NDLR de MAC: nous ouvrons ici une rubrique « Le PCF en débat » à l’occasion du prochain congrès du PCF des 7,8 et 9 avril 2023. C’est ainsi que s’ouvre une période de débats en interne et en externe pour faire vivre la démocratie au sein de notre parti révolutionnaire et construire dans la continuité du 38ème congrès un PCF fort, combatif et non soumis à la social-démocratie. Nous l’avons vu, nous avons entendu au cours de la riche séquence électorale que nous venons de vivre (Européennes, Municipales, Départementales, Présidentielle et Législatives plus Sénatoriale) bien des renoncements, des replis, des fuites en avant… Il est temps que notre congrès et l’ensemble des communistes se réapproprient le devenir de leur parti.
par pam,
Patrice Leclerc, qui par parenthèse n’a pas parrainé Fabien Roussel, maire de Gennevilliers a publié le 8 juillet dernier une tribune sur la stratégie du PCF, intitulée “Nous avons des divergences sur le communisme du XXIe siècle”, relayée dans l’Humanité dès le 11 juillet. Au passage, Pierre Alain Millet souligne que l’huma n’avait pas consacré une seule ligne à la déclaration “A l’offensive” publiée le 27 juin par 132 militants dont Michèle Picard, la maire de Vénissieux, la plus grande ville communiste hors région parisienne. Cela confirme que Patrice Leclerc a raison, nous avons des divergences. Mais il faut constater que l’Humanité n’est pas le journal du débat sur ces divergences, mais un journal prenant parti le plus souvent contre l’opinion majoritaire des communistes. Ceux-ci doivent exiger que ce journal qui fut le leur, respecte leurs débats et publie donc l’appel “A l’offensive” signée de Michèle Picard à la même place que la tribune de Patrice Leclerc.
En attendant, il faut mener ce débat ailleurs que dans l’Humanité, ce site va y contribuer, parmi d’autres, dit le site PCF/ débat, le site histoire et societe relaye quelques textes. Histoire et société a renoncé à espérer quoi que ce soit de l’Humanité et de la totalité de la presse qui se réclame encore (surtout quand il y a des appels à contribution financière) des militants communistes mais qui pratique une censure totale, voire la diffamation contre ceux qu’elle a désignés comme “staliniens”, ce qui est une manière bien commode et bien digne des trotskistes qui tiennent désormais une bonne partie de l’appareil pour en fait ne donner la parole qu’aux soutiens de l’OTAN et du capital. Mais le futur congrès du PCF sera-t-il démocratique ou les “liquidateurs” une fois de plus par inertie, viol des choix collectifs et censure conduiront-ils le PCF à sa fin? Nous en sommes là… et cela dépend des communistes eux-mêmes. (note de Danielle Bleitrach pour histoire et société)
Commentaires de lecture de la tribune de Patrice Leclerc
Oui, la longue séquence électorale doit conduire à une réflexion stratégique comme nous y invite Patrice Leclerc.
- La séquence présidentielle et législative pourrait permettre de discuter à partir des faits de la stratégie et de la tactique du PCF pour chercher à ce que le courant communiste soit vraiment utile pour transformer le monde.
Mais première remarque, qu’est-ce que le “courant” communiste ? Pour nous, le communisme est un parti organisé, un parti d’action pour qui l’élection est d’abord un thermomètre et pas le cœur de son activité, un parti au service d’un large rassemblement populaire qui lui aussi se construit à partir des luttes. Dans ce rassemblement, le parti n’est pas un “courant” parmi d’autres, mais un outil nécessaire au monde du travail, l’outil pour affronter la guerre idéologique qu’impose toujours le capitalisme pour diviser, dévoyer, détourner justement ce mouvement populaire du seul but qui peut lui permettre de “transformer le monde”, la remise en cause du capitalisme, la construction d’une autre société.
Ensuite, Patrice Leclerc affirme qu’on peut se mettre d’accord sur des faits, sans avoir proposé aucune analyse des résultats de ces élections fondant ce qu’il appelle des faits. Aucune analyse des résultats factuels en voix, pourcentage, élus, ou même analyses politiques, sociologiques de ce que ces élections traduisent. Résultat, non, nous ne sommes pas d’accord sur ces faits. Ils sont une interprétation médiatique, peut-être dominante dans l’entourage de Patrice Leclerc, mais pas du tout fondée sur une “analyse concrète des situations concrètes”, et qu’il faut contester.
