Présidentielle 2022. Ces syndicalistes qui souhaitent une candidature communiste

Pour les signataires de l’appel, le parti mené par Fabien Roussel tire sa légitimité de sa présence sur le terrain, auprès des travailleurs. Comme ici, le 2 mars, avec les salariés de Suez, mobilisés contre l’OPA hostile de Veolia. Eric Tschaen/REA

Pour les signataires de l’appel, le parti mené par Fabien Roussel tire sa légitimité de sa présence sur le terrain, auprès des travailleurs. Comme ici, le 2 mars, avec les salariés de Suez, mobilisés contre l’OPA hostile de Veolia. Eric Tschaen/REA

Militantes et militants d’entreprise considèrent qu’un candidat du PCF mettrait l’affrontement de classe au cœur des débats de la campagne. Ils appellent ce parti à proposer un candidat pour le scrutin de 2022.

« Nous demandons au Parti communiste français de proposer une candidature à la prochaine élection présidentielle. » 58 militants et militantes d’entreprise ont lancé un appel, ce 22 mars, afin que le PCF désigne un candidat issu de ses rangs en 2022. Ils sont fonctionnaires pour 11 d’entre eux, salariés du public pour 27 autres, et 20 issus du privé, dans 15 secteurs professionnels, de l’agroalimentaire aux transports, en passant par la construction et les travailleurs sociaux.

L’enjeu, selon eux, est que « la défense et la promotion des droits du monde du travail soient au cœur de la campagne électorale ». « Il ne s’agit pas de délégation de pouvoir ou de lutte par procuration, mais d’un moyen de mobiliser l’ensemble de la population, de fédérer nos combats dans un projet cohérent », estiment les signataires du texte, principalement syndicalistes dans leur entreprise. « Nous voulons aussi pouvoir voter pour quelqu’un qui nous représentera réellement, parce qu’il ou elle est au quotidien présent-e sur le terrain, à nos côtés dans l’action. »

« De meilleures perspectives pour l’avenir »

« On sait mener les luttes, mais on arrive à une limite, explique ainsi Virginie Neumayer, agent de radioprotection à la centrale de Tricastin (EDF) et signataire de l’appel. Il faut que ce soient les partis qui prennent le relais dans le champ politique, pour construire un autre projet de société et un avenir à nos entreprises. Parmi les forces de gauche, c’est le PCF qui permet d’entrevoir de meilleures perspectives pour l’avenir », est persuadée cette syndicaliste CGT de l’énergie. L’appel met d’ailleurs l’accent sur le « patronat d’autant plus agressif qu’il est soutenu par le système politique ».

Autre raison du choix de Virginie Neumayer, « le PCF et ses représentants portent aussi la réindustrialisation du pays pour permettre sa reconstruction ». « Le repli sur soi des salariés est important. Mais si on s’en donne la peine, on peut le dépasser, gagner un certain dynamisme », prévient la syndicaliste.  

Fine connaissance de la vie sociale

Un constat partagé par David Plages, cheminot bordelais et autre signataire de l’appel : « Nous vivons un affrontement de classe en plein durcissement. » Le syndicaliste CGT de la SNCF ne parle pas seulement pour son entreprise. Il cite les exemples de Verallia, de Sanofi ou encore de la Papeterie de Bègles menacées de fermeture, et les luttes qui marquent la vie sociale du pays : « Les gilets jaunes, le combat féministe, le changement climatique, la réforme des retraites…  Je vois bien qui est au contact des salariés sur le terrain et qui vient donner des perspectives, explique David Plages. C’est le PCF. C’est cette connaissance fine du mouvement social qui m’amène à dire qu’il faut qu’on se retrouve. » « Je ne dis pas qu’il est le seul à le faire, nuance également le cheminot. Mais il est le seul à le faire sur le terrain. » 

Selon lui, les parlementaires communistes portent déjà des luttes à l’Assemblée, comme la réintégration de la restauration dans les TGV au sein de la SNCF. Virginie Neumayer comme David Plages estiment également qu’une candidature communiste servirait le rassemblement de la gauche. N’y voient-ils pas pour autant une contradiction, alors que la gauche paraît pour l’instant disqualifiée du second tour par les sondages ?

Ramener aux urnes des électeurs qui n’y vont plus

« En 2012, il y avait plusieurs candidatures à gauche, ce qui n’a pas empêché François Hollande d’arriver en tête au premier tour », balaie ainsi David Plages. Cette candidature communiste serait également, selon eux, une occasion de ramener aux urnes des électeurs qui n’y vont plus.

La veille, Fabien Roussel défendait le sens de sa candidature dans le JDD. « Il faut reprendre le pouvoir sur l’argent, mais pour ça il faut convaincre ceux qui souffrent de retourner aux urnes », soulignait le secrétaire national du PCF, pour qui « un rassemblement de petits, ça fait toujours un petit rassemblement ».

Mélenchon  cherche l’accord

Le 21 mars, sur France Inter, le candidat de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, lançait de son côté un nouvel appel aux communistes : « Je vous propose ma candidature, comme ça a été le cas en 2012 et en 2017. Je vous propose d’ouvrir la discussion sur le programme, ainsi qu’un accord préalable pour les législatives entre communistes et insoumis. » 

Mais, pour Fabien Roussel, « ça fait un moment qu’on ne s’est pas vus. Moi, je ne suis pas compliqué. Lui, si. J’ai cru comprendre qu’il n’acceptait pas que je puisse oser défendre nos propositions en 2022. Je le regrette et je lui demande de l’accepter sans en prendre ombrage ».


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