L’arrivée de la cinquième vague épidémique et du variant Omicron menace la bonne tenue de la campagne présidentielle, ses meetings, et les rencontres entre militants et citoyens.
Le Covid est un virus pour la démocratie. La crise sanitaire, gérée de manière autoritaire par un gouvernement qui aura mis le Parlement de côté dès qu’il en aura eu l’opportunité, menace désormais la bonne tenue de la campagne présidentielle. Face à la cinquième vague épidémique et à l’arrivée du variant Omicron, les grands rassemblements sont déjà remis en cause.
Le parti « Les Républicains » a ainsi annulé la tenue physique de ce qui devait être le premier grand rendez-vous de la candidate Valérie Pécresse, dimanche dernier: « C’était une question de responsabilité et de crédibilité, on ne pouvait pas prendre le risque de créer un cluster », détaille Daniel Fasquelle. Le trésorier du parti craint cependant que cette annulation « ne freine la dynamique de Valérie Pécresse, puisque c’était l’occasion de s’adresser enfin à l’ensemble des Français ».
Car ces réunions publiques ne sont pas seulement des moments de communion entre militants, elles sont aussi une importante vitrine médiatique permettant aux candidats de détailler leur projet, de présenter une équipe et de faire valoir ses forces. « Il serait scandaleux que la situation sanitaire empêche ces événements et le débat. Il faudrait que l’on puisse mener campagne quoi qu’il en soit », s’inquiète Ian Brossat, directeur de campagne du candidat communiste Fabien Roussel.
Les municipales et les régionales ont déjà été impactées
« Du point de vue démocratique, ce serait très problématique de se passer des meetings, la campagne ne peut pas se faire seulement avec les chaînes d’information et les réseaux sociaux », s’inquiète Stéphane Troussel, porte-parole d’Anne Hidalgo (PS). Cette dernière a pour le moment maintenu son premier meeting de campagne, à Perpignan, qui n’a réuni qu’un millier de personnes, quand celui de LR devait en concerner entre 5 000 et 10 000. Du côté d’Europe Écologie-les Verts, Yannick Jadot a maintenu sa réunion publique à Laon (Aisne), le 11 décembre. Mais les écologistes ont déjà pris en compte la probable perturbation de la campagne liée au Covid et prévoient des adaptations : « Nos événements sont conçus pour fonctionner soit en présentiel, soit en distanciel, si besoin », explique notamment la secrétaire nationale adjointe Sandra Regol.
« Il ne faut pas que le scénario des dernières campagnes se reproduise, alerte Ian Brossat (PCF). Les municipales et les régionales ont été marquées par une abstention record. Il y a besoin de retrouver de vraies campagnes électorales, avec des porte-à-porte, des discussions en direct avec les gens… » Pendant la campagne des régionales, au printemps dernier, la France insoumise avait multiplié les rendez-vous numériques (meetings en réalité augmentée, forums, discours, chats), que le parti envisage désormais comme un atout complémentaire plutôt qu’une substitution aux événements physiques. « Ces événements ne produisent pas la même catharsis » que les meetings, facteurs d’une « très grande force de contagion » et piliers de la stratégie de la FI , regrettait Jean-Luc Mélenchon en février dernier.
À ce jour, le gouvernement n’envisage pas de dispositif particulier pour garantir la bonne tenue d’une campagne équitable. Avec le prolongement du régime d’exception jusqu’à l’été prochain, l’exécutif et les préfets ont la main sur la gestion de la crise à laquelle le Parlement n’est plus associé. Si le Conseil constitutionnel promet de veiller à ce que de nouvelles mesures de freinage n’empêchent pas la tenue de la campagne, cette situation est problématique. « On a un président candidat qui peut décider un confinement, donc l’arrêt de la campagne, ou interdire les réunions publiques », redoute-t-on chez LR. Plusieurs partis demandent que l’organisation de la campagne, peu évoquée à l’occasion du vote de prolongation de l’état d’urgence, en octobre, fasse l’objet d’un débat au Parlement. « Mais les débats parlementaires ont déjà eu lieu, décline Prisca Thévenot, porte-parole de LaREM. Il y en a eu dix depuis le début de la crise et la dernière loi de vigilance sanitaire a été votée démocratiquement. »
« Cette manière de tout décider d’en haut n’est pas un gage d’efficacité et la présidentielle reste l’élection structurante de la vie politique », s’inquiète Ian Brossat. Des doutes qui concernent à la fois la lutte contre cette cinquième vague et les garanties sur l’exigence d’une organisation juste et équitable de la campagne présidentielle.
« Pas question de faire de meetings sans passe sanitaire », assurait Valérie Pécresse, le 2 décembre. Problème : selon le Conseil constitutionnel, le sésame ne peut être exigé « pour l’accès à des réunions et activités politiques, dans un souci de préservation de la vie démocratique ». En réalité, le passe sanitaire peut être demandé aux participants d’un meeting mais pas exigé. LaREM, le PS, EELV et le PCF veulent le demander, quand la FI et le RN, farouches opposants, décident de s’en passer. « Cette situation provoque un déséquilibre, c’est un vrai problème démocratique », s’inquiète d’ailleurs le député FI Bastien Lachaud.
En savoir plus sur Moissac Au Coeur
Subscribe to get the latest posts sent to your email.