Des faits ? Non, nous avons une autre analyse des résultats !
- Que le danger préfasciste que nous décrivions pour obtenir une candidature unique de la gauche n’était pas une peur, mais une réalité au regard des résultats présidentiels et législatifs.
On ne sait pas qui est ce “nous” puisque la tribune est signée d’un maire souvent présenté “PCF” [1], mais que ce “nous” n’est évidemment pas le nous communiste, puisque les communistes avaient très majoritairement décidé, au contraire, que pour affronter l’abstention comme le vote d’extrême-droite, il fallait poser le premier jalon de la reconstruction d’un grand parti communiste et donc une candidature communiste.
Et l’analyse des résultats permet d’affirmer ce que l’observation des campagnes indiquait, la candidature Mélenchon qui représentait cette candidature unique possible et s’en est approchée en absorbant le plus gros de l’électorat de gauche, n’a en rien freiné ce danger pré-fasciste. Au contraire, la campagne de Mélenchon s’est progressivement concentrée sur le vote utile à gauche, délaissant et les abstentionnistes et le vote d’extrême-droite. La contribution de Mélenchon à la mise en scène de Zemmour dans deux débats télés a aidé la dédiabolisation de Marine Le Pen, préparant son succès. Pire, pour les législatives, le délire médiatique du “élisez-moi premier ministre” a contribué à effacer ce danger fasciste que toute analyse électorale sérieuse pouvait annoncer. Mais Mélenchon a concentré ses efforts pour imposer des candidats LFI dans les circonscriptions les plus à gauche [2], délaissant les circonscriptions à risque RN [3], laissant une grande part des militants de gauche surpris et désemparés devant le nombre de députés RN. Et il a ensuite continué à minimiser ce danger fasciste en laissant croire que l’important était d’avoir mis LREM en minorité et présentant le résultat comme un succès de la gauche, pourtant à son plus faible niveau historique après un mandat de droite…
- Que la Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale a changé les termes du débat public face au danger préfasciste et au gouvernement. Notre désunion à la présidentielle a permis à Macron, au RN et aux LR de faire dominer le débat sur la sécurité, l’islamophobie, le séparatisme. La NUPES, avec les Insoumis, les communistes, les socialistes, les verts et des personnalités du mouvement social a imposé un débat lors de ces législatives sur les vrais problèmes : salaires, emplois, logement, social. La diversion identitaire n’a pas été possible dans le débat mais pas disparue en six semaines après la présidentielle. Le danger préfasciste persiste.
Oui, le danger préfasciste persiste, il est même nettement renforcé par cette séquence électorale. Et non, comme l’a souvent dit Fabien Roussel, ce n’est pas la désunion de la gauche qui a laissé la place aux idées de droite, c’est sa faiblesse. Par contre, la question du pouvoir d’achat a bien été présente dans la campagne présidentielle, notamment grâce à la belle campagne des jours heureux, et la colère sur ces questions contre Macron a été au coeur du vote Mélenchon dans les quartiers populaires [4]. Mais cette colère n’a pas permis d’unir un peuple très divisé entre abstentionnistes, majoritaire chez les ouvriers, colère noire du RN, dominante dans les zones périphériques, et vote Mélenchon, dominant dans l’électorat historique de gauche des grandes agglomérations.
La Nupes n’a rien imposé en dehors du mythe délirant de Mélenchon premier ministre, qui a médiatiquement masqué au contraire le risque fasciste, et aggravant la division du peuple devant les exubérances mélenchonistes qui ne passent pas dans un électorat rejetant les joutes médiatiques oratoires et ce qui est perçu comme un “théâtre” loin du concret populaire.
- Que la candidature de Jean-Luc Mélenchon a rassemblé nettement plus au premier tour que la candidature communiste, socialiste et EELV et que c’est un vote réparti dans toutes les couches sociales qui rassemble particulièrement dans la jeunesse des quartiers populaires contrairement au vote pour le candidat communiste.
