Un appel de 30 organisations laïques. Non à la révision de la loi de 1905 !

Photo : Alain Jocard/AFP

Texte collectif.

Des projets de révision de la loi de 1905 seraient à l’étude. S’il s’agit de mieux encadrer des dérives intégristes mettant en cause les principes et valeurs de la République, le titre V de la loi, intitulé « Police des cultes », fournit l’arsenal juridique suffisant. S’il s’agit de financer les cultes de quelque manière que ce soit, on entrerait alors dans une procédure concordataire que la loi de 1905 avait précisément pour but d’abolir.

Les organisations laïques soussignées, réunies le jeudi 22 novembre 2018 à Paris, mettent en garde contre toute modification de la loi de séparation des Églises et de l’État du 9 décembre 1905, quelles qu’en soient les voies. Cette loi est un pilier fondamental de la République. Pour assurer à chaque citoyen la liberté de conscience, elle a instauré un juste équilibre entre la garantie du libre exercice des cultes et la neutralité confessionnelle de l’État.

Les organisations signataires rappellent donc solennellement l’intangibilité des principes solidairement posés par la loi :

Article 1. La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l’intérêt de l’ordre public.

Article 2. La République ne reconnaît, ne salarie, ni ne subventionne aucun culte.

Les organisations laïques demandent, par-delà les débats inutiles que suscitent ces projets de révision, que soit déjà et complètement appliquée la loi.

Premières organisations signataires : Centre d’entraînement aux méthodes d’éducation active (Cemea), Conseil national des associations familiales laïques (Cnafal), Débats laïques, Égale, Fédération des autonomes de solidarité FAS-USU, Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE), Fédération française de l’ordre maçonnique mixte international « le Droit humain », Fédération de l’éducation de la recherche et de la culture (Ferc-CGT), Fédération générale des pupilles de l’enseignement public, Fédération générale des retraités de la fonction publique (FGR-FP), Fédération nationale de la libre-pensée, Fédération syndicale unitaire (FSU), Francas, Grande Loge mixte de France (GLMF), Grande Loge mixte universelle (GLMU), Libres MarianneS (LMS), Ligue de l’enseignement, Ligue des droits de l’homme (LDH), Mouvement de la paix, Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap), Mutuelle générale de l’éducation nationale (Mgen), Solidarité laïque, Syndicat administration et intendance (SIA-Unsa), Syndicat de l’éducation populaire (Unsa), Syndicat des enseignants (SE-Unsa), Syndicat de l’inspection de l’éducation nationale (SI.EN Unsa éducation), Syndicat national Force ouvrière des lycées et collèges, Syndicat national des inspecteurs d’académie inspecteurs pédagogiques régionaux (Snia-IPR), Syndicat national des personnels de direction (SNPDEN), Union des familles laïques (Ufal), Union rationaliste, Unsa éducation.

Montauban : des tentes devant la préfecture pour réclamer un toit à des réfugiés Albanais in DDM

RESF 82 a installé ce samedi trois tentes en face de la préfecture./ Photo DDM, Max Lagarrigue
RESF 82 a installé ce samedi trois tentes en face de la préfecture./ Photo DDM, Max Lagarrigue

Les militants de l’association Réseau éducation sans frontières (RESF) 82 ont planté, ce samedi, avenue de l’Empereur face à la préfecture de Tarn-et-Garonne, trois tentes.

Trois campements de fortune dans lesquels se sont installées trois familles de réfugiés Albanais comportant en tout six enfants de 2 à 11 ans.

« Ils sont arrivés, il y a tout juste un mois en France pour fuir la violence de leur pays : ce sont des Roms persécutés », garantit Marie-Claude Bouyssi, Conseillère municipale qui entend, après des contacts non satisfaisants avec la préfecture, mettre la pression.

« Transis de froid et de faim »

Mardi soir, RESF avait déjà investi le hall de la direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations (DDCSPP) pour alerter les autorités sur la détresse de ces fratries.

Venus s’associer à RESF 82, des bénévoles de l’association du cirque de Montauban qui ont été les lanceurs d’alerte dans cette affaire.

« On fait notre activité près de la place Lalaque, on s’est rendu compte que ces familles ne parlant pas un mot de Français, étaient transies de froid et de faim : nous nous sommes mobilisés pour les aider avec des couvertures et de la nourriture », confirme ce père de famille ayant alors joint RESF pour organiser une collecte qui a permis depuis de les loger à l’hôtel ou dans des familles d’accueil.

« Ce soir, il n’y a plus de solution, peste Marie-Claude Bouyssi, nous allons dormir ici avec eux sur des cartons pour que l’Etat applique seulement la loi : à savoir qu’ils prennent en charge ces familles demandeuses d’asile, le temps que leur dossier soit examiné ».

