Nouveau pic historique dans l’histoire des mouvements sociaux, ce 7 mars a rassemblé 3,5 millions de manifestants et grévistes. Cette sixième journée de mobilisation se poursuit avec les grèves féministes du 8 mars et les débrayages décidés en assemblée générale dans les secteurs stratégiques.
Bien sûr, les superlatifs ont été convoqués par tous les leaders syndicaux pour exprimer l’ampleur de cette sixième journée de mobilisation pour obtenir le retrait du projet de réforme des retraites porté par le gouvernement. « Massif », « historique », « record »…
De même, des statistiques à sept chiffres ont été données pour tenter de dénombrer la vague sociale qui a déferlé au gré des plus de trois cents manifestations, grèves, réunions publiques, prises de contrôle de l’espace public et même danses revendicatives.
3,5 millions de mobilisés, 20% de manifestants en plus que le 31 janvier
Plus de trois millions de mobilisés, selon la CGT. « 20 % de manifestants en plus que lors de la journée du 31 janvier », souligne la CFDT. Mais ce qui rend le mieux compte de l’ampleur de ce 7 mars tient en ces constellations de points revendicatifs qui se sont allumés sur la carte de France tout au long de la journée nationale interprofessionnelle à l’appel des huit syndicats et organisations de jeunesse.
Ce 7 mars fut un grand voyage au cœur des 36 500 communes réfractaires. Petites, moyennes comme grandes. Belle-Île a vu 270 personnes manifester contre le recul de l’âge de départ de 62 ans à 64 ans. Ils et elles étaient 800 à Crest (Drôme) comme à Longwy (Meurthe-et-Moselle) ; 2 000 à Colmar (Haut-Rhin) ; 3 500 à Bagnols-sur-Cèze (Gard) ; 4 600 à Moulins (Allier) ; 5 000 à Tulles (Corrèze) ; 7 000 à Guéret (Creuse) ; 10 000 à Dieppe (Seine-Maritime) ; 15 000 à Pau (Pyrénées-Atlantiques), au moins le double à Clermont-Ferrand…
Ce grand tour a aussi fait étape aux Châtelets, à Trégueux (Côtes-d’Armor), d’où ne sont pas partis les camions des éboueurs en grève de l’agglomération de Saint-Brieuc. La zone d’activité de Coudray-Montceaux (Essonne) a connu des rassemblements sur ses ronds-points, ralentissant le flux de camions dans cette place forte de la logistique. Même sort pour la plateforme de Saint-Martin-de-Crau et de Vitrolles (Bouches-du-Rhône). Quant à Saint-Avold (Moselle), les automobilistes ont profité d’une opération péage gratuit.
Un agent sur 4 des services publics a débrayé, les boulangers et patissiers aussi
Dans cette France des beffrois et clochers en lutte, les opposants à la réforme, toujours plus majoritaires, se sont rencontrés, soutenus et ont additionné leurs voix pour tenter de faire sauter les bouchons d’oreille portés par la minorité présidentielle, renforcés de quelques supplétifs de droite.
L’État a bien dû admettre qu’un agent sur quatre de ses services avait débrayé. Ils n’étaient que 5 % le 16 février. Un agent sur dix de la fonction publique territoriale et hospitalière a fait de même, malgré les petits salaires et le pouvoir d’achat pour les premiers, les réquisitions de personnel, pour les seconds.
Le secteur privé a embrayé. Qu’ils soient rodés à la lutte sociale, comme chez Arkema, géant de la chimie où trois sites ont été mis complètement à l’arrêt. Ou nouveaux venus : tels les salariés de la boulangerie et de la pâtisserie, appelés par leur fédération CGT à faire la grève du pain pour faire reconnaître leurs conditions de travail pénibles. Et puisqu’il n’y a pas d’âge pour manifester, les organisations de jeunesse évoquent un grossissement de leurs cortèges et des établissements bloqués (400 lycées mobilisés selon la Fidl).
« Il faut peut-être ouvrir les volets de l’Élysée »
Noyée dans cette mobilisation générale, le Sénat, lieu des débats sur le projet de réforme, fait étriqué, presque anachronique, avec son CDI senior adopté la veille et ses premières discussions sur le cœur du projet : l’article 7 et ses deux années supplémentaires à trimer pour atteindre une pension même pas revalorisée.
Dès avant l’annonce par l’intersyndicale des nouvelles formes de mobilisations, les leaders des confédérations avaient conscience que la tempête sociale devrait souffler encore plus fort sur les lieux de pouvoir pour briser leur confinement démocratique.
« J’espère que les sénateurs ne font pas la sieste et entendront le peuple dans la rue, même s’ils ne sont pas élus par le peuple », sourit Philippe Martinez (CGT), se demandant : « Il faut peut-être ouvrir les volets de l’Élysée. »
Routiers, énergéticiens, agents des transports ou raffineurs : ces salariés des secteurs dits stratégiques sont prêts à maintenir le rapport de force ces prochains jours, en parallèle des grèves féministes du 8 mars.
Les rosie’s à Montauban (RDV à 16h00 au kiosque ce mercredi 8 mars)
À la RATP, l’offre de RER et métros sera toujours réduite ce mercredi. À la SNCF, un tiers des trains circuleront pour les TGV et TER. « La réforme ne passera pas », affirme la CGT énergie qui a pesé sur 20 000 mégawatts d’électricité ce mardi.
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