une semaine. Sera-t-il adopté ?
Les vacances d’été vont-elles être amputées ? Alors qu’il a été incapable de préparer le système éducatif à la fermeture des écoles et a dû se dédire régulièrement, alors que le suivi des élèves ne repose que sur la bonne volonté et l’investissement personnel des enseignants, JM Blanquer multiplie les propos provocateurs envers les enseignants. Propos qui commencent à se transformer en circulaires sur le terrain.
Les vacances d’été diminuées ?
« Le scénario privilégié est celui du maintien des dates du brevet et du bac. S’il fallait faire évoluer cela, on le ferait, mais là c’est beaucoup trop tôt pour le dire », a déclaré JM Blanquer sur France Info le 18 mars. Interrogé sur la possibilité de rallonger l’année scolaire en diminuant les vacances d’été , le ministre répond que « rien n’est impossible …Tout est sur la table ». Pour le ministre tout semble suspendu aux progrès des élèves. Et on sait que le gouvernement prépare une loi d’urgence qui lui donnera des pouvoirs exceptionnels pour prendre par ordonnance les décisions de son choix en rapport avec l’épidémie , y compris sur « l’utilisation des congés payés ».
Soignants, fonctionnaires, prolétariat urbain endiguent l’épidémie tandis que les classes supérieures fuient. Il faudra s’en souvenir. Il faudra que justice se fasse.
Anne Lambert Sociologue, chercheuse à l’Institut national d’études démographiques, directrice de l’unité de recherche « Logement et Inégalités Spatiales »
Je suis sociologue, je ne suis pas Covid19, ou alors je ne le sais pas encore. Pour l’instant, j’ai de la chance, je suis confinée dans mon appartement en ville avec mon mari et mon fils de cinq ans, à qui je fais la classe en même temps que je “télétravaille”, par fractions de journée. Ma sœur, elle, est confinée dans 60 m2 à Paris avec sa fille de 4 mois et son conjoint (jeune, sportif, brillant, mobilisé dans le secteur de la santé depuis plusieurs semaines) testé positif au covid19, dont les symptômes peinent à se stabiliser. Leur vie est un enfer depuis huit jours maintenant.
Mais ce que je vois au jour le jour sur les réseaux sociaux, les chaînes Whatsapp, Instagram, Facebook me tient en horreur.
Ce miroir grossissant de notre société m’empêche de dormir. J’ai honte. La crise sanitaire majeure que nous vivons aggrave dans des proportions inédites les inégalités sociales. Elle les décuple à tous les points de vue, en même temps qu’elle les rend visibles, palpables, immédiates: conditions de vie, exposition à la maladie, gestion de la vie domestique, de la parentalité, du travail éducatif. Les personnels de soin, les fonctionnaires (police, professeurs), mais aussi le prolétariat urbain (éboueurs, agents de sécurité…) sont en première ligne pour endiguer l’épidémie de covid19 et assurer la continuité de la vie sociale (sécurité des personnes, des musées, etc.) tandis que les classes supérieures, surexposées initialement au virus par leur nombre élevé de contacts sociaux et la fréquence de leurs voyages, ont déserté les villes pour se mettre à l’abri. Et de cela, nous ne parlons pas.
Ils curent une maladie de cadres supérieurs mais sont, par les processus profonds de ségrégation urbaine, de montée des inégalités, de casse des services publics, exclus des formes récentes d’enrichissement.
Le confinement imposé depuis mardi midi décuple en effet les inégalités de conditions de vie: petites surfaces, logements surpeuplés ou insalubres, sont le fait des étudiants logés en résidence universitaire ou dans le parc privé (chambre de bonne, studio, souplex…), mais aussi des classes populaires et des classes moyennes qui habitent dans les métropoles et peinent, depuis près de dix ans (hausse du marché locatif privé et des prix à l’achat), à se loger et à se maintenir dans les centres urbains. Des logements parfois tout juste suffisants pour répondre à la norme du “logement décent” défini par la loi SRU. Mais les logements qui se sont vidés suite à l’exode sanitaire ne sont pas ceux-là. Non, ce sont les logements spacieux, lumineux, propres, connectés, des arrondissements aisés de la capitale, des logements habités par les familles de classes supérieures parties se mettre au vert dans une résidence secondaire, ou alors dans une villa connectée à internet, louée pour l’occasion.
En première ligne, dans les villes, les personnels soignants et les fonctionnaires gèrent donc l’urgence médicale au quotidien, et assurent la continuité de la vie sociale (écoles, sécurité des musées et du patrimoine de l’État, administrations, etc.). Ces personnels ont obligation de résidence. Ils ne peuvent pas fuir. Et parfois ne le veulent pas, conformément à leur éthique et à leur mission de “service public”.
