Artiste engagé, l’ancien chanteur du groupe toulousain Zebda a décidé de soutenir la candidature du communiste Fabien Roussel à l’élection présidentielle. Il nous dit pourquoi le PCF a toujours eu une place à part dans sa vie.
Pourquoi choisir de soutenir le candidat communiste à la présidentielle ?
Parce que les communistes sont des gens qui ont accompagné toute ma vie. Celle de mes parents d’abord dans la cité où ils vivaient. Les militants du PC étaient là pour le soutien scolaire ou pour nous proposer des loisirs lors de nos vacances d’été. Ils étaient aussi au quotidien un soutien moral pour mes parents. Puis, plus tard, avec Zebda, je ne vous dis pas le nombre de municipalités communistes, de festivals, d’associations qui nous ont permis de traverser la période la plus rude de notre épopée, en nous engageant toujours et en nous permettant de monter sur scène.
Avec les Motivé-e-s puis votre compagnonnage avec le PS, votre engagement était, disons, plus libertaire…
C’est vrai, mais je considère ces deux partis, socialiste et communiste, comme idéologiquement frères ou plutôt cousins. Il me plaît de croire qu’ils font partie de la famille de gauche, surtout localement où ils ont souvent avancé main dans la main. Comme ce fut le cas lors des élections municipales de 2001, à Toulouse, où les Motivé-e-s avaient fait liste commune avec eux au second tour, derrière François Simon, pour faire barrage à Philippe Douste-Blazy. On avait échoué de peu.
Mais vous gardez une dent contre le Parti socialiste…
Oui, ce qui m’a brisé avec le PS, et qui fut rédhibitoire, c’est la proposition de François Hollande, alors président de la République à propos de la déchéance de la nationalité, au moment des attentats terroristes. Déchéance qui s’adressait, sans le dire, aux Arabes et aux Noirs. C’était de la démagogie mortifère.
« Ce qui m’a brisé avec le PS, c’est la proposition de la déchéance de la nationalité, qui visait les Arabes et les noirs »
Que dites-vous à ceux qui vous reprochent de louvoyer politiquement, non pas de tomber, mais de changer la chemise ?
Donnez-moi leur nom que je ris un peu ! Trêve de plaisanterie, je me considère, avant toute chose, comme un compagnon de la gauche et je suis sensible à toutes les sensibilités progressistes, qui vont même jusqu’à l’ancienne Ligue communiste révolutionnaire (LCR), aujourd’hui nouveau parti anticapitaliste (NPA). Mais je n’ai jamais été encarté. Je me considère simplement comme un compagnon de route et non comme un militant, ce que je n’ai jamais été non plus.
Le PC c’est le nucléaire et le steack- frites, le côté franchouillard populiste ne vous dérange-t-il pas ?
Mais j’ai moi-même un côté franchouillard et populiste, comme j’ai aussi une sensibilité libertaire, je suis cette complexité-là !… J’aurais tout aussi bien pu soutenir La France insoumise (LFI), mais encore une fois je considère les socialistes, les communistes et les insoumis comme des mouvements frères qui ont plus de choses en commun que de différence.
En revanche, j‘ai toujours été gêné que l’écologie ne prenne pas assez en compte les classes populaires et je suis plus sensible à la misère sociale qu’aux progrès écologiques même si bien sûr l’urgence a sauvé la planète est plus palpable que jamais, je suis comme out un chacun tiraillé, mais il me semble qu’on en demande trop aux déclassés. Sur le nucléaire, je n’ai bien sûr pas d’expertise, mais l’idée qu’il faille en sortir par paliers ne me choque pas. Encore une fois je pense à la facture d’électricité insurmontable des plus fragiles.
La candidature de Fabien Roussel a peu de chance de décoller, pensez-vous qu’il est encore temps de réunir toutes les composantes de gauche ?
C’est bien mon idéal, un rassemblement de toutes les gauches, c’est une autre façon pour moi de vous répondre que j’appartiens à la grande famille progressiste, mais je sais malheureusement que ce ne sera pas le cas…