Manifestation du 1er mai : un observateur filme, la police réplique

Un bénévole de l’Observatoire parisien des libertés publiques a été pris pour cible par un brigadier casqué, lors du défilé du 1er-Mai.

La scène s’est produite à 15h58, selon la caméra d’un manifestant, présent lors de la journée de manifestation pour les droits des travailleurs, dans le cortège parisien. L’avancée des manifestants est alors arrêtée pendant de longues minutes par les manœuvres et bonds offensifs opérés par la police. Le cortège est coupé en deux et les forces de police, présentes en nombre, chargent sans raison apparente.

Jeter violemment au sol

C’est lors de l’une de ces attaques qu’un agent des Brigades de répression de l’action violente (BRAV), casque noir sur la tête et matraque télescopique à la main, fond sur un observateur, reconnaissable à sa caméra, son chasuble clair et son casque bleu, pour le jeter violemment au sol. La victime, Daniel Bouy, 62 ans, a pour seul tort d’exercer sa mission en tant que membre de l’Observatoire parisien des libertés publiques.

« On documente les manifestations, on produit des informations écrites et audiovisuelles de la manière la plus neutre possible », explique le bénévole. Le collectif, composé des sections parisiennes de la Ligue des droits de l’homme et du Syndicat des avocats de France, veille depuis deux ans au respect des droits humains lors des rassemblements et en rend compte dans des notes juridiques.

Si Daniel Bouy connaît l’animosité des forces de sécurité à l’égard de ceux qui les filment, il ne se doutait pas que le simple fait de filmer, depuis le cortège, les manœuvres en pleine rue, lui vaudrait d’être agressé. « On se présente à la hiérarchie autant qu’on peut. Avant le départ, les supérieurs nous avaient même donné leur accord et souhaité une bonne manif’», résume l’observateur.

Loi Sécurité globale

Sur la vidéo transmise à l’Humanité, le policier en question s’élance vers le porteur de la caméra avec un recul d’une dizaine de mètres. Pour Daniel Bouy, l’événement a une portée symbolique, « révélatrice de l’état du débat sur la loi Sécurité globale et sur le rôle de ceux qui filment la police ». Pour dénoncer la gravité des faits, il réfléchit à saisir la justice. « L’identité du fonctionnaire en question ne me préoccupe pas pour le moment, ajoute-t-il. Ce que je vois, c’est la pratique illégale d’un policier parmi d’autres, envers ceux qui les observent. »

Le rôle des observateurs citoyens est reconnu par les instances internationales, dont la Cour européenne des droits de l’homme, comme un contre-pouvoir, au même titre que celui des journalistes. Pourtant, en France, le nouveau schéma de maintien de l’ordre ne prend pas en compte leur spécificité. En 2019 à Toulouse, certains avaient été pris à partie, frappés et insultés par la police lors d’un rassemblement de gilets jaunes.

Paul Ricaud


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