Hautes-Pyrénées : des médecins salariés pour répondre au « désert médical » à Aureilhan

Julien, médecin originaire de Nantes, s'est installé au pied des Pyrénées, avec sa compagne, elle aussi médecin au centre de santé.
Julien, médecin originaire de Nantes, s’est installé au pied des Pyrénées, avec sa compagne, elle aussi médecin au centre de santé. NR LAURENT DARD – LAURENT DARD

Dans un département où la pénurie de praticiens se fait cruellement sentir, le premier centre de santé créé sur les Hautes-Pyrénées, répond à une demande de patients sans médecin, qui va croissante. 

« Si on n’avait pas cette offre, je ne sais pas ce que l’on ferait ». Betty et Francis sont patients du centre de santé d’Aureilhan dont la salle d’attente ne désemplit pas chaque jour depuis son ouverture il y a trois ans. André et Joëlle se disent « soulagés » d’avoir trouvé un médecin après avoir « couru tout le département ». « Il y a quelques années, nous avions 5 médecins sur la commune, progressivement ils sont partis à la retraite, expliquent le maire Yannick Boubée et son adjoint Christian Zytynski.

Nous nous sommes retrouvés avec un médecin et demi pour soigner 8.000 habitants. Nous étions partis sur une maison de santé pluriprofessionnelle avec des médecins libéraux mais l’appel à candidature n’a rien donné. Nous nous sommes rendu compte que la majorité des jeunes médecins préféraient être salariés. Nous avons commencé à ouvrir le centre avec deux premiers médecins vacataires proches de la retraite. Puis, en avril 2020, un premier médecin a été salarié à temps complet. À partir de là, grâce aux réseaux, d’autres médecins salariés sont venus renforcer le centre pour atteindre le nombre de cinq. »


Pourquoi cela a-t-il marché ? « Le médecin salarié est délesté des charges financières et des tâches administratives d’un cabinet libéral, qui sont assumées par le centre de santé et peut se concentrer sur « son cœur de métier » : soigner les patients » répond la directrice du centre de santé Angélique Guyonvarch. En proposant de meilleures conditions de travail (35 heures hebdomadaires, un samedi sur quatre de permanence, etc), la solution du centre de santé a permis d’attirer de jeunes praticiens, avec une moyenne d’âge de seulement 31 ans.

Quatre des cinq praticiens recrutés au centre de santé ne sont pas originaires de la région. Julien et Julie, un jeune couple de Nantais, sont venus faire un remplacement durant l’été 2020. « Au départ, nous ne connaissions pas du tout le fonctionnement et nous avons été séduits. Nous adorons les Pyrénées et nous avons finalement décidé de nous installer ici » témoignent-ils. Pour se donner un maximum de chances, la ville met aussi à disposition un appartement. En revanche, la recherche de médecins, même remplaçants, se heurte à la limite du manque d’emplois sur le bassin tarbais. « Un médecin de Toulouse a fait un remplacement durant quelques semaines mais son conjoint n’ayant pas trouvé de travail, elle n’a pas pu rester » témoigne la directrice. Le regroupement de plusieurs médecins au sein de la structure a favorisé « la cohésion d’équipe » : « à la pause méridienne, ils se retrouvent dans la salle de réunion commune pour échanger sur les patients » témoigne Yannick Boubée. Le projet médical « collectif » fait la part belle aux actions de prévention sur le diabète, le cancer, etc.

« Sans le centre de santé, 3800 patients n’auraient pas de médecin référent » souligne-t-il. À tel point que celui-ci est victime de son succès. « Nous refusons en moyenne une vingtaine de personnes par jour. Nous ne pouvons pas remédier au manque de médecins généralistes sur l’agglomération mais notre objectif serait de recruter un 6e médecin pour répondre davantage encore à la demande ».

Cyrille Marqué


En savoir plus sur Moissac Au Coeur

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

Donnez votre avis

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.