Écartés de la nouvelle direction, les députés Alexis Corbière, Raquel Garrido, François Ruffin et Clémentine Autain ont pris publiquement la parole pour dénoncer le verrouillage du mouvement par une poignée de proches de Jean-Luc Mélenchon.
À la France insoumise, la fronde s’amplifie. Figure historique du mouvement « gazeux », ancien du Parti de gauche, Alexis Corbière a vivement critiqué la composition de la nouvelle direction présentée le samedi 10 décembre lors d’une « assemblée représentative », et resserrée autour de fidèles de Jean-Luc Mélenchon, comme les députés Manuel Bompard, Mathilde Panot, Gabriel Amard, Bastien Lachaud, Antoine Léaument, ou encore Sophia Chikirou. « J’ai un radical désaccord avec le résultat, conséquence d’un processus qui ne joue pas collectif, n’associe pas assez les militants et n’intègre pas les différentes sensibilités de notre mouvement qui s’incarnent dans certaines personnalités », a déclaré Alexis Corbière au journal Le Monde. « Il y a dans le pays une puissante soif de démocratie, et elle existe évidemment aussi dans la FI, ajoute-t-il. Pour les militants, ne pas voter tout le temps est une chose, ne voter jamais en est une autre. »
« Les militants n’ont pas eu voix au chapitre »
Parmi les 21 personnes de la « coordination », on ne compte pas Clémentine Autain, François Ruffin, Alexis Corbière, Raquel Garrido ou encore Éric Coquerel. Autant de figures de la FI qui incarnent des idées différentes au sein du mouvement. « Au final, on se retrouve avec une direction qui choisit de bons exécutants et on exclut la possibilité que les militants puissent délibérer et que les figures populaires fassent entendre leurs voix », dénonce Raquel Garrido dans un entretien au Parisien. Pour François Ruffin, qui ne fait pas partie non plus du nouvel organigramme de direction de la FI, « c’est une évidence qu’on a écarté ceux qui étaient grognards, qui n’étaient pas toujours d’accord, qui n’étaient pas à l’unisson », a déclaré le député de la Somme sur RTL. « Après trois mois de travail à huis clos, et malgré des avancées, je constate que le repli et le verrouillage ont été assumés de façon brutale, a abondé dans Libération Clémentine Autain. Les militants n’ont pas eu voix au chapitre alors qu’ils devraient être les acteurs principaux du mouvement. La direction a été choisie par cooptation, ce qui favorise les courtisans et contribue à faire taire la critique. »
Avec la nuance qui le caractérise, Jean-Luc Mélenchon a répondu à l’interview de la députée insoumise dans le journal par un commentaire sur Facebook : « Toute la une pour nous salir ». Le fondateur du mouvement ne fait ici qu’ignorer une question qu’il s’entête à ne pas régler au moins depuis la création de la France insoumise, régulièrement critiquée pour son manque de démocratie interne.
Lola Ruscio
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