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La crise qui frappe à notre porte est une crise de l’accueil des réfugiés auxquels l’Union européenne ferme ses portes.

L’Europe est loin d’accueillir toute la misère du monde
Le nombre de migrants internationaux atteint aujourd’hui 258 millions de personnes, soit 3,2 % de la population mondiale contre 2,9 % en 1990 et 5 % au début du XXe siècle, époque où les migrants étaient surtout européens. Aujourd’hui, les Européens représentent encore 60 millions de migrants contre 36 millions d’Africains dont l’immense majorité se déplace à l’intérieur du continent africain. 68,8 millions de personnes ont quitté leur domicile sous la contrainte en 2017. La plupart n’ont pas passé les frontières du pays de départ ; ce sont des déplacés internes. Seulement 25 millions sont réellement des réfugiés (85 % « installés » dans des pays en voie de développement limitrophes de leur pays d’origine). L’Europe est loin d’accueillir toute la misère du monde. Elle n’y prend même pas sa part au prorata de sa richesse et de la responsabilité de certains de ses États dans les conflits et la captation des richesses naturelles de ces pays.

« On refuse les visas humanitaires à ceux qui fuient conflits, guerres et misère économique les laissant aux mains des passeurs et des trafiquants. »

Nous ne devons plus accepter que le continent européen soit le plus mortifère du monde pour les migrants, pas plus que le « deux poids, deux mesures » qui règne à nos frontières : 662 000 Ukrainiens accueillis à 85 % en Pologne avec des titres de travail en 2017, alors que seulement 539 000 réfugiés, toutes nationalités confondues, ont eu droit à une protection internationale dans l’UE. Et on refuse les visas humanitaires à ceux qui fuient conflits, guerres et misère économique, les laissant aux mains des passeurs et des trafiquants.
Nous devons donc être offensifs et ne pas laisser l’extrême droite continuer à gangrener les esprits.

Pour le respect des conventions internationales
Les conventions internationales doivent être la base de notre engagement. Nous devons faire des propositions concrètes pour :
• le sauvetage en mer,
• la délivrance de visas humanitaires au plus près des zones de tension,
• la refonte globale du règlement de Dublin en supprimant la notion de premier pays entrant,
• un accueil digne pour tous les migrants et réfugiés qui arrivent sur notre territoire,
• un accueil inconditionnel des mineurs et notamment des mineurs isolés,
• l’égalité des droits entre migrants et nationaux, notamment en matière salariale,
• l’interdiction du délit de solidarité.
Et, à plus long terme, pour :
• l’ouverture du statut de réfugiés à toutes celles et tous ceux qui sont contraints à l’exil forcé,
• le droit à la mobilité pour toutes et tous, quelle que soit sa nationalité (un tiers des habitants de la planète en bénéficie).
La liberté de circulation et l’égalité de tous les êtres humains en droits et en dignité, comme le dit si bien l’article 1er de la Déclaration universelle des droits de l’homme, doivent être au centre de tout projet politique d’émancipation. Ces valeurs donnent à voir une nouvelle relation aux autres pays du monde et à leurs habitants, faite de respect et de solidarité et non de rejet et de domination.

Marie-Christine Vergiat est députée au parlement européen, membre du groupe GUE-NGL.

Cause commune n°9 • janvier/février 2019