L’Humanité avait rencontré Maryse Wolinski en février 2016, à l’occasion de la sortie de « Fou d’Amour », un recueil de dessins de Georges Wolinski, dédié aux femmes. La veuve du dessinateur assassiné le 7 janvier, 2015, évoque avec une infinie tendresse, l’homme de sa vie.
La romancière et journaliste Maryse Wolinski, veuve du dessinateur Georges Wolinski tué dans l’attentat contre Charlie Hebdo, est décédée jeudi à l’âge de 78 ans, après avoir écrit trois livres poignants consacrés à son mari. « Les Editions du Seuil ont la grande tristesse de faire part de la disparition de Maryse Wolinski, à Paris, le 9 décembre », a indiqué la maison d’édition.
Née Maryse Bachère à Alger, originaire du Lot-et-Garonne, elle a été mariée pendant 43 ans avec le dessinateur tué en janvier 2015. Ils ont eu une fille, Elsa.
En 2020, alors en promotion de son livre « Au risque de la vie », elle indiquait sur le plateau de LCI souffrir d’un cancer des poumons.
Après une carrière dans la presse, en commençant par Sud-Ouest à Bordeaux et en passant par Le Journal du dimanche, Elle ou Le Monde-Dimanche, elle s’est consacrée à la littérature.
Romancière à part entière
« C’est en 1988 qu’elle s’impose comme romancière à part entière, avec Au diable Vauvert, son premier roman, paru chez Flammarion: l’intimité et le secret, la vie de famille, l’amour (ou le désamour) dans le couple, autant de thèmes qui formeront la matière de ses romans ultérieurs », souligne le Seuil dans un communiqué.
Après la mort de son mari, elle lui a consacré trois livres publiés par le Seuil, trois récits poignants: Chérie, je vais à Charlie (2016), Le goût de la belle vie (2018), et Au risque de la vie (2020).
L’élégance de son courage
Maryse Wolinski « fut aussi très attentive aux mouvements féministes et à la place des femmes dans la société », a rappelé la maison d’édition. Elle salue « l’élégance de son courage, l’obstination de sa pensée et des valeurs qui l’animaient ». Suivent des succès comme « Le Maître d’amour » (1992), « Lettre ouverte aux hommes qui n’ont rien compris aux femmes » (1993) ou « La Femme qui aimait les hommes » (1998).
Elle avait raconté que Wolinski n’était plus aussi heureux dans un journal qui avait perdu « l’ambiance rigolarde et fraternelle » de ses débuts. Elle déplorait par ailleurs que la sécurité n’ait pas été à la hauteur autour d’une rédaction régulièrement menacée pour ses critiques contre l’islam.
Au procès de cet attentat fin 2020 devant la cour d’assises spéciale de Paris, elle était partie civile. Mais avant l’ouverture des débats, elle avait affirmé que l’audience ne répondrait pas à ses questions sur « les dysfonctionnements » de la police et de l’antiterrorisme.
Le Seuil l’a décrite comme une « fine observatrice de la société et une militante « implacable de la liberté d’expression et des valeurs républicaines et démocratiques face à l’obscurantisme ». « Elle aura porté avec une profonde conviction et un grand engagement le projet de création d’une Maison du dessin de presse et du dessin satirique », selon son éditeur.
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