Statu quo avec la préfecture

La préfecture via la DDCSPP aurait proposé jusqu’ici comme solution un abri de nuit au-dessus de l’accueil de jour, rue Émile-Pouvillon. Le seul hic, c’est que ce serait à RESF de régler la facture d’un gardien de nuit.

« Même si nous en avions les moyens, ce qui n’est pas le cas, c’est à l’État de le prendre en charge », assure la militante de RESF 82. Interrogée cette semaine, Véronique Ortet, directrice de la DDCSPP avait confirmé que les « 84 places d’hébergement d’urgence sont saturées » et que « l’hôtel dans lequel ont pu être prises en charge un moment ces familles » n’a pu se perdurer, « les familles ayant un comportement inadapté, le gérant de l’établissement n’a pas pu les garder. »

La situation est pour l’heure au statu quo.  

Mouvement des gilets jaunes : rejet de la politique ou repolitisation ?

Photo : Jean-François Monier/AFP

Photo : Jean-François Monier/AFP

Avec Jacques Bidet, philosophe, André Prone, essayiste, penseur militant et Bernard Kalaora, anthropologue à l’École des hautes études en sciences sociales.

Rappel des faits. Très méfiant vis-à-vis des partis politiques et des syndicats, le mouvement fait l’expérience de la démocratie directe dans la lutte sociale.

  • ​Quel débouché politique ? par Jacques Bidet, philosophe

Jacques Bidet. FH17-BA-dimanche 17 septembre 2017. Halle Leo Ferre, Village du livre. Debat "Quel état pour quel societé". Avec Jacques Bidet (philosophe) . Fête de l'Humanité. ©Bruno ArbesuC’est la question que l’on se posait vers fin mai 1968, quand il était clair que le mouvement syndical ne pouvait aller plus loin. Il s’agissait de savoir sur quel programme s’engager, comment rassembler les forces populaires et s’assurer qu’on ne volerait pas au peuple sa victoire.

Le contexte diffère sur deux points. Sur les grandes questions programmatiques, sociales et écologiques, les diverses forces de la gauche populaire affirment leur convergence. Et voici qu’au-delà de ce cercle une autre fraction du peuple, souvent restée à l’écart de « la politique », est entrée en lutte. Elle réclame, précisément, un débouché politique.

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point de vue. Profs à tout faire au lycée Blanquer

Philippe Boursier Professeur de sciences économiques et sociales, Fondation Copernic

Philippe Boursier Professeur de sciences économiques et sociales, Fondation Copernic

Avec la réforme, les métiers, notamment féminisés, deviennent plus « invisibilisés » et précarisés.

La réforme Blanquer du lycée général se heurte à la révolte lycéenne. La révolte du monde enseignant est imminente. Car la réforme précarise les salariés qui le font vivre, et notamment les femmes.

La plupart des emplois enseignants et administratifs stables sont des emplois de femmes. Les postes mis au concours au Capes externe en 2019 s’effondrent dans les disciplines les plus féminisées. Pour les enseignants en poste, la charge de travail sera démultipliée. Plus de classes et des classes de plus en plus en plus surchargées. De fait, la disparition des séries simplifie le « remplissage » des cours communs à tous les élèves et des cours de spécialité organisés à l’échelle d’un bassin. Et ce trop-plein risque d’être aggravé pour les disciplines les plus féminisées. Ce surcroît de pénibilité est induit par la multiplication des tâches prescrites par la réforme Blanquer. Construire de nouveaux cours conformes aux nouveaux programmes en seconde et première. Organiser les examens qui vont scander le quotidien des lycéens avec l’entrée en vigueur d’un système de partiels dès la première. Etc. Ces tâches complexes alourdiront la charge de travail. Dans nos métiers aussi, la gestion et la coordination des activités professionnelles repos ent d’abord sur le travail « invisibilisé » des femmes. L’élargissement des missions des professeurs principaux actionne les mêmes mécanismes.

Comment dès lors obtenir le consentement pour remplir des missions qui relèvent du volontariat ? Par l’insécurité. Quand les postes sont fragilisés, il devient plus aisé d’obtenir le consentement des salariés. Quand les nouvelles formes d’évaluation complètent les dispositifs dissuasifs, le dévouement est plus facilement extorqué. Avec le nouveau système de promotion qui s’installe, la pression sur les enseignants se fait plus forte. Les activités chronophages assumées en dehors du temps d’enseignement deviennent décisives pour le déroulement de la carrière. Les promotions sont soustraites à la régulation du paritarisme. L’évaluation d’un monde professionnel très féminisé est à la discrétion de proviseurs et d’inspecteurs, le plus souvent des hommes, prédisposés à naturaliser le surtravail des femmes que l’institution à la fois exige et « invisibilise ». Au lycée Blanquer des précarités cumulées et du dévouement extorqué, nous avons tout à perdre. Notre santé et notre dignité. Nous avons aussi toutes les raisons de nous révolter.

Philippe Boursier

Professeur de sciences économiques et sociales, Fondation Copernic