Oui, Mélenchon a pompé la gauche [5]. Mais non, au contraire, l’analyse des résultats électoraux montre l’incapacité du vote Mélenchon à unir le peuple, à progresser dans toutes les couches sociales. Dans plus de 40% des communes, Mélenchon fait moins en 2022 qu’en 2017 ! Ces résultats sont géographiquement très inégaux, les ouvriers l’ont rejeté, et son succès dans les quartiers populaires et leur jeunesse se fait là où la gauche historique faisait ses plus hauts scores. Et le fait principal que tout analyste devrait mettre en avant est que Mélenchon fait moins dans ces villes que Mitterrand. Au total, il absorbe la gauche en la réduisant à son plus bas niveau historique !
- Que s’il y a eu un phénomène de vote utile à gauche, il faut aussi voir qu’il n’y avait aucune hésitation entre plusieurs candidats dans le vote des jeunes et moins jeunes des quartiers populaires. Ils ont utilisé le bulletin Mélenchon pour se faire respecter, se donner de la force, agir contre toutes les stigmatisations et est le résultat du contenu de la campagne de Mélenchon.
Oui, dans certains quartiers, comme le mien aux Minguettes, beaucoup de jeunes (et de moins jeunes) ont cru que Mélenchon était la force pour combattre à la fois Macron et Le Pen. Pourtant, dans les bureaux de vote des Minguettes, il y a plus d’abstentionnistes que de votes Mélenchon ! Mais tout communiste devrait s’interroger sur les ravages de l’idéalisme de citoyens, jeunes ou moins jeunes, qui viennent voter une fois tous les cinq ans sans jamais s’engager dans les luttes sociales, et sans revenir voter quelques semaines plus tard aux législatives. Et que dire de ce “culte de la personnalité” qui mise tout sur un sauveur suprême qui passe bien à la télé en délaissant toute organisation locale et toute lutte ? Une force pour se faire respecter, nous dit Patrice Leclerc ? Un énorme idéalisme mortifère pour la gauche et qui affaiblit les quartiers populaires, devrait dire tout communiste !
- Qu’après la colère contre la division de la gauche aux présidentielles est venue l’espoir des électrices et électeurs de gauche de retrouver de la force grâce à leur union. Les candidatures non NUPES ont échoué quasiment partout face aux NUPES, y compris contre des personnalités implantées localement. Celui ou celle qui décevra l’aspiration à l’Union pour être plus fort en payera le prix politique durablement.
Oui, Mélenchon a réussi son OPA sur la gauche, et comme il le disait dans son “bilan raisonné de 1981 et de la présidence de François Mitterrand, quand l’union s’est imposée comme l’espoir populaire, celui qui s’en écarte est battu. Confirmation, mais Patrice Leclerc devrait justement aller au bout de cette comparaison. Car la force de ce formidable espoir de l’union de la gauche a produit quoi en 1981 ? en 1997 ? en 2017 ? A chaque fois, cet espoir s’enferme dans un électoralisme mortifère qui d’échec en échec affaiblit le monde du travail et les quartiers populaires ! Après 2017, où est passé cette force insoumise électorale dans les combats sociaux des années suivantes ? 7 Millions de voix Mélenchon, 3 Millions de grévistes du samedi au mieux ? Et le résultat, répétons-le, c’est le plus bas niveau de la gauche après un mandat de droite, moins de députés de gauche 2022 qu’en 2002 (voir les trois raisons du troisième échec de Jean- Luc Mélenchon) !
Faut-il donc continuer sur cette voie qui répète comme une farce l’union de la gauche ? Comment ne pas exploser de rire ou de colère devant ces dirigeants socialistes ou écologistes qui nous rejouent la pièce mitterrandienne ou holandienne de la gauche contre le système ? Ne faut-il pas s’inquiéter de cette Nupes blanchisseuse des trahisons socialistes ?
