Manque d’enseignants à la rentrée : une crise d’une ampleur sans précédent
Les résultats du concours de recrutement des enseignants en Île-de-France sont historiquement bas et ne permettront pas de répondre aux besoins en termes de postes.
En Île-de-France, il y aura des classes fermées, surchargées et sans enseignants à la rentrée. Jamais le décalage entre le nombre de personnes reçues au concours de professeurs des écoles et celui des postes à pourvoir n’a été aussi important dans les trois académies de la région. À Versailles, il y a 424 admis pour 1 430 postes, 419 pour 1 079 à Créteil, et même à Paris, habituellement épargné par le déficit, 157 pour 219. En tout, c’est 1 728 postes qui ne pourront être pourvus, selon les calculs du site le Café pédagogique.
Une ampleur sans précédent
La crise n’est pas nouvelle, mais elle atteint une ampleur sans précédent. À Versailles et Créteil, les deux académies traditionnellement les plus déficitaires du pays en 2021 il y avait respectivement 1 271 admis pour 1 408 postes et 1 056 pour 1 420. À Paris, il n’en manquait aucun. Et si l’Île-de-France est particulièrement touchée, elle n’est pas la seule. « Dans toutes les autres académies, le nombre d’admis est insuffisant », a rappelé le Snuipp-FSU, principal syndicat du primaire, dans un communiqué.
Une crise profonde des vocations
Derrière ces difficultés de recrutement, un élément conjoncturel lié à la réforme de la formation, mais surtout une crise profonde des vocations. Depuis des années, les syndicats alertent sur la perte d’attractivité du métier, mal rémunéré et peu considéré. Le salaire d’un enseignant français est, par exemple, très en dessous de la moyenne de ceux de ses collègues des pays de l’OCDE. Après avoir annoncé la mise en place de cellules de crise, le nouveau ministre de l’Éducation, Pap Ndiaye, a repris, dans un entretien le 26 juin au Parisien, les promesses d’un salaire à 2 000 euros net pour les débutants à partir de 2023.
Faire croire que n’importe qui peut devenir enseignant
Mais la crise s’explique aussi par le choix de favoriser la contractualisation comme mode d’embauche normal des agents de l’État. À cet égard, la méthode choisie pour pallier le manque de professeurs risque d’alimenter la machine à tarir les vocations. « Face à cette crise structurelle, la seule réponse ministérielle est d’organiser des “jobs datings” et de revaloriser les contractuels, déjà mieux payés que des titulaires débutants », s’alarme le Snuipp. Au risque de faire croire que n’importe qui d’un peu motivé peut devenir enseignant. Un message pas très motivant pour les futurs professeurs qui voudraient se lancer dans cinq années d’études, avec un concours exigeant à la clé, pour apprendre le métier.
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