Le décret annulant 10 milliards de dépenses est paru ce matin au Journal officiel. Contrairement à ce qui a été annoncé, les ministères ne sont pas traités à égalité. L’Education nationale rend 692 millions, essentiellement des emplois. Ce sont 2620 postes d’enseignants qui disparaissent dans le 1er degré public, 1740 dans le second degré public et 1760 postes dans le privé.

Enfin l’équivalent de 4600 postes d’AED et AESH sont annulés. Il appartient maintenant à Nicole Belloubet et aux recteurs d’appliquer cette saignée dans les écoles et les établissements. Ces annulations de crédit rendent indispensable le report des réformes Attal.

11 000 emplois annulés au budget 2024

Le décret répartissant 10 milliards d’annulation de crédits est paru au Journal officiel du 22 février. “Tous les ministères contribueront à hauteur de ce qu’ils représentent dans le budget national” avait dit Bruno Le Maire en présentant son plan d’économie le 18 février. Finalement l’Education nationale paie son du avec 692 millions annulés dans son budget. Il faut y ajouter l’annulation de 500 millions du plan d’accompagnement à la transition écologique qui devrait affecter, dans une proportion qui reste à déterminer, le “plan vert” pour améliorer la qualité thermique des écoles.

Sur les 692 millions, 138 millions sont prélevés sur le 1er degré public dont 131 millions en “titre 2” c’est à dire en emplois. Ce sont 2620 emplois d’enseignants qui disparaissent. Dans le second degré public, 123 millions sont annulés dont 87 en titre 2, soit 1740 postes d’enseignants. La mission Vie de l’élève doit rendre 262 millions dont 164 en Titre 2. Ce sont environ 4600 postes d’AED et AESH qui disparaissent. Le privé est lui aussi touché avec 99 millions annulés dont 88 en titre 2, soit 1760 postes en moins. Enfin le “soutien” à l’éducation nationale doit rendre 61 millions. Mais ce ne sont pas des postes.

Une gestion d’amateurs

On notera d’abord la légèreté de la gestion de l’Éducation Nationale. Il y a deux mois, jour pour jour, Gabriel Attal, ministre de l’Education nationale annonçait la création de 2137 postes d’enseignants par rapport au budget 2024 prévu pour permettre l’application de ses réformes. Deux mois plus tard il en supprime plus du double.

Vers l’annulation des réformes Attal ?

Surtout, ces annulations de crédit touchent de plein fouet les réformes lancées par Gabriel Attal. La mise en place des groupes de niveau doit consommer près de 7000 postes. Le ministère pensait faire leur mise en place à 2300 postes. Ils viennent de s’envoler. La réforme du redoublement devrait aussi exiger des postes supplémentaires, même si elle est encadrée.

On attend les explications du ministère sur la mise en place de la mesure décidée par le gouvernement. Mais il est clair que les conditions sont là pour annoncer le report des réformes Attal , spécialement celle des groupes de niveau. On ne réforme pas à l’Education nationale en supprimant des moyens. Ou alors il faut accélérer des réformes structurelles comme nous l’évoquions le 19 février.

Des annulations anti-sociales

Tous les ministères n’ont pas à subir des annulations comme l’Éducation Nationale. La Défense aurait du rendre  750 millions. Elle n’en rend finalement que 105. L’Intérieur est aussi peu concerné. Sont particulièrement frappés l’aide au développement (742 millions), l’enseignement supérieur (904 millions annulés), l’écologie (2.2 milliards annulés dont 1 sur le plan climat – énergie), l’aide au logement (300 millions, le handicap (230 millions), les aides à l’emploi (1.1 milliard). Pour récupérer 10 milliards, le gouvernement tape sur le social dont l’Ecole. Ce n’est pas une surprise…

 

François Jarraud

 

Le décret

Le budget revu en décembre 2023

Vers des réformes de structure