Rapport de la CIIVISE : « Il est urgent d’agir contre les violences sexuelles sur mineur·es ! »
Créée en 2021 dans la suite de « Mee Too inceste », dirigée par le juge des enfants Edouard Durand et Nathalie Mathieu – directrice générale de l’association Docteurs Bru, la Commission Indépendante sur l’Inceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants (CIIVISE) sensibilise, dresse un état des lieux et établit des préconisations en matière de détection, prévention et protection.
Edouard Durand travaille aussi aux côtés d’Ernestine Ronai. Ils ont publié ensemble en 2021 : « Violences sexuelles, en finir avec l’impunité ».
Chaque année en France, 160.000 enfants sont victimes de violences sexuelles. 5,5 millions d’adultes ont été victimes dans leur enfance. Ces violences ont le plus souvent lieu dans le cadre familial. Ces chiffres permettent de sortir d’un déni collectif.
Ces violences sexuelles sur mineur-es ont un coût pour la société que la CIIVISE annonce être de minimum 9,7 milliards d’euros par an : « c’est ce que les agresseurs nous coûtent chaque année » déclare Edouard Durand.
3 milliards d’euros sont consacrés à l’accompagnement des victimes, à la mobilisation des services de police, de gendarmerie et de justice, à la prise en charge médicale immédiate.
6,7 milliards d’euros sont liés aux conséquences à long terme sur la santé mentale et physique des victimes, leur vie intime, sociale et professionnelle. Les victimes sont surreprésentées parmi les personnes au chômage ou bénéficiaires des minima sociaux. Ces conséquences sont souvent ignorées, sous-évaluées, incomprises malgré la multiplication des études scientifiques sur le sujet.
La CIIVISE préconise d’investir dans la détection et la prévention des violences ainsi que dans la sécurisation des victimes et de créer « un parcours de soins spécialisés du psycho-traumatisme » pour les victimes de violences sexuelles dans l’enfance qui seraient prises en charge par la solidarité nationale.
La protection de l’enfance, secteur en grande souffrance, est un secteur clé afin de mettre en sécurité les victimes et lutter contre la reproduction des violences subies. La CIIVISE estime que 40% des agresseurs ont subi des violences dans l’enfance.
Persiste un manque de formation des professionnel.les de santé relative aux mécanismes et conséquences liés aux violences sexuelles : « la grande majorité des professionnels de santé ne font pas le lien entre l’état de santé du patient et les violences subies des années auparavant » indique la CIIVISE.
Il est urgent que le gouvernement suive les recommandations émises par la CIIVISE et les associations comme Be Brave Movement et investisse dans des politiques publiques à la hauteur. Développer les services publics (petite enfance, éducation, protection de l’enfance, santé, sécurité, justice), lutter contre la pédo-criminalité et la culture du viol, former toute la chaîne de professionnel.les concerné.es sont nécessaires afin de construire une société en capacité, de façon égale sur l’ensemble du territoire, de protéger les enfants, d’accompagner, soigner, prendre en charge les victimes, et d’éduquer à des rapports sociaux dénués de violences et de domination.
Nous soutenons l’appel d’Edouard Durand pour que la CIIVISE « n’éteigne pas la lumière » au-delà du rendu du rapport final prévu à la fin de l’année et poursuivre ainsi son travail inédit et essentiel.
Parti communiste français,
Paris, le 12 juin 2023.
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