Cuba « terroriste », la dernière crasse de Donald Trump

Renforcé par Trump, Cuba fait face à un blocus économique imposé par les Etats-Unis depuis 1962. Une sanction dévastatrice pour l'économie de l'île et une entrave aux droits du peuple cubain, particulièrement en cette période de pandémie. © AFP

Renforcé par Trump, Cuba fait face à un blocus économique imposé par les Etats-Unis depuis 1962. Une sanction dévastatrice pour l’économie de l’île et une entrave aux droits du peuple cubain, particulièrement en cette période de pandémie. © AFP

Lundi, le secrétaire d’État Mike Pompeo annonçait le retour de la Grande Île sur la liste dressée par Washington des « États soutenant le terrorisme ». Le but : durcir le régime de sanctions.

C’est l’ultime coup tordu de ­Donald Trump, à quelques jours de l’expiration de son mandat ; son cadeau de départ aux anticastristes de Floride, qui lui ont fourni des bataillons d’électeurs. Lundi soir, le secrétaire d’État Mike Pompeo annonçait le retour de Cuba sur la liste dressée par Washington des « États soutenant le terrorisme », dont l’île avait été retirée en 2015 par Barack Obama. « Avec cette mesure, nous allons envoyer un message clair : le régime de Castro doit mettre fin à son soutien au terrorisme international », a expliqué, arrogant, le chef de la diplomatie états-unienne.

Entraves aux aides économiques

La réintégration de Cuba dans cette liste, aux côtés de l’Iran, de la Corée du Nord et de la Syrie, implique des entraves aux aides économiques, l’interdiction faite aux institutions internationales d’y financer des projets, ainsi que des mesures de rétorsion fiscale et douanière contre les entreprises et les personnes y développant des activités.

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En fait, dans l’attirail des 130 mesures déployées par l’administration Trump pour durcir le blocus décrété par Washington le 7 février 1962, un pas supplémentaire avait déjà été franchi avec l’activation pour la première fois, en mai 2019, du titre III de la loi Helms-Burton, une clause qui ouvre la voie à des poursuites en justice contre les entreprises étrangères présentes à Cuba. Promulguée en 1996 sous la présidence de Bill Clinton après sa rédaction par des ­avocats de Bacardi, un producteur de rhum exilé aux États-Unis après sa nationalisation, cette loi tient, avec ce volet, les ­investisseurs étrangers pour des « trafiquants » susceptibles de tirer profit des biens ayant appartenu à des ressortissants américains (ou à des exilés cubains ayant acquis la nationalité américaine) et nationalisés par le gouvernement après la révolution de 1959.

Aucun assouplissement de l’embargo en vue

Ce brutal retour de Cuba dans la liste des États désignés par Washington comme des parrains du terrorisme laisse à l’administration Biden un legs épineux. Mais le président élu n’a jamais affiché l’intention de mettre un terme à la guerre économique, politique et stratégique livrée à la Grande Île. Pour lui, l’administration Trump « n’a rien fait pour promouvoir la démocratie et les droits de l’homme ; au contraire, la ­répression contre les Cubains par le régime s’est aggravée ». Son plan ? « Suivre une politique qui donne au peuple cubain le pouvoir de déterminer librement son propre avenir », sans la moindre concession aux autorités de La Havane. Biden, en réalité, ne fait pas mystère de sa « déception » quant aux conséquences de la politique de relative ouverture conduite par Barack Obama, qui avait effectué à La Havane, en 2016, une visite historique. Aucun assouplissement de l’embargo en vue, donc, mais plutôt des initiatives marginales, comme la réouverture du consulat américain à La Havane, le rétablissement des vols directs pour encourager les voyages touristiques et la levée des entraves aux envois de fonds des immigrés cubains à leurs familles.

À Cuba, ce dernier geste d’hostilité de Donald Trump suscite de sévères réactions. Le ministre des Affaires étrangères, Bruno Rodriguez, condamne une décision « hypocrite et cynique » relevant de « l’opportunisme politique ». Pour La Havane, les terroristes sont à rechercher du côté de Washington : les attentats perpétrés en territoire cubain sous parapluie états-unien auraient fait, au total, « 3 478 victimes décédées et 2 099 infirmes ».


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