HK : « Je suis palestinien »

Arrestation, dimanche, d'un Palestinien sur l'esplanade de la mosquée Al-Aqsa, à Jérusalem-Est. © Stringer/Anadolu Agency/AFP

Arrestation, dimanche, d’un Palestinien sur l’esplanade de la mosquée Al-Aqsa, à Jérusalem-Est. © Stringer/Anadolu Agency/AFP

Des voix pour la paix Des personnalités s’élèvent contre la colonisation et affirment leur solidarité avec le peuple palestinien. L’Humanité les accueille dans ses colonnes. Aujourd’hui : HK, auteur et interprète.

« De mon point de vue, les choses sont claires : je suis palestinien, parce que je suis français. Je défends la cause palestinienne, parce qu’enfant à l’école de notre République, on m’a enseigné que “les êtres humains naissaient libres et égaux en dignité et en droits”. Et mes professeurs insistaient souvent pour que l’on comprenne, mes camarades et moi, combien cette déclaration universelle des droits humains était importante aux yeux de la France, de son histoire et des valeurs qu’elle voulait incarner.

On y a cru, et moi je voudrais y croire encore… Je défends la vie des enfants et des civils quels qu’ils soient, partout sur cette Terre, parce que ma conscience me dit qu’il n’y a pas une vie qui peut valoir moins qu’une autre. Mon cœur est meurtri quand un enfant perd la vie suite à un bombardement ou une attaque militaire ou terroriste, quel que soit l’endroit sur cette Terre où cela arrive.

Ce que je dis ici devrait être la norme, le bon sens, l’humanité fondamentale qui nous anime… Mais alors pourquoi cela ne vaudrait-il plus dès lors qu’il s’agit de la Palestine et des Palestiniens ? Pourquoi est-il si difficile dans notre pays de dénoncer l’occupation, la colonisation et les crimes de guerre dès lors qu’ils sont le fait d’Israël ? Pourquoi Paris est-elle la seule grande capitale au monde où une manifestation de soutien à la Palestine a été interdite ?

Devra-t-on désormais changer nos manuels d’histoire ? Nous faudra-t-il désormais enseigner à nos enfants que notre pays ne peut plus être considéré comme un défenseur des droits humains ? Ni comme un des garants du droit international ? Devra-t-on leur apprendre qu’en réalité, notre pays comme tant d’autres se sent tenu par des liens et des alliances qu’il considère comme étant “indéfectibles” ?

Voilà donc le mot qui pourrait nous aider à comprendre l’incompréhensible : “indéfectible”. Entendez : “Quoi que fasse mon allié, quels que soient ses actes, ses déviances, ses infractions ou pire ses crimes, je continuerai à le défendre en toutes circonstances.”

Dans un monde normal, cette définition du lien “indéfectible” nous renverrait à la notion de complicité. Mais pour qu’il y ait complicité, il faudrait qu’il y ait condamnation, par un tribunal international, une instance suprême ou tout du moins une résolution de l’ONU… qui ne verra jamais le jour grâce à l’insupportable et irrémédiable veto des États-Unis, pays le plus puissant du monde et allié “indéfectible” lui aussi…

Voilà à quoi doivent faire face les Palestiniens et toutes celles et ceux qui les défendent à travers le monde : une déliquescence des valeurs, des repères et des règles, un monde sans foi ni loi, où tout vous est permis dès lors que vous avez les bons alliés.

Mais alors pourquoi les Palestiniens continuent-ils à se battre ? Posez-leur la question, et ils vous répondront sans aucun doute par les mots du grand poète : “Nous souffrons d’un mal incurable qui s’appelle l’espoir.” Et nous, pourquoi continuons-nous à nous battre à leur côté si ce n’est pour honorer le dernier vers du poème, quand la voix du peuple palestinien nous dit : “Merci de porter avec nous le fardeau de cet espoir.” Il y a une chanson qui a beaucoup compté pour moi : On lâche rien. Ce que peu de gens savent c’est que la première fois qu’on a scandé ce refrain avec mon ami Madjid, on était dans les ruelles de la vieille ville de Jérusalem. J’ai le cœur palestinien et aujourd’hui comme trop souvent mon cœur saigne, mais c’est un honneur pour moi que de combattre à ma façon, de là où je suis, pour continuer avec d’autres à entretenir cet invincible espoir.

“… Nous souffrons d’un mal incurable qui s’appelle l’espoir. Espoir de libération et d’indépendance. Espoir d’une vie normale où nous ne serons ni héros, ni victimes. Espoir de voir nos enfants aller sans danger à l’école. Espoir pour une femme enceinte de donner naissance à un bébé vivant, dans un hôpital, et pas à un enfant mort devant un poste de contrôle militaire. Espoir que nos poètes verront la beauté de la couleur rouge dans les roses plutôt que dans le sang. Espoir que cette terre retrouvera son nom original : terre d’amour et de paix. Merci pour porter avec nous le fardeau de cet espoir. (Mahmoud Darwich) »

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