La mort de Jean Teulé

L’écrivain Jean Teulé, auteur de « Fleur de tonnerre » ou « Crénom, Baudelaire! », est mort mardi à l’âge de 69 ans. Il vivait depuis 1998 avec sa compagne, l’actrice Miou-Miou.

AFP

Révélé d’abord par la bande dessinée, passé par la télévision (chroniqueur décalé pour Antenne 2 puis Canal+), Jean Teulé avait trouvé sa voie dans le roman populaire, notamment historique ou biographique, depuis « Rainbow pour Rimbaud » (1991).

Il rencontrait un beau succès populaire, comme en témoigne le lancement à 300.000 exemplaires en février de son dernier roman, « Azincourt par temps de pluie ».

« Je ne lis pas de romans. Je n’en lisais pas avant d’écrire, et je n’en lis toujours pas. (…) Je n’ai pas envie que ça me coupe les pattes, et de me dire: s’il y a des mecs qui écrivent comme ça, c’est pas la peine que je prenne un crayon », disait-il sur France Inter en 2019.

Fils de parents communistes, Jean Teulé nous avait adressé, il y a bien longtemps, en 1996, ses propres souvenirs de la Fête de l’Humanité. Un texte que nous reproduisons ici :

« Mes parents étant communistes et concierges à la mairie d’Arcueil, j’ai donc toujours connu la Fête de l’Huma. Quand j’étais môme, je voulais absolument avoir la carte du PC, et ça faisait rire le maire d’Arcueil, Marius Sidobre, lorsque je lui demandais à partir de quel âge on peut l’avoir! Plus tard, adolescent, je commençais alors à dessiner, et j’ai fait, quelques années durant, la décoration du stand d’Arcueil. Ensuite, j’ai pris d’autres directions, mais à la Fête, j’y suis toujours allé, non par attachement au communisme, mais pour mes parents, pour y retrouver mon enfance. Et lorsqu’il m’arrive de ne pouvoir y être, cela me manque.

J’ai une maison à la campagne. Mon voisin, Max Weinstein, est l’ancien directeur de l’imprimerie de «l’Huma». Tous les ans, Max me vend la vignette de la Fête, que je perds aussitôt, je la rachète donc systématiquement!.

Moi qui suis toujours pour inventer et tout bousculer, il est des domaines pour lesquels je suis resté très conservateur. La Fête de l’Huma ne doit pas être autre chose que la Fête de l’Huma. Il faut que ça sente la friture, les merguez, des décors peints à la main, des stands partout, des chanteurs partout. Si ça devenait plus moderne, plus dans l’air du temps, elle me plairait moins. En fait, je viens à la Fête par affection, parce que c’est ma famille. On m’a bercé au communisme, alors… J’y ai découvert un tas de chanteurs. Charles Trenet à l’espace Midi, les Garçons Bouchers avec qui je suis devenu ami, les Tambours du Bronx, James Brown, dont j’ai conservé un souvenir très «gras» du concert, à cause des bouteilles d’huile que les gens s’amusaient à jeter!.

J’aime bien, quand j’arrive là-dedans, sentir des odeurs, entendre des accents, voir des gens bigarrés, c’est de l’ordre de la madeleine de Proust. On assiste à des scènes quelquefois pathétiques. J’ai croisé ainsi Catherine Ribeiro qui dédicaçait ses disques dans un petit stand, c’était curieux de la voir toute seule dans son coin. On y voit des enfants, plein d’enfants, on entend des rires, J’aime bien ce brouhaha. Souvent il pleut. J’ai des souvenirs d’être rentré crotté. .

Dans cette fête, il y a quelque chose d’unique, qui tient peut-être au regard des gens. Je m’y sens bien, je retrouve ceux d’où je viens, ce doit être cela qui me plaît. »


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