Les questions qui opposent les communistes
Patrice Leclerc sur cette base présentée comme des faits, mais dont la lecture critique montre que ce sont des erreurs de lecture de cette séquence électorale, identifie « quatre questions qui « opposent » les communistes :»
1/ La lutte contre l’extrême droite doit-elle se faire en partant du constat que « les électrices et électeurs du FN posent de vraies questions mais pas la bonne réponse et qui conduit à aller sur leur terrain : sécurité, immigration, violence, lutte contre l’islam »… ou cette lutte doit-elle se mener en développant les questions sociales, les luttes contre toutes les discriminations, la stigmatisation de l’extrême droite et de la haine de l’autre, en donnant espoir d’une alternative politique. Bref s’agit-il d’agir pour convaincre que ceux qui votent FN se trompent ou d’agir pour que celles et ceux qui ne votent pas, votent à gauche.
Vous excuserez le simplisme de cette présentation, mais elle permet de mettre le doigt sur une divergence fondamentale par exemple sur notre relation avec le Printemps Républicain qui trouvait bien la campagne du PCF et condamnait la campagne de Mélenchon. Stigmatise-t-on une partie du peuple de France en le qualifiant de « la fraction radicalisée des quartiers périphériques » ou comme une fraction du monde du travail et de la création, porteuse d’une diversité qui peut construire du commun avec le monde du travail sur tout le territoire.
Patrice Leclerc oppose ainsi l’action sur les questions « sécurité, immigration, violence ou islam », aux questions sociales. Notons d’abord qu’un communiste ne devrait pas accepter cette liste qui est sans fondement. Car quel lien entre sécurité et immigration ? sécurité et islam ? Admettons que Patrice Leclerc veut en fait dire qu’il ne faut pas répondre à la bataille idéologique de l’extrême-droite, qui elle relie ces sujets, et qu’il faut en quelque sorte la subvertir en imposant d’autres batailles idéologiques, sur les questions sociales.
C’est une grave erreur pour une raison fondamentale. L’extrême-droite n’a pas inventé ces sujets parce que ce serait son idéologie. Elle part bien d’un réel, vécu par des millions de gens dans les milieux populaires, pour poser les questions à sa manière, préparant ses réponses politiques. Mais ne pas reprendre le discours de l’extrême-droite ne doit surtout pas conduire à nier le réel vécu par les milieux populaires.
Or le réel vécu est bien marqué par les trafics et les violences, l’insécurité et les incivilités. C’est un fait tout aussi important que de dire que le réel est aussi marqué par la pauvreté, la précarité, les inégalités. Nier une partie du réel, c’est se “couper des masses” et c’est ce qu’a fait le parti communiste depuis des décennies, comme une large partie de la gauche. J’habite dans une grande barre de copropriété sociale aux Minguettes, marquée depuis des années par un “point de deal” qui détruit matériellement une allée, rend la vie invivable à plusieurs familles, et devant laquelle des groupes de jeunes attirés par l’argent facile narguent la police, les services publics, et même les techniciens des réseaux ou d’ascenseurs ? Faut-il dire à ces habitants qu’il ne faut pas reprendre les thèmes de l’extrême-droite ?
De même, le réel est bien marqué par l’immigration et l’islam, le nier alors même que la concurrence dans le travail, le logement fait rage dans les milieux populaires ? Que dire à une famille immigrée du Maghreb de deuxième génération qui voit un chantier de rénovation de son immeuble être presqu’entièrement réalisée par des immigrés récents de l’Est de l’Europe ? Que l’immigration est une chance pour la France ?
Et que dire aux musulmans qui font face à des pressions religieuses pour leur imposer un islam rigoriste et très politique ? Comment leur garantir leur liberté de culte, de conscience, de pratiques, comme à tous les autres, comme aux non croyants, comme aux femmes qui refusent la contrainte vestimentaire du regard d’un islam réactionnaire ? Que la laïcité est une idée d’extrême-droite ?
Construire du commun, une formule très mode, mais qui veut dire quoi ? que l’immigration est une originalité pour construire du commun ? Quelle expérience réelle font les habitants des quartiers populaires comme les Minguettes où des dizaines de logements sont squattés par des familles roumaines poursuivies depuis des années par l’état et coincés dans une situation de non droit ? Le “commun” dans ce réel, c’est la misère et la concurrence violente dans le peuple ! Faut-il dire que c’est normal qu’un grand quartier populaire soit une porte d’entrée pour les arrivants et que ceux qui s’en sortent mieux doivent en partir dès qu’ils peuvent, théorie de la ville populaire terre de transit ?
