Apprentissage de la lecture : « l’obsession » de la méthode syllabique (FSU)

« Apprendre à lire, une pratique culturelle en classe », sous la direction de Paul Devin et Christine Passerieux (L’Atelier)

« Apprendre à lire, une pratique culturelle en classe », sous la direction de Paul Devin et Christine Passerieux (L’Atelier)

Cet ouvrage collectif, publié à l’initiative de la FSU, explique que l’entraînement syllabique ne pourrait qu’être un obstacle à l’ouverture aux pratiques culturelles essentielles de l’école, aux enjeux sociaux et politiques majeurs. Pourtant, les difficultés de lecture dont souffrent quantité d’élèves ne retiennent pas l’attention de ses auteurs.

Apprendre à lire. Une pratique culturelle en classe
Sous la direction de Paul Devin et Christine Passerieux
L’Atelier, 96 pages, 16 euros

Publié à l’initiative de l’Institut de recherche de la Fédération syndicale unitaire (FSU), et sous la direction de Paul Devin et de Christine Passerieux, cet ouvrage développe la thèse suivante : « L’obsession de l’entraînement syllabique et de l’augmentation de la fluence a fini par créer des repères de réussite qui renoncent aux véritables enjeux de l’apprentissage de la lecture. »

Vieil amalgame idéologique

Ainsi, puisque « déchiffrer n’est pas lire », la syllabique qui se contenterait de réduire l’activité de lecture à une simple accumulation mécanique de mots décodés ne pourrait qu’être un obstacle à l’ouverture aux pratiques culturelles essentielles de l’école, aux enjeux sociaux et politiques majeurs.

Jean-Michel Blanquer, qui a voulu promouvoir la syllabique, est donc particulièrement visé en tant qu’acteur d’une entreprise jugée dans le droit-fil des positions de la droite. Nous retrouvons là le vieil amalgame idéologique qui affuble la syllabique de couleurs politiques réactionnaires.

Les recherches ont beau démontrer qu’un déchiffrage habile, précis et rapide est incontournable pour accéder au désir de lire et à l’intelligence de l’écrit, cet amalgame absurde a encore des adeptes alors que, ni de droite ni de gauche, cette méthode est juste efficace.

En fin de l’année de CP, 50 % des élèves ne lisent pas plus de 18 mots en moyenne en une minute.

Curieusement, les difficultés de lecture dont souffrent quantité d’élèves ne retiennent pas l’attention de cet ouvrage. Une enquête récente qui porte sur un très vaste échantillon montre qu’en fin de l’année de CP concernée, 50 % des élèves ne lisent pas plus de 18 mots en moyenne en une minute. Quel peut être le devenir scolaire, intellectuel, culturel de ces élèves, à la tête d’un tel score ? Aucun écho de cette réalité dans l’ouvrage.

La culture de l’écrit au fondement même de l’école

Satisfaire les ambitions d’une réelle démocratisation scolaire jusqu’à 18 ans ne peut être envisagé que si les outils intellectuels fondamentaux que sont le savoir « lire et écrire » font l’objet d’une appropriation solide par tous les élèves.

La culture de l’écrit étant au fondement même de l’école, aucun contenu scolaire ne peut s’abstraire de ce savoir. Aussi, les conditions pédagogiques de son enseignement efficace réclament autre chose que ces visions réductrices d’une méthode sur laquelle se fonde l’accès à la culture savante.

Utiliser les neurosciences, un combat douteux

Comment prétendre critiquer le « guide orange » lorsque l’on écrit qu’il « s’appuie exclusivement sur les neurosciences » ? Curieuse affirmation adverbiale. Quiconque l’a ouvert a pu se rendre compte de la diversité disciplinaire importante des chercheurs cités en appui de ses analyses.

Utiliser les neurosciences et la politique antidémocratique de Blanquer pour dénoncer la syllabique relève d’un combat douteux qui risque d’empêcher les enfants des classes populaires de se familiariser avec les exigences intellectuelles de leur scolarité.


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