Sylia, victime de violence lors du meeting d’Éric Zemmour à Villepinte le 5 décembre 2021, est revenue sur cet événement au studio de l’Humanité. Elle appelle chaque citoyen et chaque citoyenne à se mobiliser contre le racisme, l’antisémitisme et le sexisme du candidat d’extrême droite à la présidentielle. L’un des agresseurs présumés des militants de SOS racisme, membre du groupuscule d’extrême droite « les Zouaves », Marc de Caqueray-Valmenier, a été interpellé mardi 14 décembre.
Pourquoi vous êtes-vous rendus au meeting de Zemmour à Villepinte ?
SYLIA Nous sommes une quinzaine de militants de SOS Racisme à nous être rendus au meeting, pour pouvoir faire entendre un message dissonant avec ce qui était proposé lors de cet événement par Éric Zemmour. Nous voulions faire entendre un message pacifique de lutte contre le racisme, en opposition au discours morbide, raciste, antisémite, sexiste d’Éric Zemmour.
Pouvez-vous rappeler ce qu’il s’est passé lors du meeting ?
SYLIA Nous portions tous un t-shirt, sur lequel était indiqué une lettre et qui, tous ensemble, permettaient de former la phrase « Non au racisme ». Après plusieurs heures au sein de ce meeting, nous avons attendu le moment juste: celui où Éric Zemmour prendrait la parole, pour nous lever sur nos chaises au fond de la salle, face aux caméras des différents journalistes, et exposer notre message « Non au racisme », en brandissant le poing, criant ce slogan. En quelques secondes, on s’est fait renverser et tabasser.
Vous attendiez-vous à une telle violence ?
SYLIA Quand la foule se déchaîne sur nous, on est effectivement très surpris, parce qu’on ne s’attendait pas à tant de violence. On s’attendait à être chahutés, emmenés manu militari en dehors de la salle, mais pas à autant de violence. Tout cela est très révélateur de l’ambiance qui régnait dans la salle du meeting ce jour-là, mais aussi des soutiens d’Éric Zemmour. On le voit sur les images, beaucoup des personnes qui nous frappent appartiennent aux Zouaves de Paris, un groupuscule d’extrême droite, quasi une milice. Mais on a reçu tellement de soutien, de messages, d’appels, de chocolats que ça nous permet aussi de nous rendre compte qu’on n’est pas seuls, et que nous avons envoyé un message très fort, qui peut, peut-être permettre de fédérer autour des mêmes valeurs, et pousser les gens à vouloir se mobiliser, justement pour défendre ces valeurs de paix, d’égalité, de justice, et de lutte contre le racisme.
Comment vous sentez-vous aujourd’hui ?
SYLIA Ça a été un peu dur, notamment quelques jours après, quand j’ai réalisé la violence à laquelle on avait été confrontés… Ce n’est pas quelque chose auquel je suis habituée. En ce qui me concerne, je n’ai pas eu d’ITT, ce qui est assez questionnant parce que j’ai une ouverture au crâne de 2 centimètres, j’ai des contusions sur les jambes, et il y a évidemment un traumatisme psychologique qui est à prendre en considération. Nous avons des camarades qui ont des ITT assez conséquentes, et nous avons tous porté plainte, car nous avons tous reçu des coups. Aujourd’hui, une enquête est en cours, et on attend des résultats très rapidement pour identifier nos agresseurs, puisque nous avons été agressés à la caméra et que l’on peut les reconnaître.
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