Le Président de la République a renoué mercredi soir avec la tradition des vœux à la presse, abandonnée il y a quatre ans sous François Hollande. Un discours de 35 minutes sans conférence de presse, où les journalistes n’ont donc pas eu le droit à la parole.
Très critiqué par la profession pour la rareté de sa parole dans la presse française, alors qu’il n’a pas hésité à participer à l’affligeante émission de Cyril Hanouna, le 20 décembre dernier, Emmanuel Macron s’est d’abord livré à une défense de la liberté de la presse. « Ce n’est pas une liberté spéciale, elle est la plus haute expression de la liberté » a-t-il affirmé, avant de citer les journalistes tués ou emprisonnés à travers le monde pour avoir fait leur métier. Déminant le terrain de sa rencontre, vendredi, avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, Emmanuel Macron a réaffirmé son intention d’aborder le sujet de l’emprisonnement des journalistes en Turquie. « La France ne doit pas renoncer à dialoguer avec les régimes autoritaires » a fait valoir le président, avant de consacrer un long moment aux « fake-news », ces fausses nouvelles propagées sur internet. « Nous allons faire évoluer notre dispositif pour protéger la vie démocratique » a –t-il annoncé, annonçant un projet de loi pour renforcer le contrôle de l’information sur Internet.
Tout en réaffirmant son attachement au pluralisme de la presse, le président de la République a effleuré les difficultés économiques de la presse écrite, sans donner plus de détails sur ce qu’il nomme un « système médiatique en pleine recomposition ». Il a également évoqué « les conflits d’intérêts possibles entre actionnaires et rédactions », menaçant l’indépendance de la presse. Sans remettre en cause la concentration des médias, il faudrait simplement selon lui « réfléchir à un système de fondation entre actionnaires et rédactions » pour « institutionnaliser cette indépendance ».
Il a enfin confirmé un projet de loi sur l’audiovisuel public « avant la fin de l’année ». Après les propos insultants prêtés au chef de l’Etat contre le service public audiovisuel (« la honte de la République »), Emmanuel Macron a estimé hier qu’il « est un miroir tendu à la nation et doit viser l’excellence pour tous ». Les pistes du rapport confidentiel du ministère de la culture, que l’Humanité avait révélé le 13 novembre, laisse présager un immense plan d’austérité, qui pourrait fragiliser sérieusement le service public de l’information.
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