À l’occasion d’une journée à la mer organisée par les communistes du Nord, le secrétaire national de la formation, Fabien Roussel, a défendu « un fonds pour le climat et le pouvoir d’achat ».
L’« insouciance » est loin de refléter le quotidien des familles qui ont pu profiter jeudi, le temps d’une « journée à la mer solidaire », de la plage de Malo-les-Bains, à Dunkerque (Nord). Débarqués par milliers des cars affrétés dans tout le département du Nord par le PCF, ils sont nombreux à avoir dû se serrer la ceinture depuis des mois pour faire face à l’inflation. « C’est la deuxième année qu’on ne peut pas partir en vacances, c’est de plus en plus difficile, ne serait-ce que pour acheter à manger », raconte Amélie, qui a pris le bus tôt le matin depuis Saint-Amand-les-Eaux avec ses trois enfants. Pour la petite famille équipée d’un pique-nique, la journée est un bol d’air bien mérité.
C’est aussi l’occasion pour le secrétaire national du PCF de faire sa rentrée. Et cette année, le thème, déjà terrain de bataille à l’Assemblée avant la trêve estivale, est tout trouvé : le pouvoir d’achat. « Le président de la République ose nous dire que c’est “la fin de l’abondance et de l’insouciance” et qu’il faut “faire des efforts”. Mais dans quel pays vit-il, lui qui est de retour de son château de Brégançon avec jet-ski et piscine privée ? » lance Fabien Roussel depuis le palais des congrès Kursaal, où les vacanciers d’un jour sont accueillis par un petit pot.
Parmi eux, le discours d’Emmanuel Macron lors du Conseil des ministres, mercredi, ne passe pas mieux. « Des efforts ! ? On en fait déjà beaucoup. On travaille tous les deux avec mon mari, et on est obligés de faire de plus en plus de sacrifices, on veut nous priver du moindre petit plaisir », s’étrangle Anne-Sophie. Si pour cette maman de deux petites filles, une semaine de vacances en été était envisageable jusque-là, cette année elle a dû y renoncer.
Quant aux mesures votées par le Parlement en août avec le paquet sur le pouvoir d’achat, elles ne lèvent pas les inquiétudes. « On a une prime en septembre, c’est très bien. Mais après, comment on va faire ? » interroge Virginie, prête à rejoindre la mer avec ses jumeaux de 12 ans. Même eux ne connaissent pas vraiment la légèreté d’esprit à laquelle le chef de l’État appelle à renoncer : « C’est l’un de mes fils qui s’en est inquiété le premier quand il a vu que les 10 steaks hachés congelés sont passés de 5 à 9 euros… »
« L’insouciance que je veux dénoncer ce n’est pas celle des Français mais des super-riches qui continuent de vivre comme avant, voire mieux, alors que nous sommes en pleine crise », reprend Fabien Roussel. Il est venu avec le dernier classement Challenges sous le bras : « Après cinq années de présidence Macron, les 500 plus grandes fortunes ont augmenté de 75 % et dépassé les 1 000 milliards d’euros. » De quoi laisser songeur dans la salle, où Chantal explique qu’avec 1 200 euros de pension de retraite, entre ses charges et le soutien à son fils, elle a dû renoncer à la viande. « Avant, quand on faisait un plein de courses, c’était 50 à 80 euros, et maintenant c’est 120, 130, 150… » calcule, appuyée sur sa canne, son amie Thérèse.
Des mesures de « roussellement » contre la vie chère
Le risque, selon la responsable du PCF du Nord, Karine Trottein, c’est que « l’acceptation, la résignation gagnent du terrain ». « On en entend déjà, poursuit la communiste, qui se demandent si on va leur couper l’électricité cet hiver. » Alors, derrière son micro, Fabien Roussel fait feu de tout bois : « taxe sur les superprofits des grands groupes », « taxe antispéculation », « impôt de solidarité exceptionnel sur les grandes fortunes »… Autant de mesures de « roussellement » – soit l’inverse du ruissellement de Macron – que les parlementaires communistes défendront lors de l’examen du budget 2023 afin d’alimenter « un fonds pour le climat et le pouvoir d’achat ». « Nous proposons d’arracher au capital 50 milliards d’euros par an et que l’État et la Banque centrale européenne en mettent autant : ça fait 150 milliards. Voilà comment nous nous donnerons les moyens de répondre à nos besoins », martèle le député. Et alors que les prix du carburant continuent d’entamer le pouvoir d’achat, le député du Nord propose, pour allier justice sociale et climatique, « une carte de transport donnant accès gratuitement aux réseaux TER, de métro, de bus propres en France ainsi qu’à dix trajets gratuits en TGV ».
Augmentation du Smic, des salaires et des pensions figure aussi en bonne place des revendications affirmées ce jeudi. « Nous, Parti communiste, avec les autres forces de gauche et écologiste et les organisations syndicales, nous appellerons à la mobilisation jusqu’à ce que le gouvernement entende notre soif de justice, de progrès et de Jours heureux », assure Fabien Roussel, qui lancera à nouveau le message à l’université d’été du PCF ce week-end à Strasbourg. En perspective, les journées d’action syndicale des 22 et 29 septembre, mais aussi la « marche contre la vie chère » prévue début octobre et que du côté du PCF on espère « la plus large possible ». Il faudra bien ça pour ramener Emmanuel Macron à la réalité.
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