Mais tandis que les personnels soignants sont mobilisés et que les salariés modestes nettoient et approvisionnent nos villes, jour et nuit, au risque d’être contaminés à leur tour, leurs enfants, pendant ce temps, ne sont pas au vert. Non, ils sont confinés dans ces mêmes appartements étroits, quand ils ne sont pas accueillis dans des structures de garde d’urgence laissées ouvertes à leur intention. Leurs parents ne pourront pas assurer la continuité pédagogique proposée en urgence par le ministre de l’éducation. Il leur est, dans ces conditions matérielles et professionnelles, impossible d’assurer le travail éducatif et parental requis. Mais à qui servent-elles, au final, ces injonctions de “continuité pédagogique”? Car les cours en ligne demandés aux professeurs sont en réalité pris en charge par de nombreux vacataires de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur (ATER, chargés de TD, vacataires…), aux conditions de vie elles-mêmes dégradées, comme l’ont médiatisé récemment les nombreux mouvements contre la réforme des retraites et la LPPR. À bien y réfléchir, comment la continuité pédagogique ne pourrait-elle pas nourrir les inégalités? Suivre un cours sur un téléphone portable n’a jamais été facile, tandis que disposer d’un ordinateur portable, d’une chambre à soi, d’une imprimante, reste un bien très inégalement partagé. De cela, il faudra se souvenir après la crise.
Suivre un cours sur un téléphone portable n’a jamais été facile, tandis que disposer d’un ordinateur portable, d’une chambre à soi, d’une imprimante, reste un bien très inégalement partagé.
Enfin, il y a bien sûr les inégalités d’exposition au risque de contamination au covid19. Ceux et celles qui sont en première ligne – infirmières, médecins généralistes, aides-soignantes, brancardiers, mais aussi blanchisseurs, personnels de nettoyage- s’occupent de soigner, nettoyer, laver, récurer, endiguer la montée du coronavirus dans la population française. Ils curent une maladie de cadres supérieurs mais sont, par les processus profonds de ségrégation urbaine, de montée des inégalités économiques, de casse des services publics, durablement exclus des formes récentes d’enrichissement. De cela aussi, il faudra se souvenir après la crise.
Et pendant ce temps, les départs au vert s’accélèrent (enfin, jusqu’à hier midi). Les arrondissements riches de Paris se sont vidés de leurs familles. Pouvait-il en être autrement? Devaient-ils rester à Paris? Aider un voisin âgé à faire ses courses, ou un jeune couple atteint par le confinement total? Ou partir dans une résidence secondaire permettait-il de faire baisser la pression sur les lits des hôpitaux déjà presque saturés de la région parisienne? Mais n’allaient-ils pas transporter avec eux (dans les commerces locaux de campagne et de station balnéaire) le fameux virus dont ils étaient potentiellement porteurs?
Il faudra que justice se fasse, non pas individuellement, mais à l’échelle collective. Je veux dire qu’il faudra lever un impôt spécial sur la fortune pour réparer, rattraper, compenser les inégalités, et payer les soins sans faille apportés par les personnels soignants et l’ensemble des fonctionnaires (police, professeurs, gardiens) mobilisés dans la gestion de la crise et la continuité de la vie sociale.
Il faudra que justice se fasse, non pas individuellement, mais à l’échelle collective.
Je veux aussi dire qu’il faudra investir massivement dans les hôpitaux, l’école et l’université pour rattraper notre retard, et préparer notre avenir avec des infrastructures dignes. Emmanuel Macron a rappelé qu’ils étaient le socle fondamental de notre société, le ferment de notre République; il a annoncé dans son discours de lundi soir qu’il y aura un avant et un après coronavirus. J’espère que notre gouvernement saura rendre justice aux équipes médicales et à l’ensemble des salariés mobilisés. Il faut qu’il y ait un avant et un après. Il doit y avoir un avant et un après. Pour ne pas que cette crise sanitaire et humaine majeure n’ait servi à rien.
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Défavorisés par rapport aux salariés du privé, les fonctionnaires atteints par le Covid-19 bénéficient du maintien de leur rémunération à partir du deuxième jour d’arrêt maladie seulement.
« A ce stade, pas d’évolution. » La réponse du cabinet d’Olivier Dussopt, secrétaire d’Etat notamment chargé du dossier de la fonction publique, est laconique. Le jour de carence qui s’applique aux fonctionnaires depuis 2018 ne sera pas suspendu le temps de l’épidémie causée par le coronavirus. Les agents publics qui se trouvent en congé maladie du fait du Covid-19 ne bénéficieront du maintien de leur rémunération qu’à partir du deuxième jour d’arrêt.
« C’est une situation absolument invraisemblable, s’agace Jean-Marc Canon, secrétaire général de la CGT-Fonction publique. Je n’arrive pas à comprendre cet entêtement. » Un agent, souligne M. Canon, qui devra rester chez lui pour télétravailler ou garder ses enfants sera payé intégralement. Mais le jour où il tomberait malade du Covid-19, il perdrait une journée de salaire.