Non, l’opposition n’est pas celle que présente Patrice Leclerc entre une “tactique” reprenant les “questions” de l’extrême-droite et une autre les ignorant. Elle est dans l’effort ou le refus de prendre en compte le réel vécu des milieux populaires, même et surtout quand il est révélateur des concurrences dans le peuple qui sont le vécu concret de millions d’habitants. Faire croire que les “valeurs” humanistes, ou les bons sentiments des couches moyennes éduquées vont résoudre ce défi de la guerre dans le peuple est une impasse. Il faut relever le défi du droit à la tranquillité, de la bataille contre l’économie parallèle et les mafias, Il faut aussi unir le peuple dans une bataille contre les causes de l’immigration, les guerres et le développement inégal. Dans les deux cas, ce n’est pas en opposant les questions sociétales et sociales, au contraire, mais en les articulant, en en montrant la cohérence qui est dans la cause de toutes les difficultés vécues. C’est le capitalisme qui crée les concurrences dans le peuple. C’est contre lui qu’il faut l’unir. Voilà la réponse communiste à l’extrême-droite, sur toutes les questions, sociétales ou sociales !
2/ Quelle est notre utilité communiste devant l’enjeu climatique. Cela pose les questions de nos propositions et luttes contre le productivisme (produire moins et autrement), pour changer les rapports de productions, contre le capitalisme du désir consumériste pour développer une frugalité heureuse, et de nouveaux rapports de l’humanité au vivant.
Oui, il y a une opposition claire sur l’enjeu climatique. Patrice Leclerc reprend les thèses écologistes dominantes, dédouanant le capitalisme avec le productivisme et renvoyant les causes de l’impasse climatique sur les comportements en déviant les luttes vers l’acceptation de la frugalité heureuse du gourou réactionnaire Pierre Rahbi. Les communistes au contraire doivent inventer une autre société sortant du “capitalisme de la séduction”.
Non, le capitalisme n’est pas un productivisme. Il cesse de produire dès qu’il n’y a plus de profit, il détruit même. Il ne produit que pour le profit, c’est un “profitivisme” ! C’est très différent. Ce n’est pas la production qui est la cause des attaques contre la nature, de l’incapacité à décarboner rapidement l’électricité, c’est le profit, partout et toujours. C’est pour le profit dans l’affrontement entre US et Russie que l’Europe vient de relancer son électricité au charbon en refusant de prolonger les dernières centrales nucléaires allemandes. Un contresens total et scandaleux même pour ceux qui veulent sortir du nucléaire et qui souvent reprennent le dernier rapport du GIEC nous disant que “nous n’avons plus que trois ans”.
C’est pourquoi on ne peut inventer de nouveaux rapport au vivant sans inventer de nouveaux rapports sociaux, et donc sortir l’intérêt privé du pouvoir d’état, c’est à dire construire un pouvoir populaire, c’est à dire construire une société socialiste !
On ne peut le faire en expliquant au peuple que ce sont ses choix de consommation qui sont la cause des dérives du capitalisme. La frugalité heureuse est l’outil idéologique du capital pour faire accepter l’austérité contrainte. Elle masque les inégalités profondes dans les consommations et le fait que sans sortir du capitalisme, on pourra refuser l’avion aux familles immigrés qui veulent aller “au pays”, mais on ne pourra refuser les jets privés des premiers de cordées ! On pourra limiter la viande aux familles populaires dont beaucoup n’y avait que peu accès, mais on ne réduira aucune des gabegies des plus riches !
Les communistes ont une grande utilité dans le débat climatique, démontrer le vide et l’inefficacité des discours écologistes dominants, montrer l’impasse de l’accord de Paris et de la loi de transition énergétique pour une croissance verte du gouvernement PS-Verts de Hollande. Les communistes sont très utiles pour montrer que le discours dominant écologiste cache le système derrière les techniques, impose un débat sur des choix techniques pour ne pas mener le débat sur les choix politiques.
Cela les conduit à être très utiles pour montrer qu’un grand service public de l’énergie a besoin d’énergies pilotables décarbonées, donc du nucléaire dans l’état des techniques, pour construire les conditions du droit de tous à l’accès à une énergie décarbonée, propre et accessible.
