Russie : face à Poutine, le candidat communiste prône la fin du capitalisme

L’élection présidentielle débute vendredi pour s’achever ce dimanche. Imposition progressive, baisse de l’âge de départ à la retraite, nationalisations, Nikolaï Kharitonov, désigné par le Parti communiste russe (KPRF), entend faire de son parti la deuxième force politique du pays, en défendant un véritable programme social.

Moscou (Russie), envoyé spécial.

À 24 heures du scrutin, les habitants de la capitale apprécient le soleil qui semble lancer la période de dégel. En attendant, des immenses affiches en faveur du président russe se dressent sur les principales artères de la ville avec le slogan : « Russie, Poutine, 2024 ».

Avec la mise en place du vote en ligne, qui a déjà été utilisé par 4,9 millions de personnes (sur 110 millions d’inscrits), les Russes vont lancer, dès vendredi et jusqu’à dimanche, le premier tour de la présidentielle. « Le suspense existe. Il s’agit de savoir qui arrivera en deuxième position derrière Vladimir Vladimirovitch (Poutine – NDLR), parmi Nikolaï Kharitonov (KPRF, Parti communiste), Leonid Sloutski (LDPR, parti ultranationaliste) et Vladislav Davankov (parti du Nouveau Peuple) », sourit Volodia, croisée dans les rues moscovites.

Poutine crédité de 80 % de voix

Les soldats engagés en Ukraine, ainsi que les citoyens se trouvant dans les zones occupées et dans les régions reculées de l’Extrême-Orient russe et du Nord proche de l’Arctique ont commencé à voter depuis le 25 février. À Moscou, les bureaux de vote, le métro ou les espaces publicitaires sont ornés de la même formule : « Ensemble nous sommes forts – Votons pour la Russie ! », avec un « V » aux couleurs tricolores – blanc, bleu, rouge – du drapeau national.

Lire aussi: Ziouganov et Kharitonov rencontrent les militants moscovites et participent à la campagne “Les Rouges sont dans la ville”.

Après 2000, 2004, 2012 et 2018, le président sortant, Vladimir Poutine, devrait être élu dès le premier tour. Selon trois instituts officiels de sondage russe – VTsIOM, FOM, Insomar –, le dirigeant est crédité d’un pourcentage compris entre 80 % et 82 % des voix, avec un taux de participation qui tournerait autour de 70 %. Le directeur général de VTsIOM, Valery Fedorov, a toutefois précisé qu’il ne s’agissait pas d’enquête ni de prévision, mais « d’un calcul compilé sur la base de données électorales ». Les autres candidats obtiendraient, eux, entre 5 % et 6 %.

Un programme anticapitaliste

Est-ce que Nikolaï Kharitonov, désigné en décembre, et le Parti communiste de la Fédération de Russie (KPRF) pourraient perdre la deuxième place ? « Ce serait une catastrophe pour notre formation. Mais je reste confiant. Les dernières semaines de campagne et une forte participation devraient nous être favorables », analyse un député communiste.

À 75 ans, l’ancien agronome originaire de Novossibirsk a déjà participé à la présidentielle de 2004 où il avait obtenu la seconde place (13,69 %) derrière Vladimir Poutine (71,3,1 %). Le score de Nikolaï Kharitonov pourrait, aujourd’hui, ne pas dépasser les 10 %, ce qui serait une première pour le KPRF depuis la chute de l’URSS, en 1991.

Le KPRF et son candidat veulent se distinguer grâce à un programme social et économique offensif intitulé : « Victoire ». Imposition progressive, relance industrielle, nationalisation des secteurs stratégiques, planification socio-économique, baisse de l’âge de départ à la retraite à 55 ans pour les femmes et à 60 ans pour les hommes, hausse du salaire minimum à 35 000 roubles (350 euros) et des pensions sont les mesures que défend Nikolaï Kharitonov.

Il promet : « Nous avons joué au capitalisme et ça suffit. » Cela suffira-t-il pour celui qui dispose du grade de colonel du FSB ? En 2018, avec un programme similaire, le dirigeant du sovkhoze Lénine, Pavel Groudinine, avait atteint les 11,8 % des suffrages, devancé par le président russe (76,7 %). Depuis 2022, le député Nikolaï Kharitonov, qui dirige à la Douma (l’Assemblée russe) le Comité pour le développement de l’Extrême-Orient et de l’Arctique, se retrouve personnellement soumis aux sanctions américaines et européennes après l’invasion de l’Ukraine.

 


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