Souplesse demandée
Par ailleurs, écrivent les syndicats dans la lettre envoyée à Edouard Philippe, « l’engagement avait été pris devant toutes les organisations », par Olivier Dussopt, de ne pas appliquer le jour de carence. « Ce dernier pourtant est revenu ensuite sur cet engagement à un moment où toute tergiversation n’est plus acceptable, regrettent-ils dans la même missive. Dans une crise sanitaire qui coûtera des milliards à l’économie française, récupérer de l’argent sur le dos de fonctionnaires malades serait très loin des propos du président de la République sur la solidarité et la responsabilité. »
Selon la CGT, le secrétaire d’Etat a promis d’envoyer une circulaire aux employeurs publics pour leur demander de faire preuve de souplesse et de ne pas appliquer le jour de carence pendant l’épidémie. Mais une circulaire « n’a pas force de loi », rappelle Jean-Marc Canon.
C’est ce que confirme Philippe Laurent, président du Conseil supérieur de la fonction publique territoriale : « Ça ne marche pas, les circulaires, explique-t-il. C’est une loi qui a instauré le jour de carence pour les fonctionnaires, c’est elle qui s’impose à nous. »
La coordination des employeurs territoriaux, dont M. Laurent est porte-parole, demande également la suspension du jour de carence. Une question de symbole et d’« équité avec le privé où les employeurs ne l’appliquent pas de fait ». Bref, les fonctionnaires sont défavorisés par rapport aux salariés du privé, car leurs employeurs publics sont tenus par la loi et n’ont pas la même souplesse.
Mais tout n’est pas perdu. Lors de l’examen, jeudi 19 mars au Sénat, du projet de loi d’urgence pour faire face à l’épidémie, un amendement sénatorial devrait proposer de faire du Covid-19 un motif légal d’exception, permettant de ne pas appliquer le jour de carence aux fonctionnaires. « Olivier Dussopt y est favorable, assure une source proche du dossier, mais ce n’est pas le cas de tout le monde au gouvernement. Cet amendement permettra peut-être de faire bouger les choses. »
Face à une crise sanitaire sans précédent dans l’histoire récente de notre pays, une part importante de notre population est confinée depuis hier midi afin de limiter la propagation rapide du Covid-19. Mais beaucoup de salarié-es sont aussi les premiers au front pour répondre aux besoins vitaux de la population.
Nous pensons aux personnels de santé qui tentent de répondre aux mieux à l’urgence dans des conditions de travail dégradées comme ils le dénoncent depuis un an.
Nous pensons aux agents de l’état, des collectivités locales, qui assurent les missions régaliennes et les solidarités sur les territoires qui sont essentielles dans cette période. Ils font chaque jour la démonstration du rôle indispensable de nos services publics.
Nous pensons à tous ceux qui doivent continuer de produire et travailler pour nous permettre de manger, de nous déplacer, d’accéder à l’énergie.
Nous saluons leur engagement, leur courage, nous les remercions pour leur sens des responsabilités et de l’intérêt général.
Nous exigeons que les conditions sanitaires les plus essentielles soient respectées afin de les protéger.
Par ailleurs, sur tout le territoire national, de trop nombreuses entreprises continuent de produire et fonctionner au détriment de la santé de leurs salariés, parfois même dans des entreprises où des salariés ont été dépistés positifs au COVID-19
Cela doit cesser : Seul ce qui est essentiel doit fonctionner.
Le confinement doit s’étendre rigoureusement à tout le reste afin de répondre efficacement au défi qui est devant nous. Fabien Roussel s’adressera en ce sens au premier ministre afin que celui-ci définisse plus clairement les secteurs stratégiques et les mesures de protection au travail, afin que nul ne puisse déroger aux règles qui permettent d’épargner des vies.
La situation d’urgence ne peut se traduire par un confinement du droit des salariés.
Partout en France, chez Amazon, sur le chantier de Saint-Nazaire, comme chez Alstom, des salarié.e.s sont conduits à utiliser leur droit de retrait, à débrayer parce qu’ils refusent d’aggraver une situation sanitaire déjà grave. Nous sommes à leur côté. A l’heure où le président de la République semble découvrir l’importance du service public, nous exigeons qu’il prenne les mesures pour protéger tous les travailleurs, toutes les travailleuses, leur santé et leurs droits sociaux.
Nous sommes fiers des travailleurs de notre pays. Ils sont à la hauteur de la crise que nous connaissons. Protégeons les !
Depuis un an, les personnels paramédicaux et médicaux sont mobilisés contre la casse du service public du soin et de la santé. Ils ont pris comme une claque le « quoi qu’il en coûte » et « la santé n’a pas de prix » proférés par Emmanuel Macron.
Ils feront face. Bien sûr que les personnels des hôpitaux publics feront face aux conséquences sanitaires du coronavirus, comme Emmanuel Macron les a à nouveau exhortés à le faire lors de son allocution de jeudi. D’ailleurs, ils font déjà face. Dans l’urgence, comme à Mulhouse, premier point d’impact du tsunami de cas graves que les autorités sanitaires nous prédisent (voir en page 4). Partout ailleurs aussi. À mesure que les stades successifs du plan blanc ont été déclenchés, le système public s’est lancé dans une course contre la montre de redéploiement et d’adaptation de ses capacités de prises en charge.