3/ Le communisme est-il du capitalisme monopoliste d’état, une forme de keynésianisme qui fait du crédit bonifié un moyen de pilotage du capitalisme ou le mouvement réel qui remet en cause toutes les dominations, économiques, sociales, de genre, ainsi que sur la nature et qui agit pour l’appropriation sociale des moyens de production.
Sur ce point Patrice Leclerc a raison, le projet de société communiste ne peut pas être simplement un “capitalisme monopoliste d’état”, et donc ne peut seulement s’inspirer du programme des “jours heureux” de 1945. Il doit être redéfini à partir de la crise actuelle du capitalisme mondialisé et on peut par exemple ouvrir ce débat avec la contribution de notre camarade Jean-Claude Delaunay “rompre avec le capitalisme, construire le socialisme. Pour une part, c’est ce que Fabien Roussel a commencé à faire dans son “projet des jours heureux”, qui reprend une formule représentative de notre histoire et de la force potentielle du rassemblement populaire, mais en esquissant par exemple une autre conception des rapports sociaux et des droits des travailleurs.
Mais si le travail est immense pour engager réellement la remise en cause de toutes les dominations, les communistes sont en difficulté depuis qu’ils sont dominés par l’idée que le communisme était un “déja-là” qu’il suffisait de faire grandir, en masquant le caractère décisif du pouvoir de la bourgeoisie sur l’état. Car la question centrale pour remettre en cause les rapports sociaux en général, au travail comme dans la ville ou la consommation, c’est bien d’enlever l’état à la grande bourgeoisie et de construire un pouvoir “populaire”. Il faut aller au bout de la question de Patrice Leclerc sur l’appropriation sociale des moyens de production, il faut affirmer la nécessité de l’appropriation sociale de l’état et de ses moyens de coercition et donc l’expropriation de la grande bourgeoisie de l’état. Il faut donc bien une “révolution” et aucune élection ne suffira à la rendre possible, même si une élection peut en être un moment.
4/ Quelle place et rôle des communistes dans la NUPES comme mouvement pluraliste au service du peuple pour transformer le monde. Comment être utiles dans cet espace d’échanges, de débats et de luttes dans lequel nous pourrions développer en réflexion et en acte nos originalités communistes au service du mouvement réel de transformation sociale ?
Bien évidemment, si les communistes doivent proposer un véritable changement de société pour arracher l’état à la bourgeoisie, organiser un nouveau pouvoir populaire pour de nouveaux rapports sociaux engageant la sortie du capitalisme, alors ils ne peuvent exister ou même raisonner à travers la NUPES comme “mouvement pluraliste”. Nous avons déjà donné. L’union de la gauche construite dans des négociations d’appareils réduites aux enjeux électoraux est une impasse mortelle pour le mouvement populaire. Nous en avons fait la cruelle expérience historique avec un programme commun qui était pourtant beaucoup plus sérieux et construit qu’un programme de la NUPES qui n’est qu’une série d’accords électoraux bricolés entre partis deux à deux et même pas consolidés !
Comment être utile dans cet espace ? C’est impossible pour les communistes. Cet espace n’a existé que pour un accord électoral des législatives, un mauvais accord très en défaveur du parti communiste et entièrement au service du mouvement de Jean-Luc Mélenchon. Ce n’est pas un espace de luttes, le mouvement social a montré avec les gilets jaunes que le réel est plus fort que les accords d’appareils. L’urgence pour être utile au mouvement populaire, c’est de reconstruire un parti communiste d’action, de terrain. C’est la condition pour unir notre peuple qui n’a jamais été autant divisé, faire grandir un projet de société porteur de cette unité populaire en faisant grandir les consciences.
Oui, Patrice Leclerc a raison. Nous avons des divergences. Mais ses propositions sont une impasse qui enfermerait encore plus le mouvement social dans la division et le réformisme. Il ne tire aucune leçon de l’échec historique de l’union de la gauche et propose de recommencer. Les communistes auront l’occasion au contraire de s’appuyer sur les atouts et les limites de la campagne des jours heureux pour franchir de nouvelles étapes dans la reconstruction d’un grand parti communiste, capable d’impulser un mouvement populaire uni et organisé, délaissant les combinaisons politiciennes de la grande famille socialiste dont Mélenchon a pris la tête.
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