« Ce qui est important, c’est le nombre de manifestants » selon Benoît Teste, secrétaire générale de la FSU. « Pour les professeurs, c’est devenu compliqué de faire grève. Certains collègue sont perdu quatre jours de salaire sur la paie du mois de mai ». Autre élément d’explication de la faible mobilisation avancé par le responsable syndical : « le mur que représente ce gouvernement qui n’entend rien ». « À court terme, les collègues ne voient pas de perspective immédiate, ce n’est pas mobilisateur ». Pour autant, les organisations syndicales escomptent un nombre important de manifestants. « Il y aura du monde dans les manifestations. On incite à faire grève, mais on voit bien que c’est compliqué ». « Les enseignants, comme le reste des salariés, n’envisagent pas de travailler deux ans de plus » abonde Isabelle Vuillet, co-secrétaire générale de la CGT Éduc’Action. « Ils ne veulent pas tourner la page, malgré une certaine lassitude. La colère est toujours là ».
Une rentrée sous le sceau de la mobilisation ?
Pour les syndicats, nul défaitisme. « Sur le long terme, on a gagné. On a gagné le soutien de l’opinion publique sur les retraites. Le gouvernement est mis en difficulté » commente Benoît Teste qui pointe les mensonges de Macron, ses ministres et députés. « Par exemple, il n’y a pas le début d’une application concernant ce possible départ progressif pour les fonctionnaires. Personne ne sait à qui le demander, comment le demander. Il n’y a aucun texte, rien est prévu dans ce sens. Les salariés ne vont pas accepter cela. À la rentrée, les mobilisations reprendront ». Même analyse à la CGT Éduc’ Action. La secrétaire générale promet une rentrée compliquée pour le gouvernement. « Depuis le début, la CGT a mis en lien retraites et salaires. Et là, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’au niveau salarial, il y a un réel mécontentement. Les collègues n’ont pas envie d’en rester là que ce soit sur la réforme des retraites, la politique salariale, la réforme de la voie professionnelle… Ce sont des raisons qui suscitent colère et mécontentement. A la rentrée, il se passera forcément quelque chose ». Le responsable de la FSU pointe aussi les succès syndicaux, même s’il reconnaît qu’ils sont relatifs. « Le fait que l’ISOE/ISAE aient été doublées pour tous et toutes est une victoire concédées car il y avait un rapport de force. Pareil, pour les passages facilités de grades ». Concernant le pacte, le secrétaire général estime que c’est, et ce sera, un objet de mobilisation fort de la profession. « On a pas tout gagné sur les salaires, mais on a mis des jalons. Et cela c’est grâce au rapport de force ».
Pas grévistes mais mobilisés quand même
Du côté professeurs, en effet, moins de personnels en grève. Salima est enseignante dans une école maternelle parisienne. Elle était de quasiment toutes les grèves « sauf une où y avait un spectacle. Je voulais pas priver mes élèves de celui-ci ». Mais aujourd’hui, elle ne sera pas dans la rue. « Sur la paie de mai, j’ai eu trois jours de moins. Les syndicats avaient demandé à limiter à deux jours par mois, même ça ils ont refusé. J’essaie de limiter les dégâts ». Mais ce n’est que partie remise pour la jeune femme qui assure qu’elle sera à nouveau dans la rue lors des prochaines grandes journées de mobilisation, « surtout contre la destruction de l’école publique et sur des appels de revalorisation salariale ».
Dans ce collège d’Eure-Et-Loir où il y avait une forte mobilisation, surtout la vie scolaire, peu sont en grève aujourd’hui. Ils ne se disent pas désabusés mais fatigués en cette fin d’année. « C’est pas évident de réussir à se mobiliser encore quand on voit concrètement les effets sur le bulletin de salaire et quand on a des représentants politiques sourds » déclare Fabrice CPE qui assure lui-aussi qu’il sera des futures grèves et manifestations. « Et si ils veulent vraiment rien lâcher, on leur fera payer en 2027. Le barrage, ce sera sans moi. Et je ne suis pas le seul ».
Lilia Ben Hamouda
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