Une étude de l’Insee parue le 26 mars détaille la situation des 15 à 29 ans sans diplôme, de plus en plus marginalisés sur le marché du travail.
Les jeunes sont les premières victimes de l’impact économique de la crise sanitaire. Entre 2019 et 2020, la part des 15-29 ans à n’être ni en emploi, ni en études, ni en formation, également appelés Neet (pour « neither in employment nor in education or training »), qui comptait déjà 1,5 million de personnes en 2019, a augmenté de 1,1 point. Ils sont désormais 13,5 % de l’ensemble de cette classe d’âge, selon une étude de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) publiée le 26 mars.
Cette hausse est due en premier lieu à la baisse du nombre de jeunes qui travaillent. « Les chiffres montrent ce que l’on savait. La crise sanitaire a renforcé les difficultés d’entrée sur le marché du travail. Et, en période de crise, ce sont les jeunes, surtout quand ils sont sortis du système d’éducation sans diplôme ni formation, qui servent de variable d’ajustement », commente Antoine Dulin, en charge de la jeunesse au Conseil économique, social et environnemental.
Le déclin de la main-d’œuvre non qualifiée
Tous les Neet ne sont pas égaux. Leur proportion « croît fortement avec l’âge », souligne l’Insee. En 2019, ils étaient ainsi moins de 3 % avant 17 ans, en raison de la scolarité obligatoire, pour atteindre un jeune sur cinq entre 24 et 29 ans. Cette augmentation au fil des années traduit l’enracinement dans le chômage des jeunes non diplômés, qui ont de plus en plus de mal à entrer dans un monde du travail où la main-d’œuvre non qualifiée est en déclin. L’entrée plus rapide en emploi de ceux qui sortent d’études après 20 ans est une autre donnée qui illustre la mise à l’écart des non-diplômés.
Les chiffres révèlent aussi la plus grande difficulté des femmes à s’insérer. « Jusqu’à 21 ans, les femmes, plus fréquemment scolarisées, sont moins souvent Neet que les hommes », note l’Insee. En revanche, à partir de 22 ans, et malgré une scolarisation plus longue, les femmes sont plus nombreuses à appartenir à cette catégorie. Cette différence s’explique en grande partie par la naissance d’enfants, qui continue de les éloigner du marché du travail.
La chaîne de protection sociale a failli
Le gouvernement n’est pas resté inactif face à l’augmentation des difficultés d’insertion créées par la crise. Dans le cadre du plan « Un jeune, un emploi », un peu moins de 7 milliards d’euros ont été mis sur la table, en partie pour augmenter le nombre de bénéficiaires de la garantie jeunes, mais surtout pour aider les entreprises qui prennent des jeunes en apprentissage. « Mais ces dispositifs sont éparpillés. Ça crée un effet mille-feuille peu lisible, qui ne facilite pas l’accès au droit. Du coup, on pourra déjà s’estimer heureux si on atteint le chiffre de 200 000 garanties jeunes annoncées. On aurait mieux fait de travailler sur une aide globale », estime Antoine Dulin.
Centrées sur le seul accès à l’emploi, les aides laissent aussi de côté tous ceux, le plus souvent issus des classes populaires, qui, faute de soutien familial, n’ont plus rien pour vivre. « L’exécutif s’est engagé dans des mesures conjoncturelles importantes, mais qui passent à côté de la massification du problème. Il manque clairement un maillon dans la chaîne de protection sociale », souligne Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé-Pierre. Cette extrême précarité à l’entrée dans la vie active risque pourtant de fragiliser durablement les parcours de ceux qui sont déjà en bas de l’échelle sociale. Avec comme conséquences un enracinement dans la pauvreté et un accroissement des inégalités.
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